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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Champfleury: Les Images satiriques sous la Ligue
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0246

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LES IMAGES SATIRIQUES

SOUS LA LIGUE

lu s j'entre dans l'étude du passé à l'aide des images populaires, et plus je me
jp ^O^iS sens ramené vers les calmes régions où l'histoire prononce son verdict

3n /SEfr^Til Vr^K impartial sur les actes des rois et des princes : les pamphlets et les images

exprimant la fureur et les calomnies des partis ont pour privilège de
reporter vers les récits que nous ont laissés des temps troublés les écrivains
poussés par la recherche de la vérité.

On risque trop gros jeu à juger légèrement ces servants de la poli-
tique qui, endossant les passions d'une époque, et résumant au point de
vue légendaire les crimes de leur temps, nous apparaissent vêtus d'une
robe sanglante de Nessus. Qui dit Catherine de Médicis entend le glas
des cloches de la Saint-Barthélemy. H faut cependant se reporter aux époques où le sang cou-
lait facilement, où le mot massacre n'inspirait pas les mêmes sentiments d'horreur qu'aujoiir-
d'hui, où, malgré un certain poli des mœurs, les inflexibles cruaLités des temps précédents
n'étaient effacées qu'à la surface. Il faut songer au lieu de naissance de la reine, à sa nature
italienne, atix complications dans lesquelles elle se trotiva plongée, à l'esprit des principaux per-
sonnages de la cour, atix tendances de la noblesse de province, à la poussée que le peuple impri-
mait à la volonté royale; et alors, sans innocenter Catherine, on jugera plus sainement, je crois, son
action politique, alors que les défenseurs du trône étaient peut-être aussi dangereux qtie ses adver-
saires.

Les persécutions qui furent ordonnées contre les protestants, les édits contradictoires qui tolé-
raient ou perséctitaient les réformés, les nombretises guerres civiles à l'intérieur, les stipplices,
l'intervention de Philippe II en France contre les « hérétiques, » le libre examen voué aux
flammes du bûcher, n'ont pas prédisposé les calvinistes en faveur de Catherine de Médicis; aussi se
sont-ils servis le plus souvent de l'arme du. pamphlet pour peindre la femme et la rendre mépri-
sable. Il en est des pamphlets comme des caricatures : ce sont des miroirs grossissants, convexes,
et qui ne sont pas absolument exacts. On peut s'en servir, à la condition de les redresser, ne pas
trop se fier aux détails qu'ils mettent en pleine lumière, et prendre garde surtotit au développement
des verrues du modèle.

Après les exécutions qui suivirent l'avortement de la conspiration d'Amboise, le pape, voulant en
témoigner sa reconnaissance au cardinal de Lorraine, lui envoya, dit-on, avec une lettre de congratu-
lation, un tableau de Michel-Ange représentant la Vierge tenant son fils dans ses bras. Mais il arriva
que le courrier, porteur de ce message, tomba malade en route et chargea de sa commission un jeune
marchand mcquois, qui se disait catholique et de la maison de cardinal de Lorraine, auprès duquel
il retournait. Ce Lucquois, arrivé à Paris, fit faire à un peintre un tableau de même grandeur que
celui envoyé par le pape, mais d'une piété moins grande. Le cardinal de Lorraine, la reine sa
nièce, la reine-mère et la duchesse de Guise « estoient peints au vif, nuds, ayant les bras au. col
et les jambes entrelacées l'un avec l'autre. » Ce nouveau tableau, ayant été soigneusement empa-
queté dans l'enveloppe dLi Michel-Ange, fut envoyé, avec les lettres du pape, au cardinal qui était
alors en conseil. Le cardinal de Lorraine lut d'abord les lettres de Sa Sainteté et remit au lende-
 
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