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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Exhibition des oeuvres de Barye
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0060

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EXPOSITION

DES

OEUVRES DE BARYE

E io septembre, à 2 heures, les membres du comité se sont rendus
chez M""' Barye pour s'entendre avec elle sur les mesures à prendre
en vue de l'exposition projetée, et pour se faire, par la vue des objets
qui doivent y figurer, une idée à peu près exacte de la place qui devra
être réservée à chacune des catégories. Cette précaution était d'autant
plus nécessaire que les amis mêmes de Barye ne connaissaient qu'une
faible partie de ses œuvres.

Ce travailleur infatigable, qui, la veille de sa mort, se reprochait
de n'avoir pas assez travaillé, cet artiste plein de conscience, qui ne laissait rien au hasard de
l'inspiration, et qui ne modelait pas un membre d'animal sans en vérifier scrupuleusement et mathé-
matiquement les proportions, laisse une multitude de bronzes dont la plupart sont des chefs-d'œuvre
et qu'on ne peut voir sans se demander où il a pu trouver le temps et la force nécessaires pour une
pareille production. Quelques-uns, les principaux, sont connus des amateurs, les autres sont parfai-
tement ignorés. Quant au public, j'entends celui qui, sans s'occuper spécialement des arts, leur porte
cependant un certain intérêt et qui se fait un devoir de suivre les expositions, celui-là, chose triste à
dire! ne soupçonne même pas l'immensité de l'œuvre accompli par le grand artiste que la France vient
de perdre. Demandez à un des hommes qui composent ce public ce que c'est que Barye, il vous dira
que Barye était un habile sculpteur qui a fait d'admirables animaux tels que le Lion au serpent, le
Lion au repos. Insistez et vous reconnaîtrez qu'en somme, sans l'avouer et sans trop savoir
pourquoi, par ignorance et par habitude, l'opinion de ce public confine Barye dans un genre inférieur,
et que, si dans ce genre même il n'a pas la popularité qui lui semblerait due, c'est qu'il a négligé une
condition essentielle, la recherche du joli, de ce qui plaît à la foule.

En réalité, Barye, connu presque uniquement comme animalier, était par cela même relégué au
second rang par tous ceux qui jugent du mérite dés œuvres artistiques par le choix du sujet, et qui,
sous prétexte que la figure humaine est la plus noble de toutes, trouvent tout naturel de préférer une
académie quelconque au Sanglier du Musée de Florence. Cette catégorie constitue déjà une bonne
partie du public ; et il n'y a pas bien longtemps que cette manière de comprendre et d'apprécier l'art
avait des représentants jusqu'au sein de l'Institut.

D'autres, doués d'une logique non moins rigoureuse, mais plus démonstrative, ont pour mesurer
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