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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Leroi, Paul: La Ville de Lille et le Grand Prix de Rome
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0113

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LA VILLE DE LILLE

ET

LE GRAND PRIX DE ROME

LE DON DE M™ JULES CASTELEYN

n sait combien le dernier concours pour le prix de Rome a été
médiocre. Le lauréat, M. Léon Comerre, avait rencontré au Salon,
avec sa Cassandre, un échec qui eût été absolu si un portrait d'homme
exposé sous le n° 495 ne s'était chargé de le tempérer et de faire
naître l'espoir que le jeune artiste finira par s'affranchir de la déplo-
rable influence exercée sur son talent par l'enseignement de M. Ca-
banel. Cette appréciation a été celle des critiques le plus disposés à
l'indulgence.

M. Comerre est né à Trélon, dans le département du Nord, et
c'est à Lille qu'il a fait ses premières études artistiques. Se mépre-
nant complètement sur le degré d'honneur que le peu brillant effort du nouveau prix de Rome
faisait rejaillir sur la ville et sur ses écoles, mais animés des plus louables intentions, quelques amis
des arts projetèrent l'organisation, à Lille, d'une fête ayant pour objet de célébrer le succès de
M. Comerre, d'exciter l'amour-propre de ses camarades et de démontrer combien la municipalité est
fière des triomphes remportés par les élèves sortis de ses écoles. A la suite d'une séance dans laquelle
le maire eût remis une médaille d'or au lauréat, aurait eu lieu un banquet dont le jeune Comerre eût
été le héros; toutes les autorités, les professeurs, ceux de ses camarades qui ont obtenu des succès,
l'auraient entouré ainsi que tous les artistes du Nord conviés à cette solennité artistique.

L'initiative d'une pareille manifestation émane évidemment d'un excellent mouvement qui n'a que
le défaut d'avoir été peu réfléchi. Le Conseil municipal l'a bien compris et son vote unanime a repoussé
la demande de crédit pour la fête, mais a décidé de faire à M. Comerre l'honneur de lui présenter, au
nom de la ville, une médaille d'or d'une valeur de cinq cents francs, solution parfaite en tous points et
qu'il faut espérer voir à l'avenir être la règle en pareil cas.

La médaille est un juste témoignage d'estime et'de haute satisfaction, c'est surtout un encourage-
ment à progresser et à se rendre digne de récompenses nouvelles. Le Conseil s'est tenu dans les sages
limites dont il est désirable que l'on ne s'écarte jamais pour les prix de Rome. Quiconque a suivi l'insti-
tution depuis ses débuts jusqu'à ce jour, quiconque a étudié la série de tableaux qui ont remporté ce
prix, sait à quoi s'en tenir sur les déceptions profondes engendrées par la suite de la carrière d'un grand
nombre de lauréats. Que de noms tombés dans l'oubli le plus mérité!

Il ne faut pas qu'une aussi décevante expérience puisse être perdue; les municipalités ne font
que leur devoir en s'abstenant de démonstrations enthousiastes propres à tourner la tète à
des jeunes gens dont l'avenir artistique est encore fort douteux; elles leur doivent des encou-
ragements qui les stimulent, tout en leur prouvant qu'on ne les considère encore que comme
des espérances : elles ne leur doivent absolument rien de plus, sous peine de contribuer à les
égarer; elles ont à employer plus utilement le budget communal qu'à des agapes qui relèvent
uniquement de l'intimité de quelques camarades du lauréat, et, sous ce rapport, le Conseil municipal
de Lille mérite d'être cité en exemple ; nul n'a plus à cœur le développement du culte des arts
parmi ses administrés ; il le prouve non par des discours, mais par des actes, ce qui vaut infiniment
mieux. Le meilleur de tous les juges en la matière, le plus compétent sans contredit est l'éminent
 
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