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L'ART.
Revue des Deux Mondes, du 15 avril 1869. Une des plus ingé-
nieuses est celle de Tristan et Isolde, peut-être la création la
plus difficile à comprendre qu'ait produite Richard Wagner, tant
au point de vue de la poésie que de la musique, et que M. Schuré
nous paraît avoir expliquée d'une façon beaucoup plus heureuse
que les précédents commentateurs sans en excepter Gasperini. La
plus impartiale est celle des Nibelungen; cette œuvre colossale,
qui ne comprend pas moins de quatre opéras complets, destinés
à remplir quatre longues soirées, n'est pas sans inquiéter la con-
fiance vagnérienne de M. Schuré, dont le culte pourtant n'est
guère sujet aux hésitations. Il a cette fois des doutes, des appré-
hensions, mais s'il a la loyauté de les laisser poindre, il n'a garde
de condamner sans avoir entendu. Il attend les représentations de
Bayreuth qui permettront d'apprécier l'œuvre tout entière dans
les conditions d'exécution déterminées par le maître. En quoi il
a parfaitement raison.
Nous en avons à peine dit assez pour donner une idée de
l'intérêt qui s'attache au travail important, discutable en certains
points, remarquable par bien des côtés, toujours consciencieux et
profondément estimable de M. Edouard Schuré, qu'il faut louer
surtout d'avoir eu le courage d'affirmer hautement ses convic-
tions sans souci des préjugés et sans crainte des coteries. Il y
aurait encore à rechercher quelle peut être l'influence du maître
qu'il admire et de la forme artistique qu'il préconise sur le théâtre
et sur la musique, spécialement au point de vue de l'école fran-
çaise. Mais cela nous entraînerait trop loin pour le moment, nous
réservons cette question pour un autre article.
Charles Vimenal.
««lis
Théâtre de Bayreuth. — Vue intérieure.
Dessin de Scott, gravure de Méaulle.
XLVII.
LA CAPPELLA DEI TRINCI A FOLIGNO, par le commandant
AnGELO AnGELUCCI, architecte et conservateur du Musée na-
tional d'Artillerie de Turin. Brochure in-18 de 14 pages.
La célébration du quatrième centenaire de Michel-Ange avait
déjà fourni l'occasion de signaler le mouvement artistique très-
prononcé qui se produit en Italie. L'immortel génie dont Flo-
rence s'honore a été étudié sous toutes ses faces par ses com-
patriotes ; l'Art s'était fait un devoir de signaler à ses lecteurs
les consciencieux ouvrages publiés en cette circonstance.
Aujourd'hui il s'agit d'une œuvre à la fois plus modeste et
plus ancienne. Mais elle dénote chez son auteur, M. Angelo
Angelucci, l'intelligent directeur du Musée national d'Artillerie
de Turin, un goût si pur, un esprit si sûr, une érudition si com-
plète, qu'on nous saura gré de l'avoir au moins mentionnée.
La chapelle du palais des anciens seigneurs de Foligno date
de la première partie du xve siècle. C'est un de ces bijoux un peu
trop ignorés, un peu trop délaissés, comme l'Italie en possède
tant dans son splendide écrin. De cet abandon, M. Angelo
Angelucci se plaint — ou plutôt se plaignait, car son premier cri
d'alarme fut poussé en 1857 — non sans nous avoir fait admirer
au préalable lès heureuses proportions de l'édifice, la richesse
de son ornementation, et minutieusement dépeint les tableaux,
statues et fresques qui le décorent.
En signalant la brochure de cet amant passionné des arts,
nous sommes heureux de pouvoir ajouter que ses vœux sont
réalisés. On a fait à la chapelle des Trinci d'indispensables répa-
rations, et ce ravissant échantillon de l'art au xve siècle nous
sera conservé.
A. Bali.ue.
NOTRE EAU-FORTE
Cette livraison est accompagnée de Mistress Baldwin, eau-
forte de P. Rajon, d'après le tableau de Sir Joshua Reynolds
(collection de M. William T. Blodgett).
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
L'ART.
Revue des Deux Mondes, du 15 avril 1869. Une des plus ingé-
nieuses est celle de Tristan et Isolde, peut-être la création la
plus difficile à comprendre qu'ait produite Richard Wagner, tant
au point de vue de la poésie que de la musique, et que M. Schuré
nous paraît avoir expliquée d'une façon beaucoup plus heureuse
que les précédents commentateurs sans en excepter Gasperini. La
plus impartiale est celle des Nibelungen; cette œuvre colossale,
qui ne comprend pas moins de quatre opéras complets, destinés
à remplir quatre longues soirées, n'est pas sans inquiéter la con-
fiance vagnérienne de M. Schuré, dont le culte pourtant n'est
guère sujet aux hésitations. Il a cette fois des doutes, des appré-
hensions, mais s'il a la loyauté de les laisser poindre, il n'a garde
de condamner sans avoir entendu. Il attend les représentations de
Bayreuth qui permettront d'apprécier l'œuvre tout entière dans
les conditions d'exécution déterminées par le maître. En quoi il
a parfaitement raison.
Nous en avons à peine dit assez pour donner une idée de
l'intérêt qui s'attache au travail important, discutable en certains
points, remarquable par bien des côtés, toujours consciencieux et
profondément estimable de M. Edouard Schuré, qu'il faut louer
surtout d'avoir eu le courage d'affirmer hautement ses convic-
tions sans souci des préjugés et sans crainte des coteries. Il y
aurait encore à rechercher quelle peut être l'influence du maître
qu'il admire et de la forme artistique qu'il préconise sur le théâtre
et sur la musique, spécialement au point de vue de l'école fran-
çaise. Mais cela nous entraînerait trop loin pour le moment, nous
réservons cette question pour un autre article.
Charles Vimenal.
««lis
Théâtre de Bayreuth. — Vue intérieure.
Dessin de Scott, gravure de Méaulle.
XLVII.
LA CAPPELLA DEI TRINCI A FOLIGNO, par le commandant
AnGELO AnGELUCCI, architecte et conservateur du Musée na-
tional d'Artillerie de Turin. Brochure in-18 de 14 pages.
La célébration du quatrième centenaire de Michel-Ange avait
déjà fourni l'occasion de signaler le mouvement artistique très-
prononcé qui se produit en Italie. L'immortel génie dont Flo-
rence s'honore a été étudié sous toutes ses faces par ses com-
patriotes ; l'Art s'était fait un devoir de signaler à ses lecteurs
les consciencieux ouvrages publiés en cette circonstance.
Aujourd'hui il s'agit d'une œuvre à la fois plus modeste et
plus ancienne. Mais elle dénote chez son auteur, M. Angelo
Angelucci, l'intelligent directeur du Musée national d'Artillerie
de Turin, un goût si pur, un esprit si sûr, une érudition si com-
plète, qu'on nous saura gré de l'avoir au moins mentionnée.
La chapelle du palais des anciens seigneurs de Foligno date
de la première partie du xve siècle. C'est un de ces bijoux un peu
trop ignorés, un peu trop délaissés, comme l'Italie en possède
tant dans son splendide écrin. De cet abandon, M. Angelo
Angelucci se plaint — ou plutôt se plaignait, car son premier cri
d'alarme fut poussé en 1857 — non sans nous avoir fait admirer
au préalable lès heureuses proportions de l'édifice, la richesse
de son ornementation, et minutieusement dépeint les tableaux,
statues et fresques qui le décorent.
En signalant la brochure de cet amant passionné des arts,
nous sommes heureux de pouvoir ajouter que ses vœux sont
réalisés. On a fait à la chapelle des Trinci d'indispensables répa-
rations, et ce ravissant échantillon de l'art au xve siècle nous
sera conservé.
A. Bali.ue.
NOTRE EAU-FORTE
Cette livraison est accompagnée de Mistress Baldwin, eau-
forte de P. Rajon, d'après le tableau de Sir Joshua Reynolds
(collection de M. William T. Blodgett).
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.