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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Ballu, Roger: Décoration de la coupole du Palais de la Légion d'honneur par J. P. Laurens
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0263

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DÉCORATION DE LA COUPOLE

du

PALAIS DE LA LÉGION D'HONNEUR

PAR J. P. LAURENS

ne œuvre de M. Jean-Paul Laurens est toujours intéressante à voir. Cet artiste,
dont il est superflu de louer le talent, est depuis quelques années déjà bien connu
du public par sa prédilection pour les sujets historiques du moyen âge, par ses
recherches constantes de l'effet dramatique et surtout par le succès constant de
ses recherches. La simplicité saine et large de sa manière, la vigueur de son
dessin, une exécution réellement consciencieuse l'ont signalé comme un de ces
peintres sérieux qui vengent l'art de l'envahissement de la peinture de genre.
Mais entre un tableau et une œuvre décorative, il y a place pour deux talents différents, et il n'est
pas commun d'avoir à la fois l'un et l'autre. Le pinceau robuste de M. Laurens saurait-il se prêter aux
allures quelque peu efféminées de l'allégorie, c'est ce que nous désirions apprendre en nous rendant
au palais de la grande chancellerie de la Légion d'honneur.

La salle est sombre; l'artiste s'est naturellement tenu dans une gamme claire dont l'harmonie bien
comprise séduit dès le premier aspect. En face de la grande porte par laquelle on sort des appartements
du grand chancelier se trouve le groupe principal. Une Gloire assise écrit sur un livre au milieu duquel
pend le cordon de la Légion d'honneur. Un voile rougeâtre couvre les genoux et se relève derrière
pour flotter au vent. La téte, vue de face, a un beau caractère et le mérite de ne pas ressembler au
type classique. Le bras allongé donne à l'ensemble de la figure un mouvement noble et ample. A
gauche, le Génie qui présente le livre ouvert est d'une attitude hardie et originale. Ses grandes ailes
bleues aux reflets gris le soutiennent au-dessus des nuages de fumée qu'il foule de ses jambes écar-
tées. Ce groupe, tant par sa composition que par son exécution et sa couleur, est un morceau remar-
quable et vraiment décoratif. Je pense que voilà de beaucoup la meilleure partie de l'œuvre ; tout le
reste ne me semble pas aussi heureux. L'artiste, pour figurer l'Institution de l'ordre de la Légion
d'honneur, a représenté Napoléon et quatre des plus célèbres grands chanceliers, Macdonald, Lacé-
pède, Mortier et Gérard. Ils sont sous la coupole gravement assis à l'aise, trop à l'aise peut-être; car
le reproche le plus sérieux que je ferai à cette composition, c'est qu'elle paraît vide. Quand les yeux
quittent le motif principal dont la forme est si large et si pleine, ils sont tout étonnés de la solitude
qui se fait alentour. Ces personnages, placés un par un à de longs intervalles au lieu d'être rappro-
chés dans un ensemble, font un effet maigre, et je ne sais pourquoi en les voyant ainsi rangés j'ai
pensé aux signes du zodiaque. Je regrette que les sièges sur lesquels sont assis les grands chanceliers
soient d'une simplicité aussi massive. Peu ou point de décorations. Ici le mépris de l'ornement est
exagéré. Regardez les lourds pylônes entre lesquels se trouve Bonaparte : carrés sur leurs bases,
formés de blocs superposés, ils écrasent de leurs dimensions celui auquel ils doivent servir de trône.
La partie supérieure de la coupole représente le ciel bleu; au milieu brille le soleil; seulement,
comme la place lui manque pour étaler ses rayons, il ne laisse voir qu'un disque jaune.

Examinons chaque figure. Le Macdonald est bien campé. Sa pose, très-simple, a de l'allure. On
voit que l'artiste s'est appliqué à reproduire fidèlement le maréchal dans son attitude militaire. Je
n'aime pas beaucoup le Lacépède : avec ses jambes croisées l'une sur l'autre et ses bas bleus;
il me semble bien un peu familier. Je n'insiste pas sur la grosseur démesurée de ses mollets et des
bottes de Bonaparte; c'est là une erreur de perspective facile à réparer et dont l'artiste s'est sûrement
 
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