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Ballu, Roger: Décoration de la coupole du Palais de la Légion d'honneur par J. P. Laurens
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DECORATION DU PALAIS DE LA LEGION D'HONNEUR. 237
aperçu le premier en enlevant son échafaudage. Bien différent de Lacépède, Mortier est d'une majesté
qui va jusqu'à la raideur; la tête légèrement rejetée en arrière, droite sur le cou tendu, le poing-
gauche noblement posé sur le haut de la cuisse, la main appuyée sur le pommeau de l'épée dont la
pointe est fichée à terre, les genoux couverts d'un manteau drapé, il ressemble un peu trop peut-être
à un mannequin habillé en Jupiter tonnant.
Bonaparte est assis sur un exèdre monumental ; il regarde le soleil ; sa tête est présentée en rac-
courci, de sorte que l'on distingue difficilement ses traits. Je regrette que les deux pylônes, dont les
Plafond de la coupole du palais de la Légion d'honneur.
Fac-similé d'un dessin de J. P. Laurens, d'après sa peinture.
extrémités sont penchées sur lui à droite et à gauche, aient l'air de le faire fuir sous eux, si bien qu'il
ne paraît pas bien d'aplomb sur son siège. En outre, j'ai peine à comprendre comment M. Lavirens, qui
est un coloriste, a pu donner une couleur verdàtre aussi désagréable au tapis qui couvre les marches du
trône. — Sur la bordure même de la coupole apparaît la gueule d'un canon d'où sort cette fumée qui
se répand aux alentours. C'est là une ingénieuse idée que d'avoir cherché à donner une raison d'être
aux nuages de l'allégorie. J'aurais cependant désiré qu'elle fût plus claire.
En vérité, voilà bien des critiques. J'ai dit ma pensée entière, parce qu'un artiste de la valeur de
M. Laurens peut tout entendre. La scrupuleuse étude que j'ai faite de son œuvre n'est-elle pas
d'ailleurs le plus sûr témoignage de l'estime qu'inspire son talent à tout ami des arts?
Roger Ballu.
aperçu le premier en enlevant son échafaudage. Bien différent de Lacépède, Mortier est d'une majesté
qui va jusqu'à la raideur; la tête légèrement rejetée en arrière, droite sur le cou tendu, le poing-
gauche noblement posé sur le haut de la cuisse, la main appuyée sur le pommeau de l'épée dont la
pointe est fichée à terre, les genoux couverts d'un manteau drapé, il ressemble un peu trop peut-être
à un mannequin habillé en Jupiter tonnant.
Bonaparte est assis sur un exèdre monumental ; il regarde le soleil ; sa tête est présentée en rac-
courci, de sorte que l'on distingue difficilement ses traits. Je regrette que les deux pylônes, dont les
Plafond de la coupole du palais de la Légion d'honneur.
Fac-similé d'un dessin de J. P. Laurens, d'après sa peinture.
extrémités sont penchées sur lui à droite et à gauche, aient l'air de le faire fuir sous eux, si bien qu'il
ne paraît pas bien d'aplomb sur son siège. En outre, j'ai peine à comprendre comment M. Lavirens, qui
est un coloriste, a pu donner une couleur verdàtre aussi désagréable au tapis qui couvre les marches du
trône. — Sur la bordure même de la coupole apparaît la gueule d'un canon d'où sort cette fumée qui
se répand aux alentours. C'est là une ingénieuse idée que d'avoir cherché à donner une raison d'être
aux nuages de l'allégorie. J'aurais cependant désiré qu'elle fût plus claire.
En vérité, voilà bien des critiques. J'ai dit ma pensée entière, parce qu'un artiste de la valeur de
M. Laurens peut tout entendre. La scrupuleuse étude que j'ai faite de son œuvre n'est-elle pas
d'ailleurs le plus sûr témoignage de l'estime qu'inspire son talent à tout ami des arts?
Roger Ballu.