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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Hamerton, Philip Gilbert: Thomas Seddon, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0301

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THOMAS SEDDON

(F.N I.)

i. quitte Jérusalem le 19 octobre, revient en Angleterre et fait une exposition
séparée de ses tableaux et études. Cette exposition réussit, du moins suffisam-
ment pour créer une réputation proportionnée aux mérites de l'artiste. Malgré
l'étrange apparence de ces pages sincères, dans lesquelles se reflétait une
j) nature toute différente de celle que les Anglais sont habitués à voir, le public
qui a visité la petite exposition de Seddon a reconnu son dévouement à la
^S> vérité. On s'est plaint un peu — c'était inévitable — de l'absence d'atmo-

sphère, l'air limpide de Jérusalem permettant de voir les objets éloignés avec une clarté inconnue
dans la brumeuse Angleterre; mais comme on voyage, il se trouve généralement quelqu'un ayant vu
le pays où l'artiste a travaillé, et capable de prendre sa défense. C'est ce qui arriva pour Seddon, et
cependant à la clôture de son exposition, le tableau de Jérusalem n'était pas encore vendu5 les petits
sujets égyptiens se placèrent assez facilement, et l'artiste reçut plusieurs commandes qui l'encoura-
gèrent à poursuivre son art. 11 fît plus, et prit une décision irrévocable, en contractant un mariage
d'inclination. Le mariage eut lieu dans la chapelle de l'ambassade anglaise, à Paris, et les époux
allèrent s'établir dans l'un des faubourgs de Londres.

L'année suivante il fait une petite exposition comme la première et envoie des tableaux à l'Aca-
démie. Il reçoit une commande, mais malgré cela cette année ne vaut pas 1855 au point de vue pécu-
niaire et l'artiste s'inquiète de l'avenir. Ses amis sont d'avis qu'il doit retourner en Orient et il le pense
aussi. Malgré la douleur de la séparation, il se décide à un nouveau voyage. Au mois de juillet 1856,
sa femme le précède en France, il la suit un mois plus tard, et ils passent le reste de la belle saison à
Saint-Énogat près de Saint-Malo. Ce séjour était le dernier dont les époux devaient jouir ensemble sur
terre. Le 12 octobre, il va à Paris pensant à sa femme et à sa petite fille, mais sans trop de tristesse;
au contraire, il est plein de courage et d'espoir, tout lui sourit, dit-il. 11 écrit aussi souvent que possible
à celle qu'il aime. Une lettre sans date, écrite à peu près au milieu de novembre, du Caire, avoue qu'il
est malade et l'écriture tremblante et incertaine l'atteste bien aussi. On ne reçoit plus de lettres de lui,
mais le consul général anglais, qui était son ami, annonce bientôt sa mort. Le lecteur se rappellera
que j'ai déjà raconté la mort d'un jeune compatriote de Seddon, au Caire, pendant son premier séjour
en Égypte et son enterrement dans le cimetière des Anglais. J'ai dit alors que le cours de notre his-
toire nous y ramènerait, et que nous verrions déposer un autre cercueil sous les ombrages des mêmes
cyprès. Nous y sommes arrivés maintenant et nous avons la consolation de penser que les soins que
Seddon avait prodigués au mourant qu'il a trouvé au Caire, loin des siens, lui ont été rendus par des
cœurs dévoués dans la tristesse des derniers jours.

Sa vie a été littéralement sacrifiée à son art. La cause du décès fut une dyssenterie que les méde-
cins avaient combattue avec succès, mais après les fatigues du voyage le patient ne pouvait pas rega-
gner ses forces, et il a succombé ainsi à trente-cinq ans. Parmi les morts de ceux qui se sont dévoués
aux nobles entreprises, et qui ont été inspirés par des pensées vraiment élevées, j'en connais peu qui me
semblent aussi tristes. Cette fin prématurée nous rappelle la mort de Victor Jacquemont dans l'Inde ;
mais malgré la profonde douleur de Jacquemont et le cri de son âme déchirée à ceux qu'il ne reverrait
jamais, la fin de Seddon avait quelque chose de plus pénible encore. Jacquemont avait un père, un
frère, des amis en Europe, et Seddon aussi avait les siens, mais Victor Jacquemont n'était pas marié,

1. Voir tome III, page 256.
 
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