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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Despois, Eugène: La comédie italienne sous Louis XIV
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0408

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LA COMÉDIE ITALIENNE

SOUS LOUIS XIV

l y a eu, au xvie siècle, en Italie, deux espèces de comédie absolument distinctes,
la conjédie écrite et celle qui ne l'était pas, la comédie mondaine et la comédie
populaire ; ce sont d'ailleurs deux genres que l'on retrouve simultanément en
Italie, aussi bien dans l'antiquité que dans les temps modernes. La comédie impro-
visée, avec ses types fantasques et consacrés, existait au temps de Plaute comme
au temps de Machiavel et de l'Arétin; c'était là le genre essentiellement national ;
il finit par absorber l'autre. Au temps de Louis XIV, on ne jouait plus devant lui
que cette comédie populaire, et Riccobo atteste qu'il en était de même alors en Italie.

La comédie écrite n'en avait pas moins été très-féconde : la dramaturgie d'Allacci, quoique fort
incomplète, suffit pour donner une idée de cette inépuisable fertilité, qu'explique la multiplicité des
centres littéraires en Italie.

En France, même au temps de Louis XIII, on n'a guère écrit que pour Paris les pièces que des
troupes de campagne allaient répandre ensuite dans les provinces; c'est par la littérature dramatique
surtout que la centralisation a commencé. Et comme il n'y eut jamais au xvne siècle, à Paris, que
un ou deux et pendant quelques années seulement trois théâtres pouvant représenter des pièces
françaises, le nombre de ces pièces était nécessairement restreint. En Italie, dès le xvi° siècle, on
composait, on jouait partout des comédies, écrites dans des dialectes et avec des caractères différents.
Elles n'étaient pas jouées en général par des acteurs de profession, comme les comédies improvisées;
écrites par des lettrés et pour des lettrés, c'était par eux aussi qu'elles étaient représentées d'or-
dinaire. Ces comédiens de circonstance appartenaient le plus souvent à ces académies d'Italie si
différentes des nôtres, et qui pullulaient alors. Rien de moins académique pourtant, au sens français
du mot, que la plupart de ces pièces ; rien qui ressemble moins à ces épîtres dialoguées sur un sujet
moral, où le pour et le contre sont plaidés successivement, et qui ont abondé chez nous depuis Des-
touches jusqu'à Ponsard. Ces comédies italiennes sont souvent fort licencieuses. Il y en a du reste
dans tous les genres, et l'on peut dire que l'Italie avait épuisé, en les créant parfois, presque toutes
ses formes dramatiques, importées depuis ailleurs : ce qui ne veut pas dire qu'elle y ait toujours
excellé. La tragédie, le drame en prose, le mélange de prose et de vers chantés qui sera plus tard
l'opéra-comique et le vaudeville, l'opéra, les ballets enfin, ils ont tout essayé; pour les ballets, un
pape même, Clément IX, en a composé un, avant son exaltation il est vrai, et pendant qu'il était
nonce en Espagne; mais le père Ménestrier affirme qu'il le fit représenter encore devant lui depuis
son avènement au pontificat. Et sous chacune de ces formes diverses on peut distinguer des genres
fort différents, quelques-uns même que nous aurions aussi bien fait de ne pas leur emprunter, les
genres mythologique, allégorique, courtisanesque, pastoral, etc. Ils ont inventé jusqu'aux intermèdes,
ce genre faux que Molière a bien été obligé de cultiver dans ses comédies-ballets destinées à la cour,
et qui introduit, à chaque entr'acte, une comédie nouvelle, des éléments étrangers dans la comédie
principale. En fait de'combinaison bizarre, on n'inventera rien de plus singulier sans doute que le spec-
tacle représenté devant le pape Léon X, et qui se composait de la Mandragore de Machiavel et de
VAssinolo du Cecchi, deux pièces jouées successivement, acte par acte, sur deux théâtres placés dans
la même salle; de sorte qu'un acte de la première pièce étant terminé, on se retournait pour voir un
acte de la seconde.

Mais à côté de cette comédie littéraire, et qui ne s'exerçait que sur des types généraux et variés
 
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