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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Exposition de Philadelphie
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0080

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EXPOSITION DE PHILADELPHIE.

69

Amours, il n'en est plus question; ce sont de petits ramoneurs,
les plus gentils du monde. 1 Au surplus, les grandes dames
faisaient peindre sur leurs éventails les sujets qu'elles préféraient.
Ainsi Ninon de Lenclos (c'est là une curiosité piquante) n'aimait
sur les siens que des scènes graves et bibliques, comme le Siège de
Jérusalem. etc.

Le xvme siècle a la réputation d'être le grand siècle des
éventails. Presque tout le monde s'imagine que Watteau, Bou-
cher ou Lancret ont passé leur temps à orner de gracieuses com-
positions ces objets de parure. Il n'est pas un écrivain, un
romancier, qui, ayant à placer un éventail dans les mains d'une
héroïne, ne se croie obligé de consacrer trois pages à la descrip-
tion de cette 1 merveille de Watteau ». Or rien, paraît-il, n'est
plus contraire à la vérité. On possède peu d'éventails authen-
tiques peints par ces maîtres. M. Blondel cite celui qu'on a attri-
bué à la célèbre pastelliste Rosalba Carriera, et que nous repro-
duisons comme un des rares spécimens d'une origine certaine.
Il n'en est pas moins établi qu'à cette époque les éventails firent
fureur et que les femmes à la mode en possédaient un grand
nombre de toute espèce. Il y en eut un surcoût qui, pendant
quelque temps, fut en grande vogue, éventail perfide, ayant des
miroirs, et à travers lequel les femmes pouvaient regarder sans
être vues. Mme Achille Jubinal en possède un de ce genre, entre
les flèches duquel se trouvent de petites fenêtres garnies de verre;
il est en ivoire entièrement découpé à jour, avec appliques en
gélatine imitant le mica, ce qui le faisait briller aux lumières et
permettait aux yeux fripons qu'il abritait d'y voir comme à tra-
vers un rideau. Les éventails d'Orient eurent aussi beaucoup de
succès ; mais ils ne parvinrent pas à détrôner ceux que les imita-
teurs de Gillot et les élèves de Boucher enjolivaient de sujets
d'histoire ou de légères idylles. La marquise de Pompadour a
laissé son nom à une variété d'éventails dont la monture, riche-
ment sculptée dans la nacre ou l'ivoire, était couverte de pein-
tures délicates. Marie-Antoinette eut également la passion des
éventails ; elle en avait une grande quantité qu'elle distribuait à
ses dames d'atour. Elle en eut surtout un en ivoire sculpté qui
était un chef-d'œuvre de travail, de délicatesse et de goût. Bal-
zac, en parlant de cet objet d'art, a écrit : « C'est le plus beau
des éventails célèbres. »

Pendant la Révolution et les années qui suivirent, on songea
peu aux éventails et à leur perfectionnement. Il y en eut cepen-
dant de célèbres, comme celui de Charlotte Corday, celui de

EXPOSITION DE

La lettre suivante a été adressée aux principaux négociants et
industriels de Paris :

« Monsieur,

« L'Exposition de Philadelphie, qui doit s'ouvrir en 1876,
a rencontré jusqu'à présent beaucoup d'hésitation dans le public
industriel et commercial.

« Est-ce aux insinuations peu bienveillantes répandues par
certaine presse étrangère, en vue d'écarter la France de ce tour-
noi international? Est-ce la distance à franchir pour les produits
nationaux? Est-ce enfin à la crainte du système protectionniste
exagéré, en vigueur aux Etats-Unis, qu'il faut attribuer le con-
cours peu empressé des industriels et des commerçants français?
Toujours est-il que ce fait existe.

« L'Exposition, bien que placée sous le patronage du gouver-
nement de Washington, est, dans une certaine mesure, une
entreprise particulière. Cela est vrai. Mais il ne faut pas attacher
trop d'importance à cette situation. Nos mœurs européennes ne
peuvent entrer en parallèle avec les mœurs du nouveau monde.
Quoi qu'il en soit, c'est la première fois que les Américains

Mme Tallien, etc. On les ornait à cctce époque de scènes poli-
tiques plus ou moins soigneusement peintes et faisant allusion aux
événements contemporains. Ce ne fut qu'à partir de 1829, à la
suite des fameux quadrilles style Louis XV dansés aux Tuileries,
que les charmants éventails du xvne et du xvme siècle revinrent
à la mode. On se mit à les imiter, et, grâce à quelques artistes
intelligents et habiles, on est parvenu 'à exécuter des éventails
d'une beauté et d'une perfection tout à fait remarquables. Ajou-
tons que l'on ne s'est pas borné de nos jours à faire de l'imitation
et que plusieurs peintres célèbres n'ont pas dédaigné de dessiner
des éventails. M. Blondel cite, par exemple, des éventails peints
par Horace Vernet, par Ingres, par Antigna, par Gendron, p.ir
Diaz, par Célestin Nanteuil, Veyrassat, Gérôme, Eug. Lami,
Gavarni, Sauvage, Rossi, Camille Roqueplan, etc., qui tous ont
naturellement leur place dans de riches collections particulières.

On voit, par cette analyse du livre de M. Blondel, quelle
abondance de faits et de renseignements il contient. Et nous ne
parlons pas de la fabrication de l'éventail dans les différents pays,
ni des monographies sur la nacre, l'écaillé et l'ivoire qui termi-
nent le volume, en achevant de lui donner une allure savante.

Cette allure savante est précisément ce que nous serions
tenté de reprocher à M. Blondel, non qu'elle ne soit point à
sa place, mais parce qu'elle est trop uniforme. L'anecdote fait
défaut : le sujet y prêtait cependant. L'Espagne est trop ra-
pidement laissée de côté; n'est-ce pas là pourtant le vrai pays
de l'éventail? N'est-ce pas là que la docte Inès de Mendoça, qui
avait réduit à quatre-vingt-dix-neuf règles l'art de s'éventer,
l'enseignait en quatre-vingt-dix-neuf leçons? M. Blondel ne nous
dit pas un mot de cette femme illustre, pas plus d'ailleurs que de
son professeur, l'abbé Flaton, ce Florentin qui lui-même avait
sauvé la tradition de l'éventail de Catherine de Médicis. N'y
avait-il pas aussi un mot à dire des charmants éventails de Céli-
mène, tenus d'une si piquante façon par nos actrices du Théâtre-
Français? N'avaient-ils pas leur histoire ces délicieux éventails de
Mlle Contât et de M"' Mars qui jouèrent leur rôle dans certaines
pièces classiques? Peut-être M. Blondel a-t-il commis ces oublis
volontairement; peut-être a-t-il voulu laisser ce qu'il y avait de
fantaisie et de légèreté dans son sujet. Il ne lui en reste pas moins
l'honneur d'avoir fait le premier des recherches difficiles sur un
charmant objet qui n'avait pas encore d'histoire.

Victor Champikr.

PHILADELPHIE

organisent sérieusement une Exposition universelle; et tout porte
à croire aujourd'hui que le palais de Fairmount recevra de nom-
breux visiteurs.

« Puis, n'oublions pas aussi que les Américains pourraient
peut-être nous reprocher notre abstention, eu égard aux relations
amicales qui existent entre nos deux pays.

« Tels sont les points principaux qui méritent d'être étudiés
en commun.

« Aussi avons-nous l'intention de provoquer une réunion à
laquelle nous vous prions de vouloir bien assister.

« Nous nous proposons également, dans cette réunion, de
rechercher entre nous s'il ne serait pas possible de trouver quelque
moyen pratique offrant à la fois avantage et satisfaction aux inté-
rêts particuliers des exposants.

« Nous avons tous besoin d'étendre nos débouchés commer-
ciaux d'outre-mer. Il nous importe de prouver aux Américains
que nos désastres de 1870. n'ont eu en France d'autre résultat
que de faire naître un nouveau sentiment d'émulation au point de
vue artistique et intellectuel.

« Bien qu'étrangers à la question commerciale, il est un fa
 
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