L' art: revue hebdomadaire illustrée (1.1875 (Teil 3))

CHRONIQUE ETRANGERE

talie. — A Rome, on a découvert sur FEsquilin, tout
près de la porte Majeure, des tombeaux alignés tout le
long des voies Prenestina et Labicana, qui partaient alors
de la porte Majeure actuelle.

C'est dans le même endroit qu'on découvrit, dans le siècle
passé, le célèbre sépulcre des Arrunzi, famille très-puissante qui
florissait au temps d'Augusce.

Celui dont il est question a la forme dite Columbarium, avec
voûte ornée de figures très-élégantes en stuc. Ce sol doit renfer-
mer en grande quantité ce genre de sépultures, puisque dernière-
ment on a découvert un autre Columbarium déshonoré par des
restaurations postérieures, mais donc la construction originaire
porte la date du siècle d'Auguste.

Au lieu de stuc, la voûte esc ornée de peintures qui repré-
sentent des guerriers combattant entre eux ; les uns sonc armés
de pied en cap, avec le casque, la cuirasse et le bouclier; les
autres sont nus, avec une simple ceinture autour des reins et un
bouclier au bras.

11 esc difficile de dire s'ils représentent des faits spéciaux ou
de grands combats; en tout cas, les scènes ne se rapportent pas
à la mythologie grecque, mais plutôt à l'histoire romaine, et ce
sont probablement des combats de Romains contre les Barbares,
et peut-être contre les Gaulois. L'un des groupes les plus curieux
est celui où l'on voit des ouvriers occupés à la construction d'un
mur qui semble l'enceince d'une ville ; les ouvriers dégrossissenc
les blocs de pierres, d'aucres les ajustent, d'autres les portent,

28 septembre 1875.

pendant qu'une femme assise, peut-être la personnification de la
ville de Rome, les regarde travailler. Mais pour déterminer le
lien qui unit les divers groupes réunis là, il faut attendre que les
peintures soient tout à fait découvertes et qu'on puisse les exa-
miner dans toutes leurs particularités.

On a aussi découvert à l'extérieur et à l'intérieur du Colom-
barium quelques objets de valeur, comme des inscriptions sur des
tables de marbre et de travertin, quelques-unes grecques, la plu-
part latines, des petits vases de terre cuite très-fine, de petites
buires de verre, des fragments de statues, parmi lesquels une
jolie tête d'enfant grande comme nature et d'un beau travail.

Norvège. — Le 16 septembre a eu lieu, à Christiania,
l'inauguration de la statue équestre du roi Charles-Jean. L'anni-
versaire de son couronnement à Throndj'em, le 7 septembre 1818,
a été le jour choisi. Une immense foule de peuple a assisté à la
fête. La statue est érigée sur la place, devant le Château-Royal.
Des discours ont été prononcés par le président du Comité de
souscription et par le roi Oscar Ier. Un prodige tout à fait naturel
a attiré l'attention du public : un aigle, ayanc aperçu l'éclat du
bronze neuf qui brillait au soleil, s'est mis à cournoyer au-dessus
du monument, en même temps qu'un essaim d'abeilles, quittant
son refuge dans la toile qui avait couvert la statue, voltigeait au
pied du monument. Sur le piédestal de la statue on lit les deux
inscriptions suivantes : d'un côté : « Le peuple norvégien a
érigé ce monument, » et de l'autre la devise de Charles-Jean :
« L'amour du peuple est ma récompense. »

FAITS DIVERS

— L'Académie des Beaux-Arts, dans sa séance de samedi
25 septembre, a décerné le prix Troyon (paysage) à l'auteur du
tableau inscrit sous le n° 7, M. Debat-Ponsan, élève de M. Caba-
nel ; elle a en outre accordé une mention honorable à l'auteur du
tableau inscrit sous le n° 14, M. Charles Emile Dameron.

— L'Institue doit tenir, le 6 octobre prochain, sa séance tri-
mestrielle, sous la présidence de M. Lefuel, directeur de l'Aca-
démie des Beaux-Arts, assisté de MM. le vicomte Delaborde,
secrétaire perpétuel; Frémy, Maury et Mignet, directeurs des
sections des sciences, des inscriptions et belles-lettres et des
sciences morales et politiques.

M. Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences,
donnera lecture de son rapport sur le grand prix biennal.

Trois jours après, le samedi 9 octobre, aura lieu la séance
publique annuelle de l'Académie des Beaux-Arts, dont voici
l'ordre du jour :

i° Exécution d'une ouverture composée par M. Serpette,
pensionnaire de l'Académie de France à Rome;

20 Rapport de M. le président annonçant les prix décernés en
vertu des diverses fondations et les sujecs proposés pour les
concours ultérieurs ;

3" Distribution des grands prix de peinture, de sculpture,
d'architecture, de gravure et de composition musicale;

40 Éloge de M. Auber, par le vicomte Henri Delaborde,
secrétaire perpétuel;

50 Exécution de la scène lyrique qui a remporté le premier
grand prix de composition musicale (Clyremnestre), et donc l'au-
teur est M. "Wormser, né à Paris le ier novembre 1851, élève
de M. François Bazin.

— On vienr d'exposer aux Champs-Elysées le monumenc qui
sera érigé à la mémoire des soldacs cués dans les grandes journées
des 16 et 18 août 1870,' dont les territoires de Gravelotte, de
Mars-la-Tour, de Saint-Privat et de Sainte-Marie-aux-Chênes
ont été le théâcre. C'esc à Mars-la-Tour, au milieu d'un vasce
ossuaire où seronc pieusemenc recueillis les resces de cous ceux
qui onc péri pour la France dans ces sanglantes batailles, que
doit être élevé le beau groupe exécuté par M. Boginp.

Une première souscription avait été ouverte sur l'initiative
prise par la commune de Mars-la-Tour, mais cette souscription
s'est trouvée insuffisante pour subvenir aux trais qu'a entrâmes
l'exécution du projet.

C'est dans cette pensée qu'il s'est formé à Paris un comité et
qu'une nouvelle souscripeion a écé ouverce, rue de Richelieu, 102,
chez MM. Lévy-Bing et Cie, banquiers, qui veulenc bien se
charger de recevoir les sommes qui seronc mises à la disposicion
du comité.

Le Gérant, HIPPOLYTE HEYMANN.