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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Gotti, Aurelio: Michel-Ange et le tombeau de Jules II
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0104

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LE

MICHEL-ANGE

ET

TOMBEAU DE JULES II'

.)>>^Z-j _g ans les premiers mois de Tannée 1505, comme nous l'apprend une

lettre de Buonarroti, Jules II, qui avait succédé aux vingt-sept jours
de règne de Pie III, appela Michel-Ange à Rome. La renommée
qu'il s'était déjà acquise avait inspiré au pape le désir de l'avoir près
de lui et de l'employer à quelque chose de grand. Lorsqu'ils étaient
ensemble, l'art était toujours la base de leurs conversations ; ils dis-
cutaient les projets magnifiques qui leur venaient à l'esprit à l'un ou
à l'autre, et plus ceux-ci étaient merveilleux, plus ils occupaient
leur pensée et leurs discours. Enfin le pape arrêta de faire exécuter
pour son tombeau un dessin que le maître avait conçu ; c'était une
œuvre qui, tout en attestant le génie et la puissance de l'artiste, flattait l'amour-propre du souverain
pontife, car aucun prince ou pape n'avait eu jusqu'alors de monument qui, par sa beauté, sa richesse,
la quantité de statues qui l'ornaient, pût surpasser ou même égaler celui-ci ; il n'était même pas à
supposer qu'on verrait jamais créer dans l'avenir pareille merveille ; ce travail, qui devait être
prodigieusement colossal par la conception autant que par l'exécution, ne nous est connu que par
un dessin conservé dans la galerie Michel-Ange, formée par les descendants du grand artiste2 ;
chacun sait que l'œuvre ne fut jamais réalisée. Le dessin nous montre seulement un des côtés les plus
étroits du projet, mais nous en embrassons tout l'ensemble par les descriptions que nous ont laissées
Condivi et Vasari. Nous reproduisons ici celle du premier, écrite presque sous les yeux de Michel-
Ange lui-même 3.

« Le tombeau devait avoir quatre faces, les deux latérales de dix-huit brasses, les deux autres de
douze, de manière à constituer un rectangle. Tout autour et en dehors régnaient des niches pour des
statues, et dans les intervalles, entre chaque niche, s'élevaient des piédestaux sur lesquels étaient
des statues attachées comme des prisonniers ; des corniches surplombaient ces statues qui représen-
taient les arts libéraux, tels que la Sculpture, la Peinture, l'Architecture, chacune avec des attributs
qui permettaient de les reconnaître aisément. L'intention était de montrer par là que tous les arts
étaient prisonniers dans ce tombeau renfermant les cendres de Jules II, et que personne autre ne les
aimerait ni ne les protégerait jamais autant que lui. Au-dessus courait une grande corniche qui enve-
loppait tout le monument, et sur l'entablement de laquelle étaient installées quatre statues colossales
dont une, celle du Moïse, est aujourd'hui à Rome, à Saint-Pierre-ès-Liens. L'édifice était couronné
par une plate-forme sur laquelle deux anges soutenaient une urne funéraire. L'un d'eux avait la
figure souriante et semblait se réjouir de voir l'âme du pape reçue parmi les élus ; l'autre, tout en
pleurs, s'affligeait de ce qu'un tel homme eût été enlevé à la terre. On entrait par une des extrémités
dans une petite chambre en forme de temple au milieu de laquelle était un cercueil en marbre où

1. Chapitre IV de la Vie de Michel-Ange} par le Commandeur Aurelio Gotti. (Reproduction interdite.) Nous avons tenu à donner en
premier lieu ce fragment, qui a trait à la célèbre commande de Jules II, parce qu'elle fut la source des cruels tourments qui, pendant de
longues années, ont empoisonné l'existence de Michel-Ange, à cause des obstacles de toute espèce que suscitèrent ses ennemis pour
l'empêcher d'exécuter le colossal chef-d'œuvre conçu par son génie.

2. Casa Buonarroti, Via Ghibellina, à Florence.

3. Ascanio Condivi : Vita di Micliel-Angiolo Buonarroti, in-4" rarissime, édité à Rome en 1553, par Antonio Blado. Ce livre fut
écrit par Condivi du vivant de Michel-Ange, sur l'ordre du pape Jules III.
 
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