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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Groupe de M. A. Marc
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0237

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I

LE GROUPE DE M. A. MARC

È Grand-Duché de Luxembourg fait partie de l'héritage patrimonial de la
famille royale des Pays-Ras, mais politiquement et administrativement, il
est complètement distinct du royaume. En 18^0, un an après être monté
sur le trône, le roi Guillaume III confia l'administration du Grand-Duché
à son frère Henri, qui y a acquis une sérieuse popularité. Sous son admi-
nistration, l'industrie et le commerce du pays ont pris une rapide extension
grâce à la déclaration de neutralité qu'on doit aux efforts du prince et à la
protection constante et éclairée qu'il accorde à l'agriculture. C'est encore à
lui que le Grand-Duché doit la réorganisation de ses services publics, le
développement de ses voies ferrées et l'établissement de ses lignes télégraphiques. Il s'est aussi
beaucoup occupé de la propagation de l'enseignement, et ce n'est pas là son moindre titre à la
reconnaissance des Luxembourgeois.

Aussi le iy anniversaire de son entrée en fonctions comme représentant de son frère a-t-il été
pour la ville de Luxembourg l'occasion de fêtes brillantes et de réjouissances auxquelles s'est associé
tout le pays. Nous n'avons pas à en rendre compte ici, mais ces explications étaient nécessaires pour
l'intelligence de ce qui nous reste à dire.

Pour laisser au prince un témoignage de gratitude moins éphémère que des discours et des feux
d'artifice, les Luxembourgeois ont eu l'heureuse idée de lui offrir une œuvre d'art destinée à perpétuer
le souvenir de la déclaration de neutralité, qui est en effet pour le pays l'événement le plus considé-
rable et le plus heureux de ces vingt-cinq dernières années, et dont ils attribuent le bienfait à son
intervention active et dévouée.

L'année dernière déjà, ils avaient offert au roi Grand-Duc, pour fêter le 25e anniversaire de son
règne, un très-beau bouclier exécuté par MM. Falguière et Froment Meurice, d'après la composition
d'un artiste dont le talent semble fuir ou dédaigner la publicité, au moins pour lui-même. Cet artiste
rare, ancien lauréat de l'Ecole de dessin de la ville de Luxembourg, qui, après avoir été l'un des
élèves les plus distingués de Paul Delaroche, semblait n'avoir plus d'autre ambition que de travailler
à la réputation de ses rivaux, n'est autre que M. Auguste Marc, aujourd'hui directeur de VIllustration.

Ces précédents le désignaient tout naturellement au choix de ses compatriotes. M. Marc s'est
empressé de satisfaire à leur désir ; il s'est mis à l'œuvre, et après quelques jours de travail, il leur a
présenté une composition encore supérieure à celle de l'année précédente. Il était difficile de mieux
rendre la pensée qui se trouve au fond des témoignages de reconnaissance des Luxembourgeois. Que
signifient en effet ces fêtes et ces réjouissances en l'honneur du prince qui les gouverne ? La vieille
cité, qui n'était qu'une forteresse, soumise à toutes les servitudes militaires, veut surtout exprimer sa
joie d'avoir cessé d'être une ville morte, d'avoir recouvré sa liberté d'action et d'expansion, d'avoir
pu, grâce au prince Henri, rentrer dans les conditions normales de la vie et du progrès matériel à la
fois et intellectuel. Elle se sent rajeunie et se hâte de regagner le temps perdu.

La composition de M. Marc expriffie cette idée par une allégorie aussi simple que vraiment
artistique. La ville de Luxembourg, sous la figure d'une belle jeune femme, aux formes sveltes et
élancées, au visage doux et souriant, la main gauche placée sur son cœur où renaît la vie, présente
de la droite une couronne de fleurs. Son front, délivré de sa lourde couronne murale, est ceint d'une
branche d'olivier et une légère draperie, qui enveloppe son corps sans le voiler, remplace la massive
cuirasse sous le poids de laquelle elle était naguère écrasée.

A ses pieds, dans des attitudes diverses et heureusement choisies se groupent de jeunes enfants,
qui représentent le Commerce, l'Agriculture, l'Industrie et les Arts. A côté d'eux le génie du Progrès,
debout, élève d'une main le flambeau de la science et de l'autre s'appuie sur les armes royales de
Hollande.
 
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