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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Rondani, Alberto: Artistes italiens: Francesco Scaramuzza
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0150

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ARTISTES ITALIENS

FRANCESCO SCARAMUZZA

a gloire de cet artiste vivra immortelle dans une œuvre singulière qui lui a déjà
conquis une célébrité croissante de jour en jour, je veux parler des illustrations à la
plume de la Divine Comédie, de Dante : deux cent quarante-deux cartons, dont dix-
sept seulement restent à achever. Les figures y mesurent à peu près vingt centi-
mètres ; mais l'expression, les draperies, les effets y sont comme on pourrait le
désirer dans la gravure la plus délicate et la plus soignée.
Né en 1805, François Scaramuzza entra dans la carrière de l'art, salué honorablement par tous
les artistes, à l'époque où était la plus ardente la lutte entre classiques et romantiques, et il ne déférait
ni aux règles trop sévères des uns, ni à toutes les innovations des autres. En effet, il développait
avec un goût tout à fait moderne, mais non sans une certaine énergie qui faisait souvent défaut dans
les romantiques, des sujets de genre alors nouveaux et qui étaient un des caractères de l'école
romantique, et il traitait aussi des sujets religieux, symboliques, mythologiques avec hardiesse et
largeur, bravant heureusement toutes les difficultés, surtout celles du nu, que la nouvelle école
cherchait à éviter et où les classiques faisaient consister le beau, le grand, l'éternel de l'art.

Peut-être à cette époque Scaramuzza était-il indécis entre les idées de l'une ou de l'autre des
deux écoles : il sentait qu'il y avait du bon dans toutes les deux et que le mieux à faire était de le
cueillir, comme il fit, afin de se créer vin ordre de beautés grandes et gracieuses sans être conven-
tionnelles, vraies sans être réalistes.

Du reste, cette période de doute et d'activés recherches, qui marque un esprit qui travaille sérieu-
sement, se retrouve dans la vie de tous les grands artistes avant qu'ils aient embrassé une manière
propre de concevoir et d'exécuter.

Ce qui distinguait Scaramuzza dans ses premiers ouvrages, c'était l'énergie et la hardiesse de la
fantaisie et une manière franche, à traits ressentis : ce qui étonnait fort chez un artiste qui s'était
formé principalement à Parme, sur les chefs-d'œuvre du Corrége, dans lesquels les contours ne
paraissent que par des nuances insaisissables. — Évidemment Scaramuzza montrait une grande
puissance artistique, mais on pouvait s'apercevoir qu'il n'avait pas encore trouvé le champ où il pût
la déployer tout entière, comme il fit après et fait encore à présent.

Un jour, en 1838, par simple exercice, il composait des croquis à la plume sur des sujets de la
Divine Comédie : tout à coup l'idée lui prit d'illustrer tout le poëme. Ce livre, pour nous c'est tout :
c'est notre bible civile, littéraire, politique, artistique; Dante est notre Moïse. On a remarqué que
toutes les fois que la littérature et l'art ont fait retour, dans leurs inspirations, à l'amour de Dante, ils
se sont renforcés et purifiés. Presque tous nos grands littérateurs et nos artistes eurent quelque chose
de dantesque. Michel-Ange fut appelé le Dante de l'art et il en eut le caractère et le talent : l'artiste
divin illustra une partie de l'ouvrage du poète (ces illustrations sont perdues!); il écrivit sur Dante
des sonnets dignes de ce grand sujet. Raphaël, fils d'un peintre et poète, adorait Dante et peignit
deux fois sa figure sévère dans ce môme Vatican que Dante, on le sait, n'aimait guère.

Scaramuzza connaissait depuis sa première jeunesse la Divine Comédie : en 1836, il exposa à
Milan un tableau représentant la Mort du comte Ugolino, et, bien qu'on y trouvât quelques légers
défauts, on y vit toutefois une grande promesse. On comprit que cet artiste était né pour sentir Dante;
et, en effet, son talent a quelque chose de dantesque, comme sa tête ressemble merveilleusement à
celle de Michel-Ange.

En approfondissant par la méditation et l'étude les beautés et les mystères du poëme, Scara-
 
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