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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Rondani, Alberto: Artistes italiens: Francesco Scaramuzza
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0151

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i34 L'ART.

muzza s'aperçut que Dante devait être son seul inspirateur, celui qui lui pouvait fournir tous les
sujets où lame de Scaramuzza, amoureuse de tout ce qui est grand et beau, désirait ardemment
s'attacher.

Et véritablement les sujets de la Divine Comédie sont infiniment variés, solennels, célestes, fiers,
attendrissants ou grotesques. Dante a tous les genres de beautés, des plus éthérées aux plus
horribles; il touche à toutes les cordes du cœur; il inspire tous les sentiments : l'amour humain,
le divin, la béatitude ascétique et la volupté, l'amour de la patrie et la haine de parti, la joie
sereine, l'épouvante et l'horreur. Il donne tous les effets, des ombres éternelles de l'enfer aux
splendeurs infinies du paradis ; il nous fait passer à travers tous les spectacles, des fosses peuplées
d'affreux diables à la montagne du purgatoire égayée par le soleil, au paradis terrestre éternellement
fleurissant, aux cieux éclatants de lumière.

Cette variété de choses, de figures, de sentiments, d'effets, fait la joie des grands artistes, des
artistes entiers, c'est-à-dire des artistes capables de saisir toute beauté ; et elle est le désespoir des
autres. — Scaramuzza, qui est des premiers, devint et devient de jour en jour plus amoureux de son
grand poëte.

Mais le seul travail de croquis ne satisfaisait pas tout à fait Scaramuzza. A Michel-Ange, à
Raphaël, au Corrége, on avait donné des parvis, des coupoles, des palais, des maisons royales, des
temples. Scaramuzza aussi chercha des murailles où pouvoir rendre ses grandes conceptions. On lui
donna une large salle de la Bibliothèque royale de Parme et il y peignit quelques sujets des plus
beaux et des plus importants du poëme. Il couvrit la voûte des scènes délicieuses du paradis,
égayées d'une lumière céleste, et représenta les Limbes sur les deux plus larges parois. On voit ici
les plus célèbres savants de l'antiquité entourant Aristote que Dante appelle le maître des doctes.
On y peut distinguer, par la physionomie ou par des objets qu'ils tiennent à la main, ou par la place,
ou par quelque autre détail, Socrate, Démocrite, Diogène, Anaxagore, Euclide, Zenon, Thaïes
et d'autres encore. La scène est éclairée par une lueur rosée et étrange, parce que Dante dit que les
rayons d'un feu [foco), d'une lumière (lumiera) y sont répandus. La composition est grandiose et
distribuée avec beaucoup de science et on peut la comparer à l'Ecole d'Athènes et à l'Hémicycle.

Ce qui est important à savoir pour les artistes, c'est le procédé par lequel Scaramuzza a exécuté
ces peintures. On sait que les anciens ont connu une peinture qu'on disait encaustica, encanstus,
èyxaucTo; (encaustique), parce qu'on y employait (on ne sait de quelle façon) le feu. Scaramuzza essaya
d'imiter ce procédé par une solution de cire dans du galipot à l'aide d'un peu de vernis : les peintures
réussissent avec un effet frappant; elles ont plus de vivacité que les peintures à fresque, les teintes y
sont mieux maniées que dans les tableaux à l'huile. Leur durée semble devoir être très-longue, car
ces peintures de Scaramuzza n'ont rien souffert depuis plus de trente années. — Je recommande
cette manière de peindre, si propre aux appartements modernes, aux petits surtout, puisque les
peintures à la cire font un très-bon effet, même regardées de près.

Après avoir peint la salle appelée de Dante, Scaramuzza demanda aux gouvernements des murs,
des coupoles ou des palais, pour les peupler des créations dantesques : il n'obtint rien. Il songea alors
à faire un ouvrage singulier qui eût plus d'originalité que les peintures qu'il avait projetées : il traça
les cartons illustratifs dé toute la Divine Comédie; après, il se mit à les achever à la plume comme des
gravures; et voilà comment naquit et croît cet ouvrage extraordinaire qui va être fini dans deux ans.

On ne peut raisonner ici des beautés de ces deux cent quarante-deux cartons : on peut seulement
signaler les choses les plus marquantes.

D'abord, qu'est-ce que c'est que le poëme de Dante?

Quant au genre littéraire auquel il appartient et à son origine, c'est une des innombrables visions
d'outre-tombe du xive siècle et des précédents. — Eh bien! à cause de cela, il faut que ce qui est
représenté dans les illustrations ait les caractères particuliers du monde éternel, comme l'avaient
créé la fantaisie de ces siècles. Les âmes de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis, les diables, les
anges, les allégories, les symboles, les personnifications, tout enfin doit être rendu comme il a été
imaginé par les poètes, le peuple, les moines de cette époque-là et comme le représenta Dante que
les contemporains appelaient le théologue (theologus Aligherius), Dante, que Raphaël a peint parmi
 
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