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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Yriarte, Charles: Le Palais Royal de Madrid, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0379

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LE

PALAIS ROYAL DE MADRID

les origines du palais.

e palais de Madrid, résidence habituelle des souverains de l'Espagne,
n'est certes pas, comme demeure historique, à la hauteur de l'illustration
de ce noble et malheureux pays ; la ville elle-même est moderne, moins
toutefois qu'on ne se plaît à le dire dans des guides peu renseignés et
pour lesquels l'histoire de la cité très-noble et très-loyale commence à Phi-
lippe II.

Dès le xme siècle, Madrid sert de résidence aux Cortès et compte
dans l'histoire de Castille; mais l'unité espagnole n'est pas encore accom-
plie, et ne le sera que par l'union de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle
la Catholique. La cour est errante, même quand les deux plus grands
royaumes de l'Espagne sont réunis sous un seul sceptre. Hier, il y avait un souverain à Tolède, un
autre à Murcie, un autre à Léon, un en Navarre; un calife régnait à Grenade, à Séville, à Cordoue :
et à mesure qu'Alphonse, Ferdinand III, Isabelle et Ferdinand d'Aragon conquéraient pied à pied le
sol, ils plantaient leurs palais comme on plante une tente mouvante le soir d'une bataille, ou cam-
paient dans les alcazars et les alhambras des Maures qu'ils chassaient devant eux.

Saragosse, Valladolid, Burgos, Léon, Cordoue, Séville, Murcie, Tolède avant tout, ont plus de
souvenirs que Madrid; quand Charles-Quint règne à la fois sur deux mondes, il chevauche sans cesse
et ne se fixe jamais; il loge à la nuit à Burgos, à Avila, à Tolède où il laisse sa trace; Philippe II
nourrit autant de projets et embrasse un aussi vaste empire, mais de son Escurial il dicte ses ordres à
ses capitaines et ils obéissent. Génie sombre et souverain casanier, il va du trône à l'autel et de l'autel
au trône; il lui faut un palais, une ville et une cour à demeure : le premier il se fixe à Madrid, où
son père avait reçu la nouvelle de la bataille de Pavie et retenu François prisonnier, et il en fait sa
ville capitale.

L'emplacement choisi par Philippe II pour y jeter les fondements de la résidence royale est le
même que celui qu'occupe aujourd'hui le palais, le même qu'avaient aussi choisi les premiers rois de
Castille pour y asseoir VAlca\ar. Je ne doute point qu'en fouillant les estampes de la collection Carde-
rera ou en examinant avec soin les monuments espagnols, on ne retrouve une vue de cette résidence
des rois de Castille, qui précéda celle de Philippe II et qui devait être encore plus une forteresse qu'un
palais; mais si les archéologues de la péninsule ont exercé leur sagacité sur ce sujet, qui en est digne,
la plupart des historiens modernes ne remontent pas au delà du xvie siècle pour les origines ou la des-
cription : et il n'est même pas facile de se faire une idée de la forme et du caractère qu'affectaient les
bâtiments royaux construits parle fils de Charles V. C'était, à n'en pas douter, sur des soubassements
énormes et de belle allure qui existent encore, une lourde et massive construction aux lignes froides et
sévères, digne de cet ascétique Herrera ou du sévère Juan Baiitista, qui avaient trouvé leur souverain
comme l'inflexible Philippe avait trouvé en eux ses architectes.

Le soubassement d'angle des terrasses longeant la route qui conduit au pont de Ségovie montre
encore, encastrés dans sa masse, un fragment d'architecture et une vierge célèbre dans toute l'Espa-
gne : la Vierge de VAlmudena, qui donnent, par le caractère des lignes et du travail, le cachet architec-
tural des constructions primitives.
 
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