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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Hamerton, Philip Gilbert: Thomas Seddon, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0290

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262

L'ART,

rien encore, une vive surexcitation le gagne déjà, et plus tard, lorsque d'un sommet aride il découvre la
ville sainte à laquelle il a pensé chaque jour depuis son enfance, il lui faut tout l'empire sur soi qui
caractérise les Anglais, et toute leur crainte de laisser voir une émotion, pour ne pas fondre en larmes.

Bientôt après il est installé dans sa tente, à l'ombre d'un vieil olivier, avec la vallée de Josaphat
devant lui. Au second plan, il voit les pentes des monts Moriah et Sion, et dans le lointain le mont des
Oliviers. Il est tout près des jardins de Salomon et peut apercevoir les énormes pierres qui apparte-
naient au mur extérieur de son temple. Il serait difficile de trouver sur terre un voisinage aussi intéres-
sant pour un voyageur tel que Seddon, dont la vie religieuse est au moins aussi continue que la vie
artistique.

Établi dans sa tente, il se trouve séparé de son ami Hunt, qui peint des figures dans son atelier en
ville. Il ne voit pas un Européen, excepté le dimanche quand il va à l'église à Jérusalem. Il se lève
avant le soleil, déjeune et peint d'après nature jusqu'à onze heures, dîne et se repose jusqu'à deux
heures, puis se remet à peindre, et continue jusqu'à six heures du soir. Ses heures de travail, dit-il,
étaient plus longues au commencement, mais sa santé s'en ressentait et il fallut les restreindre. Pen-
dant la fraîcheur du soir il quitte la tente et va se promener à pied, tout seul, puis revient se coucher
dans la tente, gardé seulement par un serviteur arabe, qui est armé, mais qui dort aussi. Le domestique
a établi sa cuisine dans les chambres d'un ancien sépulcre creusé dans le roc, où il a trouvé une source
d'eau. Il travaille ainsi jusqu'au mois de septembre, pendant les grandes chaleurs, mais en septembre le
climat devient plus tempéré et le temps est délicieux. Depuis cinq heures du soir il fait même frais, et
les nuits sont froides. La santé générale du peintre a été bonne; cependant il souffre de son isolement
et parle de son « long exil ». Alors il tombe malade, travaille quand même, devient naturellement plus
malade encore, ce qui lui fait perdre plusieurs jours à se remettre. Trois semaines plus tard la maladie
revient, cette fois avec plus d'intensité, et il perd douze jours, qu'il passe assez heureusement dans une
petite tour carrée appartenant à un de ses amis anglais, et admirablement située vers le sommet du mont
des Oliviers.Après ces interruptions vient un petit voyage pour sa santé; il va avec Hunt et deux autres
compatriotes à Hébron, excursion assez fatigante pour un convalescent, car il passe onze heures de
suite à cheval. Voilà à peu près la seule excursion qu'il se permet. « La monotonie de mon travail
journalier, dit-il, ne me permet guère de remplir un journal intéressant, comme les autres voyageurs.
Je ne cherche rien qui ne regarde pas spécialement mon but, je ne suis pas venu ici pour m'amuser.
Quand j'ai choisi un endroit pour travailler, je vais m'y asseoir pendant un mois ou deux et ne vois
que les paysans qui m'entourent. » Plus loin, dans la même lettre, il dit que Jérusalem demanderait
deux ou trois ans et exprime son admiration pour les paysages environnants. La mer Morte le frappe
surtout avec la longue chaîne des montagnes de Moab, voilées en automne par une brume légère qui
leur communique un air mystérieux comme si elles n'appartenaient pas au monde de la réalité.

Philip Gilbert Hamerton.

(La fin prochainement.)
 
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