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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Tourneux, Maurice: Prosper Mérimée: Ami de Delacroix. Ses dessins et ses aquarelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0299

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270 L'ART.

encore été que deux fois révélées au public : L'Autographe du icr août 1865 a donné une grenouille
en falbalas, esquissée par Mérimée pendant le fameux réquisitoire de M. Dupin contre le luxe des
femmes : commentaire inattendu d'une page austère de M. Alphonse Peyrat sur le même discours.
Dans un album publié l'année dernière par M. Aglaùs Bouvenne on trouvera une sorte de char-
cutière espagnole, oubliée sur un pupitre de l'Institut et entourée d'une guirlande d'ébauches et de
mots russes.

A défaut de sa bibliothèque, qui a été dévorée par l'incendie, c'est dans les lettres de Mérimée
que l'on trouverait le plus grand nombre de croquis; le seul recueil important qui en ait été publié
depuis sa mort, les Lettres à une inconnue, fournit à ce sujet plus d'un renseignement forcément très-
vague, mais qui a néanmoins son prix. Dès les premières pages on le voit copiant un Velasquez en
l'honneur de M"0 X : « Depuis que vous ne voulez plus de mon aquarelle, j'ai assez grande envie de vous
l'envoyer. J'en étais mécontent et j'avais commencé une copie d'une infante Marguerite d'après Velas-
quez que je voulais vous donner. Velasquez ne se copie pas facilement, surtout pour des barbouilleurs
comme moi. J'ai'recommencé dix fois mon infante, mais à la hn j'en suis encore plus mécontent que
du moine. Le moine est donc à vos ordres... » Un peu plus loin, à la suite d'un rêve qu'il lui raconte et
dont l'explication menace d'être obscure, il ajoute : « Pour vous faire mieux comprendre la scène, je
vous envoie un dessin. » La grande affaire à cette époque c'était le portrait, sans cesse tenté, de
l'amie. — « (8 avril i84}.)Vous aurezvotre portrait en Turquesse que j'ai peu arrangé. Je vous ai mis vin
narghilé à la main pour plus de couleur locale. » — (5 décembre 1844.) « J'ai commencé ce soir
le dessin que vous me commandez. C'est difficile à faire. Vous tenez donc à ce champ de chardons? Je
vous apporterai mon esquisse et aussi votre portrait. Je vous ai donné vos yeux mauvais. » — (12 sep-
tembre 1846.) « Je crois vous avoir parlé de deux portraits. J'en ai maintenant au moins trois, et à
chaque tentative infructueuse, j'ai recommencé sans détruire le premier portrait et sans mieux réussir;
enfin, vous verrez si ma mémoire m'a bien ou mal servi. Vous me demandez quelle robe? En vérité, je ne
m'en suis guère préoccupé; mais ce n'est pas là que gît la ressemblance. Je désespère de saisir jamais
l'expression indéfinissable de votre physionomie. » — En bateau à vapeur sur le Rhin, la dimension
phénoménale des pieds d'une Allemande et la forme extravagante de sa coiffure exigent, pour être
convenablement rendues, un croquis dont le lecteur n'a que la mention. Lors de ses premiers séjours
à Cannes, il est repris de sa fureur de peindre : « Je fais des paysages tous plus beaux les uns que les
autres. Malheureusement, il y a ici un collègue qui m'a escamoté mes deux meilleurs ouvrages. Mon
ami, qui est peintre plus véridique que moi, est dans une perpétuelle admiration de ce pays-ci.
Nous passons nos journées à faire des croquis. » (2,2 janvier 1859.)—A Londres (31 août 1861), c'est
lé portrait d'un gorille empaillé qui le sollicite. A Fontainebleau (4 août 1868) il fait la copie d'un
portrait de Diane de Poitiers, d'api-ès le Primatice. « Elle est représentée en Diane habillée d'un
carquois, et il est évident qu'elle a posé et que des pieds jusqu'à la tête tout est portrait. »

Il est assez singulier qu'avec un goût aussi vif pour le dessin, Mérimée n'ait pas songé à orner ses
livres, suivant les us romantiques, de quelques frontispices : le Théâtre de Clara Ga^ul, la Jacquerie, la
Chronique de Charles IX, où les sujets ne manquaient pourtant pas, parurent sans la plus petite
vignette, mais le portrait lithographie d'Hyacinthe Maglanovich, qui accompagne la Gu^la, bien que
signé A. Br., est certainement de Mérimée. D'autres veulent y voir son propre portrait, orné de
moustaches, tout comme le grave M. Delécluze avait dessiné, pour le Théâtre de Clara Ga\ul, une
Espagnole aux épaules nues qui est, en fin de compte, l'effigie de l'auteur réel.

Si Mérimée négligeait l'illustration de ses livres, se contentant de les faire imprimer sur beau
papier et en beaux caractères, il aimait à illustrer les manuscrits de certaines nouvelles qu'il offrait à
de grandes dames. La Chambre bleue fut trouvée aux Tuileries, copiée de sa plus ferme écriture, sur
un cahier relié de format in-18, et terminée par une petite aquarelle représentant le sang de l'Anglais
coulant sous la porte et effleurant la mule de la jeune femme. Il existe de cette petite aquarelle trois
reproductions sur bois et une à l'eau-forte : dans VIndépendance belge, où la Chambre bleue parut tout
d'abord; dans la première édition des Dernières nouvelles (encore manque-t-elle à beaucoup d'excm-

ï. Sept dessins de gens de lettres, Rouquette, 1874, in-folio.
 
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