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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Pinchart, Alexandre: Les tapisseries représentant l'histoire de la conquête de Tunis
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0463

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LES TAPISSERIES REPRÉSENTANT LA CONQUÊTE DE TUNIS. '• 419

26 mai 1536, un octroi pour pouvoir seul imprimer et vendre une gravure représentant le siège de
Tunis, gravure que n'ont pas connue P. J. Mariette et d'autres qui ont écrit sur la matière. Pendant
plusieurs années il s'occupa de reproduire les événements dont il avait été le témoin sur les cotes
d'Afrique. Charles-Quint avait toujours eu l'idée de les faire reproduire en tapisserie dans de très-
grandes dimensions, et lorsqu'il fut satisfait des compositions de l'artiste, et que celui-ci eut terminé
ses esquisses, Marie, reine douairière de Hongrie, sœur de l'empereur et gouvernante générale des
Pays-Bas, passa avec Jean Vermeyen un contrat, que tous deux signèrent à Bruxelles, au mois de
juin 1546.

Charles-Quint était alors à Ratisbonne, où il avait convoqué la diète de l'empire, et il s'y préparait
à écraser les confédérés de la ligue de Smalkade. Il avait donné ses instructions à sa sœùr avant de
partir. Vermeyen s'engage par ce contrat à exécuter « selon le vray naturel de sa main propre et sur
bon grant papier » les patrons dçs tapisseries dans l'espace de .dix-huit mois, c'est-à-dire pour la fin de
l'année 1547. 11 était autorisé à se faire aider par les plus habiles artistes des Pays-Bas, et devait
employer à peindre les cartons « les meilleures et plus belles-vives couleurs que se pourront recou-
vrer ». Une autre condition lui était encore imposée : il était obligé d'abandonner tout autre ouvrage
pour commencer immédiatement le travail important dont l'empereur l'avait chargé, et il ne pouvait
rien entreprendre avant son entier achèvement. La rémunération avait été fixée à 32 sous, de
2 gros la pièce, monnaie de Flandre. Aussitôt une pièce terminée, son auteur pouvait en réclamer
le prix. Ce mode de payement devait faciliter la prompte élaboration de l'œuvre : aussi Vermeyen
put-il livrer les douze cartons dans le délai exigé; il reçut de ce chef une somme d'environ
1,800 livres.

Leur reproduction en tapisseries de haute lisse fut confiée à Guillaume de Pannemaker, fabri-
cant à Bruxelles, et de la famille de ce Pierre de Pannemaker, qui avait fait pour le compte de Mar-
guerite d'Autriche, duchesse douairière de Savoie, de si belles tentures d'après les cartons de Bernard
Van Orley, peintre et artiste de cette princesse. En 1527, le haut-lisseur et l'artiste avaient été com-
promis pour avoir assisté à des prêches calvinistes qui avaient eu lieu clandestinement chez eux ;
nous publierons probablement un jour leur curieux procès. Van Orley était alors tombé en disgrâce,
et Jean Vermeyen avait été nommé peintre de l'archiduchesse au mois de juin 1529.

Guillaume de Pannemaker signa un engagement avec la reine Marie de Hongrie, le 20 février 1550,
selon notre manière de compter. Les tapisseries devaient être travaillées de fils d'or, d'argent, de soie
et de laine. Les fils d'or et d'argent étaient fournis aux frais de l'empereur ; les soies avaient été
tissées et teintes en Espagne, et dès l'année 1545, quelqu'un avait été envoyé à Grenade pour en
surveiller la fabrication. Elles se divisaient en dix-neuf couleurs qui comprenaient de soixante à soixante-
cinq nuances. Les ressources des artisans du xvi° siècle étaient donc assez restreintes, et cependant
que de merveilles ils nous ont laissées! Quant à la laine, on ne pouvait employer que de lasayette la
plus fine qu'il fût possible de trouver.

Les deux contrats dont nous parlons ont été publiés par M. Houdoy, dans une brochure1, mais ce
laborieux investigateur des archives du département du Nord et de la ville de Lille n'a rien connu des
autres particularités que nous rapportons ici au sujet des cartons des tapisseries.

Les précautions les plus minutieuses furent donc prises pour avoir des matières de qualités tout à
fait supérieures. Quant à l'œuvre du tapissier elle-même, il fut d'abord soigneusement déterminé
comment il devait employer les fils, puis il fut stipulé que sept ouvriers devaient travailler à la fois à
chaque pièce dont le patron lui aura été livré. De Pannemaker était tenu de les livrer à mesure de
leur achèvement, mais il s'engageait à ne les remettre que si elles avaient été reconnues vraiment
parfaites par les gens compétents. Il était bien dit que la correction de tous les défauts qui auraient
été signalés était à sa charge. Ce fabricant devait être payé, par aune de Bruxelles, sur le pied de
12 livres, de 40 gros, monnaie de Flandre, la livre; il lui fut promis en outre une pension annuelle
de 100 livres à partir du jour de la signature du contrat, et ce « en considération et respect que ledit
Guillaume s'acquittera bien etléaulement comme ung homme de bien doibt faire en ce que dessus, et

1. Tapisseries représentant la Cj.:q:,éte du royaume de Thunes par l'empereur Charles-Quint} Lille, 1873.
 
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