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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Schoy, Auguste: Rubens, [2]: architecte et décorateur son influence sur l'art aux Pays-Bas (1622-1715)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0188

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Le fronton en angle obtus présente à son point culminant une aigle bicéphale supportant un
globe; les abouts de ce fronton sont reçus par des consoles à têtes de bélier. L'attique est
surmontée d'une balustrade dont les dés d'acrotère, placés aux extrémités, portent des vases de
galbe tourmenté, s'appuyant sur des têtes d'ange. Les deux dés du milieu, à l'aplomb des
colonnes, supportent les statues de Mercure et de Minerve, patriotique réminiscence des Her-
mathénées, rébus flatteur, tristement cher aux Anversois depuis la fermeture de l'Escaut.

Toute cette ordonnance est conçue en style italien, et, n'étaient ses proportions un peu
ramassées, elle rappellerait à merveille les motifs décorant les Entrées des vignes des prélats et
seigneurs romains, et tout particulièrement la porte des jardins Sforza et de la vigne Grimani
du dessin de Michel-Ange.

Quant à la façade du bâtiment qui s'étend à droite, on voit de prime abord que son ordon-
nance constitue un travail de replâtrage et d'appropriation, et que Rubens aura été gêné par les
hauteurs des appartements de l'ancien bâtiment dont il aura voulu conserver les plafonds et les
solivages. Le rez-de-chaussée, d'ordre dorique, est évidemment trop bas. Des niches à pans
coupés, encadrées de bossages vermiculés et renfermant des bustes antiques, en occupent les
trumeaux. La cage d'escalier est éclairée d'une grande verrière en rose à meneaux gironnants,
dont le type, très fréquent à Anvers, a persisté jusqu'à nos jours.

L'étage au-dessus servait de musée au peintre; il est percé de hautes fenêtres cintrées, sans
meneaux, dont les trumeaux séparatifs sont également ornés de bustes placés sur des consoles en
forme de gaines. L'appui du second étage au-dessus de ces fenêtres cintrées est orné d'un bas-
relief. L'ordonnance de cet étage, toute de fantaisie, est fort caractéristique, grâce à l'originalité
de ses encadrements et au type accentué de ses cariatides.

Cet ensemble décoratif est évidemment inspiré des palais de Gênes que Rubens avait étudiés
et mesurés, et en particulier des façades du palais de Geronimo Grimaldi, prince de Seraci
(pl. XXIV), de celle du marquis Luigi de Morsascho (pl. XXVII) ou bien de celle du seigneur
Giovan Battista Adorno (pl. XXX). Le motif surmontant le linteau des fenêtres est, chose digne
de remarque et déjà signalée plus haut, à peu près identique à ceux que l'on voit à Bruxelles
dans la cour du Conservatoire royal de musique (ancien hôtel Tour et Taxis) et à la façade
de l'hôtel Éliat, rue Neuve.

Nous tenons à constater ce fait, qui, en sus de la tradition, fournirait une similitude archi-
tecturale indéniable. Remarquons encore une fois cependant que les consoles du balcon de ce
même hôtel Éliat appartiennent, par leur forme générale et le style des arabesques qui les
couvrent, à la manière de Vredeman de Vries qui a gravé des motifs similaires dans son
« Cahier de supports de cheminée ».

On peut se faire une juste idée des arabesques grasses et nourries de l'époque de Rubens,
en étudiant celles dont il a décoré les frises de ses Arcs de triomphe, celles de l'ordonnance
ionique de la façade de l'église des Jésuites d'Anvers et celles qu'Arnold Quellijn a sculptées à
l'hôtel de ville d'Amsterdam. Ces dernières ont été gravées par son frère Hubert. Les consoles
— Rubens les emploie à foison dans ses Arcs de triomphe —■ affectent toujours ces formes
callipyges, campanulées, gélatineuses, dont les motifs furent adoptés avec une sorte d'enthou-
siasme par ses contemporains et ses élèves. On les retrouve avec leurs plantureux développements
dans les larges culs-de-lampe des statues d'apôtres érigées au xvn" siècle dans les églises de
Bruxelles, de Gand et d'Anvers par Du Quesnoy, Faid'herbe, Tobias, van Delen, Mildert et
Arnold Quellijn.

A travers la porte, placé sous l'ordonnance que nous venons de décrire et donnant accès à
l'intérieur de l'habitation, on aperçoit un escalier à rampe formée de riches balustres placés sut-
un limon plein, dont le champ est décoré d'arabesques. Cet escalier conduisait à un portique ou
loge ouverte en partie, obstruée par une peinture de grande dimension qui, sans raison apparente,
coupait assez disgracieusement la partie supérieure de l'arcade centrale et de celle placée à
droite. Cette vaste cage d'escalier et cette Loggia constituaient une véritable innovation. Cette
ordonnance essentiellement italienne dut étonner aux Pays-Bas à l'époque de sa construction; elle
 
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