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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0316

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les oreillettes, des armes sont disposés en riches trophées sur les
côtés du timbre, deux esclaves en arrière, et la déesse Diane est
représentée deux fois sur la crête du casque. »

Le casque et le bouclier de Charles IX sont des armes de
parade ; trois sortes d'émaux les décorent (opaques, translucides,
cloisonnés). La composition du bouclier, évidemment inspirée
de celle qui décore le bouclier de Henri II, représente un
ensemble d'opérations militaires. Le casque est décoré d'une
tête de Méduse et de trophées ; sur les oreillettes on voit d'un
côté un Mars et de l'autre une Victoire assise.

Il ne suffisait pas que l'homme fût cuirassé du haut en bas,
il fallait encore préserver sa monture des coups du dehors.
L'armure du cheval est moins compliquée que celle du cavalier,
mais elle n'est pas moins riche.

Le Musée historique de Dresde, un des plus riches du monde
en pièces historiques, renferme, entre autres chefs-d'œuvre, la
magnifique armure de parade de l'électeur Christian II, une des
plus belles qui soient restées du xvr siècle. D'admirables bas-
reliefs, représentant les travaux d'Hercule, décorent les diffé-
rentes pièces de l'armure du cheval. Ces bas-reliefs sont disposés
en médaillons encadrés dans une riche ornementation. Sur l'un
des flancs, on voit le héros enfant et assis sur son berceau,
saisissant dans ses petites mains les deux serpents envoyés
contre lui, et au-dessus Hercule frappant de sa massue le
sanglier d'Érymanthe.

Sur la partie antérieure du caparaçon du cheval, trois
médaillons représentent le combat contre les Centaures, l'épi-
sode du lion de Némée et la lutte avec Antée. Sur la partie pos-
térieure, on voit d'autres sujets, l'hydre de Lerne, l'aventure de
Cacus, etc.

Le chanfrein ou plaque frontale du cheval est très richement
décoré d'arabesques : on y voit peu de scènes de la vie
d'Hercule, mais simplement une image du héros placée au
centre dans un petit médaillon.

Le harnais des chevaux est aussi quelquefois d'une grande
richesse. La collection des écuries impériales et royales de Vienne
possède plusieurs modèles de harnachements, dont la décoration
composée de fleurs et d'entrelacs semble empruntée au style
oriental.

Les armes orientales présentent dans leur décoration un
caractère absolument différent de celui que nous avons vu dans
celles de l'Occident. La figure n'y joue aucun rôle : la flore avec
les rinceaux et les entrelacs en constitue le svstème ornemental.

Le bazar des armes à Constantinople est le point de l'Europe
où on peut le mieux se faire une idée de la fabrication orientale.
« Là, dit Théophile Gautier, se retrouvent les grands turbans
évasés, les dolmans bordés de fourrures, les larges pantalons à
la mameluk, les hautes ceintures et le pur costume classique.
Les richesses entassées dans le bazar des armes sont incalculables :
là se gardent ces lames de damas, historiées de lettres arabes,
avec lesquelles le sultan Saladin coupait des oreillers de plume
au vol et qui portent sur le dos autant de crans qu'elles ont
abattu de têtes; ces kandjars dont l'acier terne et bleuâtre perce
les cuirasses comme des feuilles de papier et qui ont pour
manche un écrin de pierreries ; ces vieux fusils à rouet et à
mèche, merveilles de ciselure et d'incrustation ; ces haches
d'armes qui ont peut-être servi à Timour, à Gengiskan, à Scan-
derbeg, tout l'arsenal féroce et pittoresque de l'antique Islam.
Là rayonnent, scintillent et papillotent sous un rayon de soleil
tombé de la haute voûte, les selles et les housses brodées d'or et
d'argent, constellées de soleils et de pierreries. Ce bazar est
considéré comme si précieux, qu'il n'est pas permis d'y fumer;
ce mot dit tout, car le Turc fataliste allumerait sa pipe sur une
poudrière. »

Constantinople, où viennent s'accumuler depuis des siècles
toutes les richesses de l'industrie orientale, n'est pourtant pas
une ville de travail, et les Turcs, pour leur part, n'ont pas
apporté d'éléments nouveaux à l'art des Arabes, qui était en

pleine prospérité à Damas et au Caire lorsqu'ils se sont rendus
maîtres du pays. Le travail des armes de luxe n'est du reste
dans tous ces pays qu'une branche de l'orfèvrerie, et l'ornemen-
tation qui décore les casques et les boucliers est celle qu'on
retrouve dans les aiguières et dans les lampes des mosquées.

« Les sabres persans ou turcs, dit A. Jacquemart, sont tous
courbes et à poignées assez simples de forme, leur mérite est
dans la lame seule; l'Inde offre, au contraire, assez souvent des
armes droites, sortes d'épées ou de sabres à spatule vers le bout,
appelés kounda. Presque toujours les poignées indiennes se
distinguent par leur petite dimension et par une rondelle en
forme de cuvette servant de pommeau ; parfois cette cuvette est
surmontée d'une petite tige un peu recourbée. On trouve aussi
des épées indiennes dont la poignée arrondie enveloppe la main
et se continue par un brassard ; comme on en trouve dont la
lame est flamboyante ou en dents de scie.

« Inutile de dire que les poignards sont non moins riches
que les sabres ; souvent damasquinés sur la lame, ils ont des
poignées précieuses de la plus grande élégance. Le jade, le cris-
tal, rehaussés de pierres précieuses serties d'or, en sont les élé-
ments les plus ordinaires, et, chose vraiment remarquable, cette
richesse et ce goût semblent s'étendre à toutes les nations d'ori-
gine indienne, à l'empire birman, la presqu'île de Malacca, le
royaume de Siam et jusqu'à Java. Ce qui permet de distinguer
toute cette dernière famille de produits, c'est la présence de
figures monstrueuses étrangères aux habitudes d'ornementation
des Indous proprement dits.

« Il y a là, surtout parmi les poignards et à commencer par
les khouttars, toute une collection précieuse et intéressante à
former, les kris et les couteaux malais avec leurs ciselures mer-
veilleuses creusées dans l'or et l'argent venant clore la série.

« Nous voudrions parler des masses d'armes aux ailes
découpées à jour, aux hampes damasquinées et rehaussées de
turquoises ; des haches d'armes au tranchant bordé d'inscrip-
tions, au fer damasquiné d'or, qui transforment parfois leur
hampe en un pistolet primitif à mèche, et de ces armes d'hast,
lances au fût peint en laque des plus riches arabesques ou tout
en fer ciselé, à la lance ciselée de fines arabesques et relevée
de rubis. »

Les armes formaient certainement la partie la plus intéres-
sante de la magnifique collection d'objets indiens, exposés par
le prince de Galles en 1878. Il y avait là des poignards, des
sabres, des boucliers, des fusils, des harnais, des selles d'une
incomparable richesse, et qui n'étaient pas moins remarquables
par la délicatesse et le fini des ornements que par la profusion
des pierres précieuses qui les décoraient de toutes parts.

On lit dans le Manuel de la Section des Indes britanniques :
« Dans l'une des vitrines centrales, on remarque le canon d'un
magnifique fusil à mèche splendidement damasquiné en or,
avec'une sorte de dessin de fleurs de pavot, les têtes des fleurs
s'abaissant l'une au-dessus de l'autre de toute la longueur du
canon. C'est le plus beau modèle de damasquinage de toute la
collection du prince. Tout près se trouve un fusil à mèche
persan, dont la crosse est sculptée en ivoire sur un fond brun
chocolat, et représente des scènes de la vie des animaux sau-
vages; chaque groupe est un véritable camée. Les armes les plus
riches resplendissent d'or, d'émaux et de pierres précieuses, et
sont généralement de pur dessin indien. Il n'y a à la vérité que
peu de place laissée à l'envahissement du dessin européen dans
les armes orientales. Il y a cependant plusieurs épées et poi-
gnards de dessin indigène qui ont été montés par des ouvriers
anglais, et l'effet qui en résulte n'est pas moins déplorable que
lorsque les ouvriers indigènes purs imitent à la lettre les dessins
européens.

« Le caractère mécanique des manufactures européennes
exige dans l'ensemble un fini mécanique, tout à fait déplacé dans
les compositions hardies et de libre allure des ouvrages supérieurs
artistiques du pays, dans lesquels le fini est rigoureusement
 
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