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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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École Nationale des Beaux-Arts
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0267

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240

L'ART.

a Certains esprits pessimistes réclament contre la part, trop
grande selon eux, que les études historiques ont prise dans
l'éducation artistique ; ils y voient une cause de décadence, le
symptôme d une diminution de l'activité productrice et de la
personnalité. Peut-être, en effet, vaudrait-il mieux, pour l'hu-
manité et pour l'art, retrouver cette période de jeunesse où
l'artiste, ignorant le passé, insoucieux de l'avenir, tout entier à
l'action présente, trouvait en lui-même et dans les sentiments de
ses contemporains le principe exclusif de ses créations. Mais ce
temps, qui nous le rendra } L'art peut-il s'isoler au milieu d'un
monde avide de savoir, et prolonger artificiellement pour lui seul
une période historique disparue ? Peut-il se séparer de la société
moderne, et n'en traduit-il pas, malgré lui, les aspirations
inquiètes, les tendances multiples ? D'ailleurs est-il bien démontré
que la production artistique doive fatalement s'énerver et se
débiliter au contact des études historiques} L'Italie de la
Renaissance ne nous offre-t-elle pas le spectacle magnifique
d'une génération menant de front la recherche scientifique dans ce
qu'elle a de plus minutieux et de plus patient, avec la production
artistique la plus éblouissante} Il serait d'ailleurs puéril de
chercher à prévoir l'avenir d'un art qui échappe à toutes les
analogies. Tandis que l'architecture, la peinture et la sculpture
ont déjà plusieurs fois, depuis le christianisme, parcouru en
entier le cycle de leurs transformations, la période de la réflexion
commence à peine pour la musique.

«Au fond, la'méconnaissance volontaire de l'art antique
implique un préjugé malveillant à l'endroit de la musique elle-
même, et ne va pas à moins qu'à lui refuser toute valeur esthé-
tique durable. S'il était vrai que les compositions d'Olympe,
tenues pour divines pendant des siècles, ne dussent être pour
nous que pure bizarrerie, de quel droit croirions-nous à la per-
pétuité des créations d'un Bach, d'un Hamdel, d'un Beethoven }
Ces chefs-d'œuvre, auxquels nous devons des jouissances si
élevées, deviendraient donc fatalement, à leur tour, des énigmes
pour nos descendants ? Mais alors la musique ne serait qu'un
fantastique jeu de sons, sans but sérieux, sans racines dans le
passé, destiné à s'évanouir dans le vide, et digne à peine d'être
compté parmi les arts. Heureusement il n'en est point ainsi. La
raison et l'expérience nous enseignent que le temps, cet impi-
toyable destructeur des formes et des procédés techniques, est
impuissant à éteindre l'étincelle divine que recèle toute création
du génie, la plus naïve comme la plus raffinée.

« Gardons-nous donc de parler légèrement de l'art antique

sous prétexte que l'harmonie y joue un rôle très-effacé. En
définitive, — et ceci a de quoi nous faire réfléchir, — les seuls
monuments musicaux qui, jusqu'à présent, aient traversé les
siècles, appartiennent à la mélodie homophone. J'ai, en ce qui
me concerne, la ferme conviction que les œuvres de nos grands
maîtres résisteront aux vicissitudes des temps ; mais il faut bien
reconnaître que l'épreuve est encore à faire. Les merveilleuses
créations de Palestrina, le dernier et le plus illustre représentant
de la polyphonie vocale du moyen âge, n'existent plus que pour
les érudits, tandis que les humbles cantilènes de saint Ambroise
résonnent encore tous les jours dans nos temples et sont le seul
aliment artistique de milliers de chrétiens. »

Ce livre, dit l'auteur, est écrit par un musicien pour des
musiciens. Il serait peut-être mieux de dire qu'il s'adresse aux
savants teintés de musique et aux musiciens teintés de science. Le
premier volume est divisé en deux parties distinctes : d'abord des
notions générales, l'indication des sources, un remarquable cha-
pitre sur le rôle de la musique dans la civilisation hellénique, sa
place parmi les autres arts et ses caractères essentiels; un coup
d'œil sur les diverses périodes de l'histoire de la musique ancienne,
et un essai de reconstitution des méthodes d'ailleurs assez impar-
faites mais ingénieuses de l'enseignement; puis un exposé com-
plet du système harmonique et mélodique. Cet exposé forme la
partie la plus considérable du volume. Le résumer est malheu-
reusement impossible. Disons seulement que l'auteur ne néglige
aucune question, aucun détail, et qu'il a pour élucider les points
les plus obscurs quantité de précieux renseignements, de rappro-
chements curieux et féconds, d'observations tour à tour protondes
ou fines. Notation, composition mélodique, harmonie, modula-
tions, transpositions, rhythme, polyphonie instrumentale, nuances
d'exécution, tout est étudié avec une conscience scrupuleuse, avec
une grande sûreté de méthode.

Ce monument d'érudition philologique et musicale est en
même temps, grâce au concours d'un éditeur ami et parent de
l'auteur, un véritable chef-d'œuvre d'exécution typographique.
Le choix des caractères, l'heureuse disposition du texte, des
titres, notes, manchettes, exemples en diverses couleurs, musique
imprimée en caractères mobiles de manière à rivaliser avec la
gravure sur cuivre pour la netteté et la pureté du résultat, l'élé-
gance de l'ensemble, le goût qui se trahit dans les moindres
détails, tout cela fait honneur à l'habile et intelligent imprimeur
gantois, M. C. Annoot-Braeckman.

Charles Vimenal.

ECOLE NATIONALE DES BEAUX-ARTS

La succession de M. Pils a cessé d'être vacante.

C'est M. Henri Lehmann, membre de l'Institut, qui est

nommé professeur. M. Lehmann est l'auteur des Océanides
du musée du Luxembourg.

NOTRE EAU-FORTE

Nous publions avec cette livraison une eau-forte inédite de | Jules Jacquemart, d'après un tableau de Greuze : l'Orage.

NÉCROLOGIE

Nous avons le regret d'apprendre la moft d'un de nos
meilleurs peintres décorateurs, artistede talent, Ch. Cambon,
décédé mercredi, 20 octobre, à Paris.

Elève de Ciceri, Cambon avait débuté vers 1825 par
des aquarelles et des sépias ; puis, suivant l'exemple de son

maître, il s'adonna bientôt exclusivement à la décoration
théâtrale.

L'Opéra, le Grand-Théâtre de Lyon, celui de Brest,
lui doivent les décorations de nombreux opéras, drames et
ballets. Il était âgé de soixante-treize ans.

Le Dxrécteur-Gèrant, EUGÈNE VÊRON.
 
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