Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

DOI Artikel:
Genevay, Antoine: Sir Thomas Lawrence, P. R. A. (1769-1830)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0434

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
392 L'ART.

Il en faisait d'ailleurs un si magnifique usage! Tous les salons de l'aristocratie lui souriaient;, et, s'il
était au mieux avec les tories de la cour, il ne i-ecevait pas un moindre accueil des whigs. Avec de
grandes dames, à qui il adressait des vers fleuris, il jouait la comédie chez le prince de Galles, et de
belles mains colportaient un album de ses poésies. Le poëte Cowper était de ses amis, Lawrence
exécuta son portrait en 1797, et fit une seconde fois celui de M" Siddons. Cette belle toile, en 186^,
ornait la galerie Vernon à Marlborough-House Une fois encore, il devait pein dre cette femme célèbre
dont tous les artistes se disputaient la tète expressive. Reynolds, nous l'avons dit, avait laissé d'elle
une image éclatante; Mrs Siddons devait encore porter bonheur à un autre grand peintre. « J'ai vu,
dit Thoré, quantité de portraits de Gainsborough, et des plus importants et des plus célèbres, par
exemple, quatre portraits en pied de la famille royale dAngleterre dans les appartements de Buckin-
gham-Palace; par exemple, à la galerie de Dulwich Collège, le délicieux portrait de Mrs Sheridan
et de M" Tickle sur la même toile, et bien d'autres. Pour moi, Mrs Siddons demeure le titre fonda-
mental de Gainsborough à l'immortalité. »

Lawrence, échauffé par le succès, peignit Rolla, Caton, Hamlet; mais avec toute la bonne volonté
possible, il ne nous est pas permis de nous arrêter devant ces toiles bien au-dessus desquelles nous
plaçons les portraits de la princesse de Galles, de la princesse Charlotte, et surtout celui de l'éloquent
Curran. Les traits de cet orateur étaient, au repos, lourds et confus, et, après plusieurs séances,
Lawrence désespérait d'en tirer quelque chose, lorsque Curran quittant l'atelier, éveillé par une parole
tombée au hasard, s'anime; une transfiguration complète s'accomplit, son visage rayonne, il va, il va,
s'abandonnant à la verve de son génie. Honteux de s'être laissé emporter par son démon familier,
Curran veut s'arrêter. « Parlez! parlez! » lui crie Lawrence, dont le pinceau vole et fait revivre le
tribun.

Mais ces bonnes fortunes sont rares chez l'artiste, ce sont des femmes, surtout des femmes de
l'aristocratie avec la soie, le velours, qu'il faut à sa brosse. Cependant, une fois, il est sorti avec un
rare bonheur de ce monde de hautes élégances. La Gjpsj Girl, que possède l'Académie royale de
Londres, est une œuvre charmante. La jeune bohémienne contre son sein nu serre un coq blanc; la
passion mystérieuse de la jeunesse, confuse mais puissante, anime tout entière cette figure qui se
détache sur un fond vigoureux de verdure.

« Hommes politiques, poètes, artistes, savants, dit M. Feuillet de Conches qui a publié un excel-
lent travail sur Lawrence, travail qui nous a été plus d'une fois utile, tout ce que TAngleterre offrait
d'illustre par la position sociale, par le talent, par la beauté, reçut une vie nouvelle de son pinceau :
Lord Grey; Lord Amherst; Sir Joseph Banks ; le comte d'Aberdeen; William Pitt; Lord Castlereagh;
George Canning; Lord Melville; Lady Elisabeth Forster; la duchesse de Devonshire; Lady Hood, depuis
Mistress Stewart ; Mackensie ; West, Fuseli, Campbell, Sir Walter Scott — beaucoup moins puissant
et beaucoup moins profond que celui de Raeburn % —■ Sir Francis Baring et sa famille; la comtesse
de Charlemont et ses enfants; la comtesse Grey; Lady Ellenborough, si célèbre par sa beauté, non
moins célèbre encore par ses faiblesses et l'éclatant procès qui la sépara de son mari; la duchesse de
Gloucester; Lady Auckland entourée de ses enfants; Lady Cowper, la duchesse de Sutherland, la grâce
et la beauté mêmes, et peintre aussi d'un talent peu commun; Mistress Arbuthnot enfin. De tous ces
portraits, les mieux réussis sont ceux de Lady Cowper, de Mistress Arbuthnot et de la duchesse de
Sutherland. »

Quelque longue que soit cette nomenclature, il faut y joindre encore les portraits de Lord Erskine,
de Lord Thurlow, de William Grant, de Miss Syndham, de Kemble, de Lady Leicester, de la comtesse
de Wilton, etc., etc.

Comme Joshua Reynolds et Gainsborough, Lawrence avait fait son propre portrait, nous l'avons
dit, lors de son arrivée à Londres, et en entreprit un second; il est malheureusement resté à l'état
d'ébauche : en 1865, cette toile précieuse appartenait au comte de Chesterfield.

Avec cette vogue, Lawrence, on le comprend, avait encore élevé ses prix; en 1808, une simple

1. Aujourd'hui au South Kensington Muséum.

2. Peint, en 1808, pour Constable, éditeur de Walter Scott. Le romancier est en pied, assis dans un paysage orné de ruines.
 
Annotationen