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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Genevay, Antoine: Sir Thomas Lawrence, P. R. A. (1769-1830)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0435

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SIR THOMAS LAWRENCE, P. R. A. 393

tête se payait 80 guinées, la plus grande dimension 320. Après la mort d'Hoppner, son seul rival
vraiment sérieux, en 1810, il exigea davantage; et, dans ses derniers temps, ses conditions étaient:
head, 200 guinées; knee-piece, 400; half-lcngth, 500; fiill-lcngth, de 600 à 700, prix sur le continent
inconnu même de David.

Nous avons dit que Lawrence avait peint la princesse de Galles, cette Caroline qui a fait beaucoup
trop parler d'elle, et qui avait pour excuse un si triste mari. Lors des scandaleux débats ouverts sur
la conduite privée de cette princesse, débats qui révoltèrent la pudique Angleterre et que l'intérêt de
la couronne devait interdire, le beau Lawrence se trouva gravement compromis; que Caroline eût
posé devant lui, il n'y avait rien à dire, mais la jeune femme, se plaisant à l'entendre, l'avait plusieurs
fois retenu, et il était resté en tête-à-tête avec elle fort avant-dans la soirée; on se souvint même
que voulant, disait-il, avoir de bonne heure une séance de son modèle, il avait passé une nuit à
Montagu-House. De là, des suppositions graves; mais, hâtons-nous de le dire, l'enquête ne les
justifia pas, et les commissaires proclamèrent la parfaite honorabilité des rapports qui avaient existé
entre Caroline et son peintre.

Cette déclaration officielle, juridique, dans une affaire aussi délicate, aurait dû satisfaire Lawrence
et lui inspirer un silence prudent; il n'eut point cette sagesse. Poussé par la plus étrange des lubies,
après le témoignage de l'enquête, un beau jour, il écrit et publie une lettre par laquelle, sous serment,
il proteste de son innocence. Il n'y eut qu'un cri dans toute l'Angleterre; et, pendant quelque
temps, poursuivi par une moquerie qui allait jusqu'à l'insulte, Lawrence devint l'homme le phis
impopulaire des Trois-Royaumes. On l'accusait d'une vaniteuse présomption et d'un manque de sens
moral, car puisque, dans la position qui lui était faite, le plus vulgaire des sentiments d'honneur lui
ordonnait de se taire, que pouvait valoir ce serment si sottement prêté? Cette tempête s'apaisa peu à
peu, et si complètement, que l'artiste soupçonné devint le peintre bien-aimé du mari, de ce prince
de Galles qui méritait si peu le nom de premier gentleman d'Angleterre qu'il aimait à s'attribuer,
au même titre à peu près que, chez nous, le comte d'Artois, avant la révolution de 89.

Mais, pendant que Lawrence peignait et gagnait des sommes insuffisantes pourtant à solder le
luxe de son hôtel, de ses plaisirs et de la galerie où il réunissait les vieilles œuvres des grands maîtres,
l'histoire marchait. Épuisé de sang par des guerres insensées, où le génie de la France n'avait rien
à voir, l'Empire, après des défaites presque aussi glorieuses que des victoires, tombait écrasé par
l'Europe entière. Sa chute était méritée. Dès que nos frontières furent ouvertes, Lawrence vint à
Paris; il voulait voir ce musée commencé par la République, et que tant de traités dictés par l'épée
avait rendu incomparable; son séjour fut de courte durée. Saint-James le rappela pour lui livrer de
grands travaux. Le régent, ce prince de Galles qui allait devenir George IV, voulait que Lawrence
peignît pour la galerie de Windsor les chefs et les généraux de la coalition victorieuse. De son
pinceau sortirent d'abord Alexandre de Russie, le roi de Prusse, Wellington, Blùcher, l'Hetman Platow.

Puis, après Waterloo, avec un large subside de voyage, sans préjudice de la haute rémunération à
lui accordée, et en partie payée d'avance, pour les portraits qu'il allait exécuter au nom de l'Angle-
terre, il se rendit à Aix-la-Chapelle, où des diplomates à vues étroites, réunis en congrès, taillaient
une nouvelle carte de l'Europe, en partageant les peuples comme de vils troupeaux. Devant Lawrence,
passèrent successivement Metternich, Hardenberg, Nesselrode, Londondery, de Gentz, l'archiduc
Charles, les généraux russes Ouvarow et Tschernicheff. Devenu, pour ainsi dire, le peintre officiel de
cette union de rois, à qui on devait donner le nom de Sainte-Alliance, le peintre anglais, fêté, comblé
de cadeaux, gagna Vienne, où il peignit le prince de Schwartzenberg, le condottiere diplomatique
comte Capo d'Istria, l'archiduchesse Charles, la princesse de Metternich. Dans les salons qui le recevaient
avec des caresses, il semait de gracieux crayons; il dessina nous ne savons combien de femmes char-
mantes, et fit un excellent portrait du pauvre enfant qui, en naissant, s'appelait le Roi de Rome.

En mai 1819, il partit pour l'Italie qu'il n'avait jamais visitée. Il allait à Rome peindre pour la collection
royale le pape Pie VII et cet habile diplomate Consalvi, dont la finesse fut si utile à la papauté.
Dans la ville éternelle il reçut le même accueil qu'à Aix-la-Chapelle et à Vienne ; outre le Saint-Père
et son premier ministre, il consentit à reproduire les traits de plusieurs cardinaux, et, ayant rencontré
Canova qui revenait de présider au démembrement du musée du Louvre, Canova dont à Londres il avait
Tome III. . <-0
 
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