Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

DOI Artikel:
Jouin, Henry: Intailles et Camées, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0297

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
INTAILLES ET CAMÉES. 275

la nièce de Domitien, le collier, les pendants d'oreilles et par-dessus tout le caractère passionné
de l'œil et des lèvres sont présents à votre esprit : eyoaoc eiioiei « Evodus l'a faite ! » Ces
mots si simples ressemblent à un cri de triomphe. C'est le défi du maître jeté à travers les
siècles et que les siècles n'ont pas relevé.

La topaze fut également l'une des pierres préférées des graveurs. On dirait une larme du
soleil ou de l'or fluide. Sa teinte chaude et joyeuse parle d'ivresse, aussi est-ce une topaze que
l'artiste grec a choisie pour représenter Bacchus tenant le thyrse et le canthare près de l'autel
où vont accourir tout à l'heure les Thyades et les Bassarides, folles prêtresses des Dionysies '.

L'hyacinthe a été fréquemment gravée. Mélange de rouge et de jaune, l'hyacinthe est sem-
blable au miel de l'Hymette lorsqu'il a plu du sang sur les sommets, après les luttes d'aigles
chantées par le poète.

C'est encore la figure de Bacchus que les Grecs aimaient à graver dans l'améthyste. On
sculpta des coupes avec cette pierre que l'on supposait capable d'écarter l'ivresse. De là, son
nom. Nous possédons la tête d'un homme chauve, vu de profil, gravée en intaille sur une
améthyste de la plus haute valeur, signée Dioscoride2. Le Régent, et après lui Visconti ont
voulu voir dans ce travail l'image de Mécène. Qu'importe si c'est un chef-d'œuvre ?

La pourpre d'or du grenat syrien, adoucie par la teinte violette de l'améthyste orientale, le
rouge sanguin du grenat de Bohême ont fait rechercher ces deux pierres dans l'antiquité.
Gravées en intailles, les Grecs avaient coutume de les porter en anneaux.

Toutes ces gemmes sont transparentes. La prase, l'opale, l'agate et la cornaline sont demi-
transparentes. Le jaspe et la turquoise sont opaques.

La prase a les tons verts de l'émeraude. L'opale ondoyante varie par sa couleur au gré du
soleil. Selon qu'on les expose à ses rayons, les ondes laiteuses de l'opale réfléchissent tour à tour
le jaune, le vert, le noir et le bleu. Les Grecs donnaient à cette gemme un surnom qui signifie
« beau comme l'Amour ». Au moyen âge, Albert le Grand désignait l'opale sous le nom
d'orphana, voulant marquer ainsi l'isolement de cette pierre parmi les plus précieuses qu'elle
éclipse de sa beauté.

L'agate rappelle alternativement la neige, la cire ou le sang. Diaphane, elle est dite orien-
tale; nébuleuse elle prend le nom de calcédoine; si l'eau de la pierre est brouillée, l'agate est
appelée cacholong. A-t-elle reçu de la nature un ton de chair, elle devient une sardoine ou une
cornaline.

Le jaspe est des plus variés dans sa gamme. 11 passe du vert au brun, du jaune d'or au gris.
On connaît encore le jaspe veiné, fleuri, sanguin et grammatique.

La turquoise n'est pas une gemme, c'est une substance osseuse, pétrifiée par le mélange
d'un oxyde de fer. Dès longtemps, les artistes l'ont travaillée : les vieux Égyptiens gravaient sur
turquoise. La Turquie, la Perse et les Indes fournissent la turquoise orientale; la Silésie, la
Bohême et la France la turquoise d'Occident. Monochrome, elle est toujours bleue, mais la
pâleur ou la vivacité de la nuance fait le prix de la turquoise. Quand elle reflète le ton pâle et
clair de l'azur, elle est sans défauts.

La turquoise, le jaspe, la prase, l'opale et les gemmes transparentes, dont j'ai parlé, servent
le plus souvent à graver l'intaille. Et si l'intaille a précédé le camée dans l'ordre du temps, si
les scarabées d'Egypte, les cônes, les barillets et les cylindres de Ninive et de Phénicie sont des
intailles, tandis que les camées les plus anciens ne remontent à grand'peine qu'à l'époque
d'Othryades, c'est le camée qui l'emporte chez les modernes parmi les pierres gravées.

Modelé comme un bas-relief, il resplendit et rayonne à l'exemple d'une fresque. Que dis-je?
si vives que soient les couleurs disposées sur le mur d'un monument, elles reçoivent la lumière
et l'éteignent. En effet, la réfraction n'est jamais plus puissante que sur une surface blanche et
nue. Les rayons du soleil tombant sur une page de Parrhasius ou de Raphaël se brisent et
s'émoussent.

1. Cabinet des médailles et antiques, n* 1626.

2. Cabinet des médailles et antiques, n» 2077.
 
Annotationen