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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Genevay, Antoine: Sir Thomas Lawrence, P. R. A. (1769-1830)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0436

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394 L'ART.

déjà fait le portrait, il le peignit une seconde fois, et, en hommage de reconnaissance, il fit au pape
don de cette œuvre. Après un séjour de travail et de fête, et avoir largement joué le rôle d'un patricien,
Lawrence remonta l'Italie. A Parme, il eut le triste honneur de faire revivre sur une toile Marie-
Louise, cette archiduchesse tombée d'un trône impérial pour devenir duchesse de Parme et de Guastalla.
Chargé de toutes sortes de titres honorifiques, mais non plus riche qu'il ne l'était a son départ, le peintre
célèbre rentra à Londres, le 20 mars 1820, avec une collection de vingt-quatre portraits qui ornent au-
jourd'hui Windsor et les résidences royales. Quelques-uns honorent le talent de l'artiste, les autres ne
sont que des documents historiques.

Depuis le départ de Lawrence un grand changement était survenu à la cour : George III avait
achevé sa longue et lamentable existencé; et quittant, le 29 janvier 1820, le titre de Régent, le
prince de Galles était monté sur le trône sous le nom de George IV. Il continua sa haute faveur à
l'artiste. Benjamin West, président de l'Académie, étant mort le 11 mars, Lawrence fut élu à
sa place le jour même de son arrivée, et, comme pour ajouter sa voix à celle des académiciens, le
Roi remit à l'élu une chaîne et un médaillon d'or sur lequel on lisait : « Sa Majesté au Président de
l'Académie Royale. »

Les sommes très-considérables que Lawrence avait gagnées pendant son tour d'Europe, il les
avait dépensées en frais de voyage ou en acquisitions d'objets d'art; de l'Angleterre, il avait peu à
toucher, ayant reçu de fortes avances; il se remit donc immédiatement au travail, et, pour la seconde
fois, il peignit cette princesse Charlotte que le peuple anglais devait tant pleurer. La galerie de Sir
Robert Peel sollicita son pinceau. Cet homme d'Etat célèbre voulait réunir les portraits des politiques
de son temps qui s'étaient occupés des grandes affaires. Lawrence fit ceux de Robert Peel, de
Wellington, encore une fois, de Canning, des Lords Eldon et Stowell, de Huskisson, du poëte
Southey et de Lady Peel. Il peignit Sir Astley Cooper ; John Albernethy; Sir Humphrey Davy, le
grand chimiste; Thomas Campbell; Lord Brougham et Thomas Moore. Le peintre semblait avoir
gagné quelques qualités dans son voyage en Italie; et, plus que jamais, il avait l'art de poser ses
modèles et de composer ses toiles. Il a excellé dans cette partie de l'art, il a poussé, aussi loin
qu'il se peut, l'habile agencement des accessoires; peut-être même leur a-t-il accordé une trop grande
importance, il les traitait d'une brosse trop complaisante : ses satins sont trop des satins; ses velours,
trop des velours.

En 1825 il vint à Paris. L'année précédente il avait envoyé à l'exposition ouverte dans le salon
carré du Louvre le portrait du duc de Richelieu, que la France venait de perdre. L'exhibition de
peinture de 1824 fut remarquable; on pouvait y voir le Massacre de Scio, par Eugène Delacroix, le
Christ en croix, de Prud'hon, le Gaston de Foix, de Scheffer, et parmi les marbres celui de Henri IV
enfant, de Bosio. Dans toutes ces œuvres on sentait l'effort de l'art se dégageant de la vieille école
et cherchant une voie nouvelle. Quoique un peu mou, le portrait du duc de Richelieu avait été fort
apprécié; et quand, l'année suivante, le peintre anglais nous fit visite, ainsi que la cour, le public
parisien le reçut avec faveur. Dans son précédent voyage, il avait peint le comte d'Artois; cette fois,
en août et septembre 1821), il exécuta les portraits de Charles X, du duc d'Angoulême, de la duchesse
de Berry, de Mmc Baring, depuis la marquise du Blaizel,' et il peignit en buste le peintre Gérard. Dans
la maison de Cuvier, où il fut reçu d'une façon intime, il laissa un beau portrait de femme.

De la même époque date une toile fort admirée qui peut donner une idée assez exacte du faire et
de la bonne moyenne du talent de Lawrence. Le portrait du jeune Master Lambton, gravé par
Samuel Cousins, fit une vive sensation et le public admira beaucoup l'élégant enfant. Là se trouvent
en effet les qualités de Lawrence, le charme de la composition, l'admirable manière de disposer le
modèle, l'éclat du pinceau, l'heureux choix des fonds, ce que nous appellerons volontiers l'aristocratie
générale du tableau; mais là se trouvent aussi les défauts du maître : une peinture un peu ronde, les
accessoires, poussés au point de se faire regarder autant que la figure principale, une brosse qui
estompe trop et une lumière qui donne des effets de miroitage fatigants pour l'œil. Suivant la dose de
ces qualités et de ces défauts dans une de ses toiles, l'œuvre de l'artiste est très-belle, d'un mérite
vraiment supérieur, tourne à la grande peinture ou tombe à l'aquarelle.

C'est à Paris que Lawrence obtint sa dernière ovation. Il accomplissait sa cinquante-sixième
 
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