L' art: revue hebdomadaire illustrée (1.1875 (Teil 3))

L'ALGÉRIE ET LES ARTISTES. 399

étanchées; des rêves généreux, de nobles espérances s'épanouirent comme un arc-en-ciel à travers la
fumée des batailles. Les grandes et saines illusions ont toujours été le privilège des artistes ; on peut
donc dire hardiment que c'est à leur présence dans l'armée que les boulets de nos soldats, en bombar-
dant Alger, durent cet insigne honneur de viser plus haut et plus loin.

Le capitaine Pélissier, depuis maréchal de France, voyait dans cette conquête « un pas de plus
vers cette fusion de l'Orient et de l'Occident que tout annonce, que tout prépare, et d'où doit jaillir,

Bois d'oliviers, a Tlemcen.
Fac-similé d'un dessin de Ch. Gindriez.

comme au temps du Christ et de Mahomet, un nouvel éclat de lumière et une nouvelle transformation
de la société des hommes \ » Ainsi cette guerre d'Algérie fut remarquable entre toutes parce qu'elle fut
la guerre des écrivains et des artistes. Elle fut la revendication de l'Orient au nom de la pensée humaine,
parle droit du génie qui ne reconnaît aucune borne à sa légitime expansion.

Alger offrit alors un spectacle unique dans la vie d'un peuple. La douceur de son climat, la
beauté de sa rade avaient été senties de loin par les escrocs de tous les pays. La société s'y composait
donc de quelques fonctionnaires, de soldats, de peintres, de littérateurs et d'aventuriers. L'homme étant

1 Annales algériennes, par le capitaine Pélissier.