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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Perrier, Henri: Une vie bien remplie
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0020

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UNE VIE BIEN REMPLIE'

'est pour moi vin sujet de vive satisfaction que d'avoir à reparler
de cet excellent et parfait galant homme qui fut Albert Jacquemart.
Né à Paris en 1808, il fut élève de Buffet, suivit l'enseignement de
l'École des Beaux-Arts et y conquit une science de dessin qui le fit
remarquer dans les concours. Pourtant il se porta de préférence vers
l'étude de l'anatomie à laquelle il rendit de signalés services en pei-
gnant ou dessinant des pièces ou des préparations de laboratoire
pour le docteur Bazin ; la perfection de ces travaux le fit rechercher
par la bibliothèque du Muséum du Jardin des Plantes, qui lui de-
manda nombre de vélins de coquilles ou d'autres familles de l'histoire
naturelle; un de ses cadres figura aux Salons de 1834 et de 1836.

A cette époque, il s'adonne à l'étude de la botanique et il publie ensuite deux charmants volumes,
en 1840 la Flore des Dames, en 1841, le Nouveau Langage des Fleurs. La minéralogie, l'entomologie le
captivent successivement et lui donnent la méthode, l'esprit de classement qu'il devait apporter plus
tard dans d'autres recherches.

C'est au tour de la numismatique à le séduire, et le voilà qui réunit un très-nombreux, un fort
remarquable médaillier, à force de patience et d'épargne, en triant avec un soin jaloux les sébiles
des antiquaires où il découvre des pièces rares ou inédites.

On le voit, il y a peu d'intelligences qui aient embrassé plus d'études, réuni plus de connaissances
en les faisant toutes concourir à l'élargissement de ses vues.

En avril 1825, M. Albert Jacquemart était entré à l'administration des douanes, désireux de se
mettre à l'abri des luttes et des déboires de la vie d'artiste, plus difficile alors qu'elle n'est aujourd'hui.

C'est avec un de ses amis, un camarade d'administration, M. Edmond Le Blant, beau-frère du
directeur général, M. Gréterin, qu'il s'arrêtait aux vitrines du quai à observer, à admirer les délicates
tasses de Chine mêlées aux coquilles, aux médailles, qui l'avaient d'abord intéressé.

Ces pièces égarées des grandes et célèbres collections du siècle précédent devaient, sous l'impul-
sion de ses recherches et de la faveur qui les accueillit, servir de premier aliment à la vogue nou-
velle et passionnée pour les objets d'art de l'Orient. Après en avoir recueilli avec son ami quelques
échantillons, M. Albert Jacquemart se mit à les analyser en artiste et en érudit; il distingue les pro-
venances diverses, rapproche les marques, les inscriptions et les analogies de décor ou de style, et
bientôt une collection-type était formée, qui lui sert chaque jour à la démonstration de ses classements.
L'idée de publier un livre sur cet art charmant, la Porcelaine, le poursuivait, mais où trouver un
éditeur? M. Le Blant, son collaborateur pour cette première œuvre, obtient de M. Ferdinand Serré,
l'éditeur du Moyen Age et la Renaissance, d'entreprendre la publication. Malheureusement M. Serré
est bientôt arrêté dans sa carrière, et l'ouvrage prêt à imprimer reste en suspens. C'est alors que
M. J. Niel, le savant bibliothécaire du ministère de l'intérieur, met M. Jacquemart en relation avec la
maison Techener qui devait faire du livre un chef-d'œuvre de typographie et mettre à la mode les
belles éditions aux caractères anciens, comme l'auteur le goût des délicates productions de la Chine
et du Japon, qui maintenant sont l'ornement obligé de toute somptueuse demeure.

La collection-type formée con àmore par M. Albert Jacquemart, il ne s'en était jamais séparé, il
s'était, au contraire, attaché à la développer, à la compléter sans cesse. Ce n'est point parle nombre

1. Voir VArt, 1" année, tome III, page 21 j.
 
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