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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Rousseau, Jean: J. B. Carpeaux, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0329

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J. B. CARPEAUX

( PIN '. )

Les chefs-d'œuvre les plus complets sinon les plus étonnants de
Carpeaux sont incontestablement ses bustes. Pas un qui n'ait sa
valeur, y compris le buste anonyme qui s'est vu refuser l'entrée du
Salon de 1863. Certainement cela manque des qualités les plus habi-
tuelles de Carpeaux, de son mouvement, de son entrain d'exécution,
de son ingéniosité d'arrangeur. Mais cela sort encore de l'ordinaire
par le type un peu anglais et d'une grâce alanguie très-particulière.

Je passe rapidement sur les bustes « de commerce », le Chinois,
la Négresse, empruntés à ses figures de la fontaine du Luxembourg.
Carpeaux a débité de même, paraît-il, toutes les tètes du groupe de
la Danse. Et pourquoi non? Qui songe à se plaindre de ce qu'on
vende en détail le masque de la Vénus de Milo et le buste de la
Diane de Jean Goujon? L'ingéniosité du maître de Valenciennes
éclate encore dans sa façon de débiter ces fragments et d'en faire
des choses complètes. Qu'on voie sa Négresse. Toute une action, tout
un drame dans un simple buste! A coup sûr voilà qui est rare.
Cela y est pourtant. Le mouvement violent de la tète, les cheveux
en coup de vent, la torsion des épaules, le débraillé de la poitrine,
tout parle. On devine le tourmenteur invisible.

Les bustes de fantaisie de Carpeaux sont plus ou moins réussis,
selon les sujets. Dans des thèmes comme la Candeur, si peu faits
pour un talent fiévreux, il ne faut chercher que sa science du modelé,
son habileté d'exécutant, — Dans sa Rieuse napolitaine et son Espiègle,
d'une expression si charmante, on retrouve l'élève de Rude, avec une
exécution plus large. Le grand maître dijonais, en devenant de plus
en plus amoureux de la perfection, était tombé vers la fin dans une
sorte de préciosité. Voyez plutôt son Hébé, si caressée, presque
mièvre. — Veut-on le vrai Carpeaux? On l'a tout entier dans l'En-
fant boudeur, si énergiquement modelé! Ce n'est pas là de la petite
sculpture réaliste, faite avec des moulages sur nature. Rien de plus
interprété, résumé, accentué. Ce beau buste rappelle la jolie défi-
nition que Mérimée a donnée de l'art : f exagération à pi-opos. 11 s'agit
de faire comprendre un type, une expression, en négligeant les par-
Toilêîte de Vénus. ticularités oiseuses, en insistant sur le détail caractéristique. <

Fac-similé d'un dessin de a. Lançon, Mais où le talent de Carpeaux est porté à son comble, c'est

d'après le bronze de Carpeaux. dans toute la série de ses bustes-portraits. Quelques critiques — et

le signataire de cette étude était du nombre — ont reproché à ces
bustes leur excès d'agitation. Aujourd'hui que j'en revois toute la série, je crois bien que la critique
a été injuste et qu'elle est tombée elle-même dans une de ces exagérations qu'elle reproche au sta-
tuaire. Le mouvement des bustes de Carpeaux, à les bien étudier, n'a jamais rien de très-violent ; il

t. Voir tome IV, pages 197 et 249.
 
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