Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

DOI Heft:
Réforme de l'enseignement du dessin
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0110

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT DU DESSIN

LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT EN BELGIQUE

N sait avec quelle ardeur le directeur actuel des
Beaux-Arts poursuit depuis plusieurs années la
réforme de l'enseignement du dessin dans nos
écoles. La lettre suivante qu'il vient d'adresser à
M. Louvrier de Lajolais, président de la commis-
sion consultative de l'Union Centrale, permet d'espérer que ses
efforts seront bientôt couronnés de succès.

« Mon cher Lajolais.,

• Vous me demandez où en est l'affaire de l'enseignement
obligatoire du dessin dans les écoles primaires. Ne pensez point,
mon ami, que je la néglige, car elle est de celles qui peuvent faire
le plus d'honneur à l'administration qui m'est confiée. Plus je
comprends son importance extrême pour l'avenir des arts et de
toutes les industries en France, plus je sens qu'il la faut con-
duire avec persistance et fermeté, mais aussi avec prudence et
sagesse. Elle va donc à petits pas, cette grosse affaire, et n'en fait
pas moins son chemin ; je la crois même arrivée à une étape des
plus sérieuses, et où elle va avoir besoin de tous ses chevaux
de renfort, c'est-à-dire de l'étude assidue de tous ceux qui, comme
vous et moi, s'y intéressent ardemment.

f Vous souvenez-vous, mon ami, de cette causerie en petit
comité officieux à laquelle mon cher collègue de l'enseignement
primaire, M. Boutan, voulut bien, le 25 mars dernier, prêter,
pendant une heure, l'asile de son cabinet? Il s'agissait de planter,
entre gens de bonne volonté — c'écaient MM. Guillaume,
Racinet, Delagrave, Lafenestre, vous et moi — les premiers
jalons d'un projet qui nous préoccupait depuis longtemps, et dont
l'idée, en face des efforts tentés par toutes les nations voisines et
rivales de la France et des résultats obtenus par elles, nous
semblait arrivée à sa vraie maturité, à sa vraie nécessité. J'ai
raconté, lors de la distribution des récompenses aux élèves de
l'Ecole Nationale de dessin et de mathématiques, ce qui était
sorti de cet entretien et quels nous avaient semblé devoir être
les premiers moyens pratiques d'introduire tout d'abord le dessin
géométrique et ses applications dans les matières obligatoires de
l'enseignement primaire.

« Ce n'était encore, il est bien vrai, qu'un embryon de pro-
jet, et qui ne pouvait être repris que quand l'esprit du Ministre
y aurait été préparé et aurait laissé entendre qu'il n'y était point
hostile. Après avoir sondé, à ce sujet, les dispositions de M. le
Ministre, j'en entretins, de nouveau, il y a deux mois, mon
cher collègue Boutan qui avait, autant que nous-mêmes, reconnu
l'importance de l'entreprise et qui m'annonça que, dans une pro-
chaine circulaire ministérielle aux inspecteurs d'Académie, la
campagne serait ouverte par son administration. Cette circulaire
a paru, elle est datée du 16 décembre. Dans les interprétations
qu'elle a pour but de donner de la loi du 19 juillet 1875, e"e se
borne, et c'est beaucoup déjà, à indiquer les modifications à
introduire dans l'enseignement du dessin. Quant au dessin d'imi-
tation, l'épreuve qui le concerne est et demeure obligatoire pour
que le brevet puisse être considéré comme complet. « Mon inten-
tion, dit le Ministre, est de donner, tant dans les écoles nor-
1 maies primaires que dans les écoles publiques, une impulsion
« nouvelle à cet enseignement, qui n'a pas encore fourni tous les
« résultats désirables. »

1 Mais voici que les choses prennent une tournure bien autre-
ment vive et pressante. M. le secrétaire général du ministère
m'ayant fait l'honneur de me demander quelle question pou-
vait être soumise à l'examen du Conseil supérieur des Beaux-

Arts, j'ai dù lui répondre que je n'en connaissais pas de plus
digne des délibérations du Conseil supérieur et aussi de plus
urgente que celle de l'organisation de l'enseignement du dessin
en France, et M. le Ministre a bien voulu accepter cet ordre du
jour. Voilà donc la grande question posée, et posée avec toutes
ses conséquences, pour les établissements d'enseignement pri-
maire, comme pour les établissements d'enseignement secondaire,
pour les méthodes comme pour les modèles, et aussi pour le
personnel enseignant. Jamais Conseil n'aura eu la responsabilité
d'une affaire plus grave ni qui puisse avoir plus d'influence sur
le développement intellectuel et sur la richesse de son pays. La
question ne sera pas vidée en une séance, elle ne sera pas vidée
en vingt séances. Mais la voilà sur le tapis, il faut qu'elle se
vide. Les éléments d'études ne manqueront pas. L'Union Centrale
a déjà passé dix ans à les préparer, à les tourner et les retourner,
par ses conférences, ses déclarations de principes, ses expositions,
ses concours. La Belgique, l'Angleterre, l'Allemagne, ont agité
en tous les sens ce noble et fécond sujet. Le Conseil Supérieur
des Beaux-Arts possède en lui-même, par sa variété et sa compé-
tence, tout ce qu'il faut pour la solution d'un tel problème. Mais
nous voyons que, dès qu'il s'élève dans le monde politique une
question de quelque importance, l'opinion publique la prépare
et l'éclairé par sés discussions. Je crois de même qu'en cette
occasion les journaux d'art et de pédagogie peuvent fournir un
aide puissant au Conseil supérieur en élaborant et pétrissant les
divers points si multiples qui vont se partager et tirailler les
esprits de ses commissaires. D'ailleurs, quand il s'agit d'une
œuvre qui intéresse autant la prospérité et la gloire de la France,
où les systèmes dès longtemps en usage ont besoin d'être émon-
dés ou déracinés, où certains essais pratiqués utilement à
l'étranger ont besoin d'être acclimatés dans notre pays avec tou-
tes les précautions qu'exige notre vieux terroir, il y a du travail,
de l'initiative et de l'honneur pour tous.

• Ph. de Chennevières. >

— Le 28 novembre 1874, dans l'Assemblée générale annuelle
de la Ligue de l'Enseignement, M. Ch. Buis, le secrétaire géné-
ral, qui met un dévouement sans bornes au service de cette œuvre
excellente de propagande intellectuelle, a prononcé un remar-
quable discours, dans lequel il annonçait, pour la fin de 1875,
l'ouverture d'une Ecole modèle, construite et organisée par la
Ligue; un autre passage de son rapport n'était pas moins digne
d'attention :

f Le Conseil général a été saisi d'un projet de Musée popu-
laire, qui lui a été présenté par un de ses membres1 ; ce musée
est conçu de telle façon qu'il puisse constituer un enseignement
permanent pour le peuple. De tous côtés on préconise aujour-
d'hui l'enseignement par les yeux ; dans notre siècle de recher-
ches scientifiques, de connaissances positives, on veut voir pour
croire, la science du livre ne suffit plus, on veut entrer en com-
munication immédiate avec l'objet de la connaissance.

• Toutes les grandes villes d'Allemagne, d'Angleterre,
d'Italie et des États-Unis fondent aujourd'hui des Generbe Mu-
séums, des Technical Institutes, des Musées civiques, tandis que
la Belgique n'a rien d'analogue à montrer, elle à qui les nations
étrangères viennent sans cesse demander les moulages des admi-
rables monuments que nous ont légués nos pères !

• La Ligue ne peut aspirer à fonder à elle seule un pareil

1. C'est M. Ch. Buis qui est l'auteur Je ce très-remarquable projet.
 
Annotationen