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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Desmaze, Charles: Le premier amour du peintre M. Q. de La Tour
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0208

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LE PREMIER AMOUR

DU PEINTRE

M. Q. DE LA TOUR

»a e 5 septembre 1704, M. Maillet, curé de l'église Saint-Jacques, à Saint-Quentin,
|îp^ baptisait Maurice Quentin de La Tour, fils légitime de M. François de La Tour ',
chantre, et de Reine Zanar, sa femme. Elevé à l'ombre de l'église collégiale, dans
le quartier occupé par les chanoines et la maîtrise, l'enfant grandit vite, étudiant à
3^ son heure, à son choix. Pendant que le professeur du collège des Bons-Enfants
expliquait les Catilinaires, l'élève dessinait ses camarades et couvrait ses cahiers de
portraits, d'esquisses incorrectes encore, mais déjà pleines d'avenir. La vocation se révélait par des
échappées, où le talent perçait à travers l'inexpérience de la jeunesse. Dès 1718, Maurice dédiait à
Nicolas Desjardins, principal du collège, une perspective de la ville de Saint-Quentin, tracée au crayon.
A dix-huit ans, il quittait les classes (1722, alors que son aîné prenait la carrière des finances et
que Jean se faisait soldat) pour prendre des leçons de dessin et de peinture à Saint-Quentin, à Reims,
à Cambrai. Il veut être artiste, il veut arriver, malgré les ronces, les épines du chemin. Dès les
premiers pas, il glisse, perdu et désolé sur ce terrain qu'il ne connaît pas encore. A-t-il été séduit par
sa cousine Anne Bougier, plus âgée que lui de trois années, ou l'a-t-il séduite? Fixez nos doutes sur
ce point, vous à qui il a été donné de sonder les mystères du cœur, ses tendresses, ses défaillances,
ses variations. Les registres de la justice de Laon 2 nous révèlent que, le 15 août 1723, Anne
Bougier, célibataire, âgée de vingt-deux ans, accouche d'un enfant mort à l'Hôtel-Dieu,. où elle était
admise et traitée comme hydropique. Sur la déclaration de la sage-femme, qui dénonce le fait au
lieutenant de police et lui offre, en même temps, au nom et aux frais de la gisante, deux poulets et
un dindon, la détenue, atteinte et convaincue d'avoir celé sa grossesse jusqu'au jour de ses couches,
fut condamnée à « être admonestée en la chambre du conseil, à ne plus récidiver et, en trois livres
« d'aumônes applicables aux pauvres de l'Hôpital-Général de la ville de Laon ».

Dans son interrogatoire, Anne Bougier déclare : « qu'elle est fille de Philippe Bougier, chantre en
l'église métropolitaine de Sens, où il demeure à cause de son emploi, et d'Anne de La Tour, sa mère,
avec laquelle elle demeurait précédemment à Laon, n'ayant d'autre métier que celui de tricoter des bas;
que sa famille est originaire de Laon-, que son aïeul paternel, Nicolas Bougier, était chantre en l'église
de Saint-Jean, au bourg de Laon, et que son aïeul maternel, Jean de La Tour, était maître maçon à
Laon [Registres de l'état civil de La Fère et de Laon, 1672-1700); a dit qu'elle s'était toujours bien
comportée, n'avait jamais eu d'habitudes criminelles avec aucun homme ou garçon, à l'exception
qu'elle s'était abandonnée trois fois à Quentin de La Tour, garçon de dix-neuf ans, peintre de son
métier, demeurant à Saint-Quentin, son cousin germain, dans le temps qu'elle demeurait avec sa mère
audit Saint-Quentin. Sur interpellation, a répondu : qu'elle est devenue enceinte des œuvres dudit de
La Tour et qu'elle est, lé 15 août, accouchée d'un enfant mort; qu'elle s'est crue hydropique parce
qu'après avoir eu commerce avec son cousin, elle a eu ses purgations ordinaires huit jours après, mais
ne les a plus eues depuis. »

1. De La Tour; peintre du roi Louis XF, par Ch. Desmaze. Leroux, éditeur, 28, rue Bonaparte, Paris. — Le Reliquaire de M. Q. de
La Tour, par Ch. Desmaze. Leroux, éditeur, 1874.

s. Archives du Tribunal de Laon, si admirablement inventoriées par M. !e président A. Combier, 1875.
 
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