Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

DOI Artikel:
Chasrel, T.: Les écoles d'art en Angleterre: :Le discours de M. Gladstone et du Prince Léopold
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0032

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES ÉCOLES D'ART EN ANGLETERRE

DISCOURS DE M. GLADSTONE ET DU PRINCE LEOPOLD

e ii novembre, M. Gladstone a présidé, dans
la salle des Conférences de Greenwich, à la dis-
tribution des prix aux élèves des écoles de science
\aJi et d'art de Greenwich, Southwark, Vauxhall,
Stepney et Hoxton.
Voici les passages les plus saillants du remarquable discours
qu'a prononcé à cette occasion l'éminent homme d'Etat anglais :

« J'ai accepté la mission de distribuer ce soir des prix donnés
en vertu d'arrangements pris par un département du gouverne-

de cette réunion m'ont mis à même de vous fournir quelques
renseignements sur le nombre des élèves qui fréquentent
ces diverses écoles placées sous le patronage du département des
sciences et arts. Dans les écoles des sciences il y a 48,000 élèves ;
dans les écoles d'art, 24,000 élèves ; mais il y a en outre les
classes du soir, et une partie du public qui m'écoute est sans
doute au courant du caractère de ces classes. Je crois que
8,000 personnes les fréquentent, ce qui fait un ensemble de
32,000 élèves pour les écoles d'art. Dans l'ensemble il y a une
prédilection marquée pour les études scientifiques qui peuvent
ment qui a dans ses accributions le règlement de ces matières. I être d'une utilité pratique plus immédiate que la culture artis-
Ces arrangements ont pour but le développement de la science | tique. Cette situation n'a rien de défavorable et l'on ne peut que

et de l'art, mais non pas tant de la science et de l'art dans leur
acception abstraite qu'à un point de vue spécial, sur lequel j'in-
sisterai de toutes mes forces, et je vous assure que je considère
ce sujet comme de la plus haute importance. L'objet même de la
réunion à laquelle vous assistez en ce moment est la combinaison
de ces deux choses, en elles-mêmes essentiellement différentes,
la science et l'art. Si nous considérons la science à part, ce n'est
qu'un autre mot pour exprimer le fait de la connaissance, pour
résumer ce que nous savons. Si nous prenons l'art isolément,
c'est la faculté de représenter toutes choses sous des formes de
beauté. La science se rapporte aux choses elles-mêmes, l'art les
façonne et les développe par la représentation. Art et science sont
associés dans un département du gouvernement et sous des aus-
pices qui doivent leur donner un appui pratique. Ce soir nous
avons à vous entretenir de cette association de la science et de
l'art convergeant sur un point spécial, c'est-à-dire de leur utilité
au point de vue de l'industrie, du moins c'est ainsi que je com-
prends la question, objet de cetce séance. Le but de l'instruction
qu'on vous offre et que la population de ce pays témoigne la réso-
lution et le désir avide d'acquérir, est d'améliorer les procédés
industriels de la nation. Ces procédés industriels sont incontes-
tablement la base principale de sa grandeur matérielle. Economie,
efficacité, beauté, — j'insiste sur la beauté, parce que c'esc un
élément qu'on perd trop souvent de vue, et parce que l'industrie
doit contribuer pour sa part à répandre la notion du beau, —
tels sont les résultats les plus précieux que l'on puisse attendre de
l'industrie humaine. L'union et en quelque sorte le mariage de
l'utile et de la beauté sont donc le but spécial que se propose le
département des sciences et arts. Et qu'il me soit permis de vous
le dire, au point de vue le plus pratique de la question, l'utile et
le beau ne sont pas choses aussi opposées qu'on le prétend par-
fois. Au contraire, c'est une stricte et littérale vérité que la beauté
est un grand élément d'utilité. Un grand pays, tout spécialement
en ce qui concerne le commerce extérieur, — je veux parler de
notre voisine, la France, — est, dans une large mesure, rede-
vable de sa prospérité commerciale à la beauté de ses produits.
Les Français sont un peuple très-ingénieux, très-intelligent et
très-souple '. Ils comprennent, et mieux que les Anglais, combien
il est utile d'appliquer les données de la science à la production
des objets de l'industrie humaine...

« La science et l'art font donc l'objet des études dans les
écoles donc nous avons devanc nous les élèves. Les organisateurs

se féliciter de voir un aussi grand nombre de personnes, et sur-
tout un aussi grand nombre de jeunes gens, fréquenter des écoles
qui sont en relations avec des écoles d'arc. N'oublions pas que
l'institution est toute nouvelle. Il y a beaucoup à faire, et beau-
coup à développer pour donner à l'intelligence populaire con-
science de la beauté, de sa valeur et de son importance. Tout le
monde comprend que des écoles de ce genre doivent être dirigées
de façon à amener l'élève à considérer la beauté du produit en
faisant abstraction complète de son utilité. On suppose parfois
que le beau est l'un des luxes réservés aux riches, à ceux qui
disposent des loisirs que procure la possession de la propriété, et
qu'à ceux-là seuls sont destinés les beaux objets qui peuvent
naître de votre travail. La valeur commerciale de la beauté en
fait déjà ressortir toute l'utilité. Mais il faut y insister aussi au
point de vue de l'éducation. Dans ce monde nous sommes tous à
l'école, ceux qui sont vieux et ridés comme ceux qui s'épanouis-
sent dans toute la fleur de leur fraîche jeunesse; et j'espère que
le jour viendra où tout le monde en ce pays comprendra, ce
que déjà notre génération comprend mieux que les précédentes,
à savoir l'indispensable nécessicé de l'union intime, et pour ainsi
dire de l'entrelacement du beau et de l'utile dans tous les pro-
duits du travail humain. Cet entrelacement est la loi même de
l'industrie. »

L'orateur invoque l'exemple de la Grèce ancienne en insistant
sur ce fait merveilleux que l'antiquité grecque n'a rien légué au
monde moderne, fût-ce l'objet le plus insignifiant, qui n'eût un
caractère de beauté. Il invoque également l'exemple de l'Italie au
moyen âge et à l'époque de la Renaissance.

Parlant de l'Angleterre d'autrefois et la comparant à l'Angle-
terre actuelle, il s'exprime en ces termes :

« Je me garderai de toute exagération de langage. Loin de
moi la pensée de déprécier le temps où nous vivons. Notre époque
est très-intéressante. Rendons-lui justice, mais n'allons pas au
delà. Si nous penchons d'un côté plutôt que de l'autre, il vaut
mieux pencher du côté de la sévérité envers nous-mêmes que du
côté de l'infatuation et de la présomption. Je crois qu'en Angle-
terre nous sommes arrivés à un moment de déclin dans le sens
général de la beauté. Ceux qui se donnent la peine d'étudier dans
les procédés divers de leur industrie les œuvres anciennes de
notre nation reconnaîtront qu'une conception plus profonde, plus
vraie, plus vivante de la nature de la beauté, et un effort plus

1. Le mot anglais versatile' n'a pas le sens épigra^nmatique qu'on pourrait être tenté d'attribuer à l'orateur. La V3rsatihty anglaise n'a rien de commun avec
la versatilité française; elle exprime la souplesse, la multiplicité des aptitudes. Ainsi les Anglais parleront avec éloje de la versatility d'un artiste passé maître
en plusieurs genres. . '
 
Annotationen