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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Chronique française
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Chronique étrangère
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0374

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CHRONIQUE

où l'on va rassembler les oeuvres de ceux des artistes qui ne con-
sentent point à subir le verdict du jury tel qu'il est composé.
Ainsi le groupe militant des peintres, qui avaient organisé il y a
deux ans une exposition au boulevard des Capucines, en ouvre
une nouvelle, le 30 mars prochain, dans les Galeries Durand-
Ruel.

De son côté, le Cercle artistique de la Chaussée-d'Antin se
réorganise ; il reçoit beaucoup d'adhésions nouvelles et compte
bientôt commencer, dans la rue Saint-Arnaud, les travaux d'une
vaste salle d'exposition, analogue à la salle du Cercle de la place
Vendôme. Ce nouveau groupe appartient plus particulièrement à
l'école des peintres de genre.

— Puisque nous sommes sur le chapitre du local des exposi-
tions et de l'association des artistes, nous devons dire un mot
d'une récente brochure de M. Georges Berger, dans laquelle
l'auteur réclame la fondation d'un Palais des arts. La chose est-
elle impossible? Simple, au contraire. Jugez-en.

Les recettes moyennes faites au palais de l'Industrie pendant la
durée du Salon varient de 150 à 170,000 fr. Qu'une association
d'artistes soit sérieusement constituée, ces recettes lui seront une
rente certaine, et quelles dettes ne pourra-t-on amortir avec
un tel budget ? La construction d'un palais des Arts coûterait,
suivant M. Berger, environ trois millions, et en supposant, —
ce qui est admissible, — que l'Etat accorde le terrain et accepte
l'amortissement, l'opération serait siàre.

Paris posséderait enfin un monument spécial où les artistes
pourraient exposer librement leurs œuvres d'une façon perma-
nente; il est honteux que la capitale de la France n'ait point
encore un tel édifice. Que faut-il pour cela? Hélas! une chose
que les peintres et les sculpteurs, pas plus que les gens de lettres,
ne sont près d'avoir, c'est l'entente pratique de leurs intérêts au
moyen de l'association.

— Les publications illustrées se multiplient en France; il y a
bien peu d'ouvrages maintenant qui paraissent sans être accom-
pagnés de gravures sur bois ou d'eaux-fortes. Tous les libraires,
ou presque tous, s'efforcent de satisfaire l'engouement du public

.pour ces sortes de livres. Nous nous en félicitons d'autant plus
que notre pays avait beaucoup à faire pour égaler en cette matière
certains pays étrangets. L'Angleterre possède depuis longtemps
toute une école d'illustrateurs; en Allemagne aussi il y en a un

FRANÇAISE. 349

grand nombre et d'un rare talent. La Revue britannique du mois
dernier contenait sur eeux-ci d'intéressants détails.

Les libraires français arrivent maintenant à offrir au public
des ouvrages illustrés dans des conditions étonnantes de bon
marché. L'édition qu'on donne actuellement du dernier roman de
Victor Hugo, Quatrcvingt-treije, en est un exemple. Rien n'est
négligé pour donner à cette édition populaire un aspect luxueux
et véritablement artistique. Elle sort des presses de Jules Claye.
Les bois ont été gravés par les artistes les plus habiles, Méaulle
en tête. Les dessins, tantôt à pleine page, tantôt à vignette, en
tête de chapitre ou en culs-de-lampe, sont les œuvres d'Ed. Mo-
rin, de A. Lançon, Brion, Daniel Vierge, Gilbert, Karl Bodmer,
Ed. Bayard, tous en pleine célébrité. Le maître lui-même, Vic-
tor Hugo, dont l'Art, dans une étude, a montré le talent comme
dessinateur, doit composer pour son ouvrage trois illustrations.

Puisque nous parlons de cette édition, profitons-en pour
raconter à son sujet une anecdote dont les historiens qui recueil-
lent les sottises de dame censure pourront profiter. C'est notre
collaborateur J ules Claretie, qui l'a donnée dans un de ses derniers
feuilletons de l'Indépendance belge. Nous citons textuellement.

« Le dessinateur espagnol Vierge, qui illustre le roman,
avait stmmis à la censure le frontispice de l'ouvrage des-
tiné justement à l'affichage. Cette gravure représente les prin-
cipaux personnages du roman, Gauvain, Cimourdain et le mar-
quis groupés en haut, tandis qu'au bas, d'un côté, l'artiste a re-
présenté le trio mis en scène par l'auteur, Danton, Marat et
Robespierre, et, de l'autre, les deux petits enfants de la Flécharde
déchirant l'in-folio de la Vie de saint Barthélémy. Eh bien,
l'administration de la librairie avait exigé, dans ce dessin, la sup-
pression de certains de ces personnages.

f Devine-t-on lesquels ?

« Sans doute, Marat, Danton et Robespierre ! — Point du tout.
Ce qui avait paru terrible, effrayant, dangereux, subversif aux
employés du ministère de l'intérieur, c'étaient les deux petits en-
fants — parce qu'ils déchiraient un livre sacré!

«O sottise éternelle de toutes les censures! C'est par ce même
esprit aveugle que les inspecteurs des théâtres, lorsque Gounod
donna son Faust au Théâtre-Lyrique, demandaient la suppres-
sion de l'acte de l'église, sous ce prétexte que l'on y montrait le
démon pénétrant dans un lieu sacré. »

CHRONIQUE

— M. Warrington VVood travaille à Rome à une statue
colossale de Michel-Ange destinée à la Walker Fine Art Galkry
de Liverpool.

— L'Académie des Beaux-Arts de Bristol a reçu, pour sa
prochaine exposition, près d'un millier de peintures, parmi les-
quelles il en est, assure-t-on, de fort remarquables. Les aqua-
relles sont en si grand nombre qu'il faut, pour les caser, ajouter
une salle au local ordinaire des expositions.

— La collection léguée à la National Gallery par M. Wynn
Ellis comprenait 403 tableaux parmi lesquels la direction avait le
droit de faire un choix et de restituer les œuvres rebutées aux
héritiers, disposition testamentaire intelligente que devraient imi-
ter tous les donateurs. Ce triage a eu pour résultat de faire aug-
menter la collection nationale de plus de cent tableaux qui ne
pourront être exposés que vers la fin de l'été dans les nouvelles
galeries de Trafalgar Square; celles-ci, qui ne peuvent être prêtes
plus tôt, recevront aussi la collection nationale de tableaux mo-
dernes actuellement au musée de South Kensington.

— Nous avons obtenu la faveur* de visiter l'exposition des
aquarelles de M. Cari Haag, établie à l'Athenœum allemand, 51,
Mortimer Street, et ouverte seulement aux membres de ce club et
à quelquçs privilégiés.

Les premières œuvres qui aient attiré notre attention, sont :

ÉTRANGÈRE

25 mars 1876.

la Fiancée tyrolienne, une Carrière tyrolienne et un Bédouin du
Sinaï, trois études consciencieuses : ce qui est à la fois leur qua-
lité et leur défaut.

Le sentiment de quelque peu d'indifférence, que nous avait
laissé ces trois aquarelles, s'est changé en une vive curiosité
devant plusieurs études de tête que nous avons remarquées un
peu plus loin.

Il y avait matière à de nombreuses réflexions devant ces trois
peintures. J'ai soin de dire d'abord peintures et non aquarelles ;
car la couleur, qui y est employée par couches épaisses, ne laisse
rien soupçonner du papier qu'elle recouvre, et qu'on pourrait
aussi bien supposer être une toile. Un grand nombre d'aquarelles
anglaises jouent, à s'y méprendre, le rôle de peintures à l'huile.
On peut dire qu'elles y visent même, en général. Est-ce un
défaut ou une qualité } cela reste à débattre.

Les études de tête de M. Haag sont vigoureusement peintes
et pleines de vie et d'expression ; elles ont en un mot beaucoup
d'originalité; mais, dans la peinture anglaise, l'originalité, la vie,
l'intensité de l'être a toujours quelque chose qui se rapproche
plutôt de notre réalisme : c'est du tempérament que cette ori-
ginalité. Cela n'offre que des détails particuliers de la nature, ec
non des détails généraux ; ce sont des êtres particuliers et non
des types, des figures trouvées. C'est que la personnalité de
 
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