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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Véron, Eugène: Exposition des oeuvres de Barye au Palais des Beaux-Arts, [1]
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Chronique française
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30 L'ART.

que, bien qu'ayant consacré une grande partie de leur génie à faire agir et parler des bêtes, ils vivront
plus longtemps que beaucoup d'autres qui comptent, pour arriver à la postérité, sur la grandeur de leurs
héros ou la noblesse de leurs sujets.

Les aquarelles de Barye ne sont pas moins remarquables que ses bronzes. Elles ont les mêmes
qualités, la grandeur de l'aspect et l'intensité de la vie ; elles en ont de plus une autre qui est bien
curieuse et bien particulière à Barye, et qui confirme merveilleusement ce que nous avons dit de sa
préoccupation de l'effet artistique. Le parti pris est ici évident. De môme que dans ses bronzes, toutes
les lignes sont disposées de manière à exagérer les proportions du bloc, toutes les parties sont modelées
par grandes masses, à l'exclusion de tous les détails qui pourraient arrêter l'œil et lui donner la facilité
de mesurer la petitesse réelle de l'animal représenté; mais il trouvait dans l'aquarelle un secours de
plus qu'il s'est bien gardé de négliger : la couleur.

Balzac aimait à répéter que l'appartement reflète le caractère de celui qui l'habite et que l'aspect
de l'un suffit à faire deviner le caractère, les habitudes de l'autre. Il n'y a guère de ses romans où il
n'ait appliqué ce système, qui n'est peut-être pas absolument vrai dans la réalité, mais dont la vrai-
semblance est suffisante pour que l'artiste ait le droit d'en tirer certains effets. De là ces descriptions
minutieuses dont il a rempli ses livres, et qui, malgré l'exagération de leurs détails, concourent certai-
nement à la puissance et à l'unité de l'impression totale. La même observation s'applique aux paysages
de Corot et de Millet. La concordance est toujours parfaite entre le personnage et la scène où il
se meut.

.Mais cette concordance est peut-être encore plus saisissante dans les aquarelles de Barye, grâce
à un parti pris plus marqué par l'élimination plus complète du détail et à la singularité sauvage des
sites où il place ses héros farouches. 11 est impossible de regarder ces aquarelles sans être vivement
frappé de cette appropriation. Dira-t-on que ce cadre il le trouvait tout fait dans certaines parties de
cette admirable forêt de Fontainebleau, par exemple dans les gorges désolées et convulsées d'Apre-
mont, dans ces entassements de rocs calcinés et tourmentés, aux formes étranges et fantastiques, qui
semblent disposés exprès pour servir de repaires aux animaux féroces ? Sans doute, tout cela> Barye
ne l'a pas inventé, mais il a admirablement compris le parti qu'il en pouvait tirer, et il était difficile
d'y mieux réussir qu'il n'a fait. Il y a là d'ailleurs une chose qui lui appartient en propre, c'est le soin
constant qu'il a pris de subordonner le paysage en n'en gardant que le caractère général, c'est
surtout la lumière et la couleur qu'il a faites terribles et farouches, pour les accommoder à la nature du
site et à celle du personnage. Le ciel même a des teintes fauves ou sanglantes. Tout concourt en une
impression d'effroi. Il est impossible d'imaginer, au fond même des plus horribles déserts, des habitacles
mieux faits pour loger des lions, des tigres, des serpents. Des recherches récentes ont démontré
qu'un certain nombre d'animaux prennent la couleur du milieu qu'ils habitent. Barye a fait juste le
contraire. Il a donné à ses paysages la couleur et le caractère de leurs habitants. Ils n'en sont pour
ainsi dire plus que le reflet. Au point de vue de l'histoire naturelle, il y aurait peut-être quelque
chose à dire. Au point de vue de l'art, c'est splendide et magnifique, d'une puissance d'aspect
formidable.

Eugène Véron.

(La suite prochainement.)

CHRONIQUE FRANÇAISE

— M. J. G. Vibert prépare en ce moment une surprise aux
habitués du Salon. Il laisse cette année ses petits pinceaux de
peintre de genre pour faire un portrait de femme grandeur
nature. On se souvient du reste que M. Vibert a débuté au
Salon par un grand tableau représentant les Amours de Narcisse,
et qu'il obtint une médaille avec cette composition.

— On ignore encore à l'École des Beaux-Arts la date de

l'inauguration du monument élevé à la' mémoire de Henri
Regnault. On a disposé une place dans le mur de la galerie qui
tourne autour de la cour du Mûrier. Mais les travaux sont pour
le moment suspendus. On saie que c'est M. Coquart, architecte
de l'Ecole, qui est chargé, en collaboration avec M. Pascal, de
construire le monument au milieu duquel sera placé le chef-
d'œuvre de M. Chapu : la Jeunesse.
 
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