Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

DOI Artikel:
Véron, Eugène: Notre bibliothèque
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0053

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
42

L'ART.

peinture, comme la sculpture, avait multiplié à l'infini ce genne
singulier d'ornementation.

C'est cette ornementation que M. Roussel nous explique en
détail dans une série de chapitres où il passe en revue chaque
partie de l'édifice. Ses descriptions sont-appuyées et illustrées d'un
grand nombre de reproductions graphiques, — 53 planches hors
texte, dont 10 chromolithographies, et une centaine de gravures
dans le texte — qui donnent une idée à peu près complète de ce
que devait être l'ensemble de la décoration. Le volume, compre-
nant2i5 pages imprimées avec le plus grand soin par Jouaust, est
tiré à 500 exemplaires. Sa publication est une bonne fortune pour
les amateurs de plus en plus nombreux de notre art français
du xvie siècle l,

Eugène Véron.

LI.

LA SIBÉRIE ORIENTALE ET L'AMERIQUE RUSSE. — Le
Pôle nord et ses habitants ; récits de voyage par Octave
Saciiot. Ouvrage orné de 62 gravures et d'une carte. Un vol.
iii-8° de 370 pages. Paris, 1875 ; Paul Ducrocq, libraire-éditeur,
55, rue de Seine.

PERDUS AU MILIEU DE PARIS, Histoire de trois orphelins,
par Georges Fatii. 80 dessins gravés sur bois. Un vol. in-8»
de 2J4 pages. Paris, 187? ; Paul Ducrocq, libraire-éditeur, J5,
rue de Seine.

LES AMUSEURS DE LA RUE, avec ssize compositions de
M. Edouard Debat-Ponsan, par Augustin Chali.amel. i vol.
in-ia de 2J2 pages. Paris, 1875; Paul Ducrocq, libraire-éditeur,
5J, rue de Seine.

LES CHASSES ENFANTINES, par Benedict Henry Revoil;
orné de nombreuses vignettes. Un vol. in-8° de 219 pages.
Paris, 1875 ; Paul Ducrocq, libraire-éditeur, jj, rue de Seine.

LES RONDES ENFANTINES. Douze compositions par M. Éd.
Debat-Ponsan; avec texte et airs notés. Un vol. in-40 de
■50 pages. Paris, 187J; Paul Ducrocq, libraire-éditeur, jy, rue de
Seine.

Les histoires de voyages remplacent aujourd'hui dans l'édu-
cation des enfants les contes de fées. C'est peut-être l'un des
progrès les plus sérieux qu'on aitaccomplis dans cet ordre d'idées.
Je n'ai jamais compris quel intérêt il pouvait y avoir à suppri-
mer chez les enfants la notion des moyens, car c'est à cela que
se réduit en somme le charme de la féerie : atteindre les buts les
plus impossibles sans se donner la peine de rien faire pour cela,
par le seul effet d'un coup de baguette. La richesse, le pouvoir,
la santé, le bonheur ne s'acquièrent pas autrement. N'est-ce pas
charmant? Oui, mais aussi n'est-il pas dangereux d'habituer

l'imagination des enfants à sauter ainsi à pieds joints par-dessus
tous les obstacles et à se figurer toute une existence de coups de
baguette ou de hasards providentiels, qui viendront à point
nommé les dispenser du travail et de l'effort?

La leçon des voyages est tout autre et autrement virile, sur-
tout quand il s'agit, comme dans les récits de voyage que publie
M. Octave Sachot, de voyager dans la Sibérie orientale ou au
pôle Nord, au milieu de peuplades sauvages et de contrées gla-
cées, où il est interdit à l'homme de s'oublier un moment. Là,
tout au contraire des molles complaisances des contes des fées, ce
qui attache le lecteur c'est la série continue des efforts, c'est le
courage et l'énergie morale que déploient les voyageurs ; c'est là
qu'on apprend à apprécier la science, la prévoyance, la présence
d'esprit, la vigueur morale.

Et cette leçon est d'autant plus sérieuse et efficace qu'elle
est indirecte. L'enfant se défie des préceptes ; ils glissent sur son
intelligence, parce qu'il y voit un parti pris du maître, une sorte
de conspiration contre ses illusions. Sans compter que la portée
réelle du précepte lui échappe par son abstraction même. Dans le
récit de voyage au contraire, il ressort tout naturellement des
faits et porte avec eux leur démonstration.

Ajoutons à cela les descriptions de pays inconnus qui appren-
nent à connaître et à aimer la géographie sous une forme vivante
et humaine, les tableaux de mœurs plus ou moins étranges, qui
étendent les horizons intellectuels, et habituent par comparaison
à comprendre la grandeur de la civilisation moderne.

Le livre de M. Octave Sachot est, à tous ces points de vue,
une œuvre utile, en même temps que la variété des situations,
les anecdotes caractéristiques, la multiplicité des péripéties en
rendent la lecture aussi attachante que l'on puisse désirer.

L'Histoire de trois Orphelins perdus au milieu de Paris, par
M. Georges Fath, est également remplie d'enseignements en action,
qui, sous leur forme amusante et parfois dramatique, renferment
une pensée des plus sérieuses. La composition sent bien un peu
l'artifice et les faits se prêtent peut-être un peu complaisamment
aux visées de l'auteur. Mais c"est là un défaut auquel les enfants
ne sont guère sensibles, et qui, pour eux, n'enlèvera rien à l'in-
térêt du livre. Les caractères des trois enfants sont tracés et
soutenus avec un degré de vraisemblance suffisant et les effets
qui résultent de cette variété sont bien logiquement rattachés à la
cause morale qui les produit. Bien que la note émue paraisse de
temps en temps, il n'y a là ni sentimentalité ni déclamation d'au-
cune sorte. Le charme du livre est dans la sincérité et la simpli-
cité du ton, dans sa bonne humeur ; les mots drôles n'y manquent
pas, bien qu'ils ne visent pas à l'esprit et les illustrations qui
l'accompagnent sont assez bien choisies.

Je n'en dirai pas autant des Chasses enfantines. L'auteur ne
s'est pas mis en frais et la mise en scène est d'une simplicité un
peu trop rudimentaire. C'est un compte rendu un peu trop sec
des différents genres de chasse à l'usage des collégiens, dramatisé
par la présence d'un braconnier qui se transforme en assassin.
L'auteur semble être avant tout un chasseur qui brusque sans
cesse les transitions pour arriver à ce qui seul l'intéresse.

M. Augustin Challamel a réuni sous ce titre : les Amuseurs
de la rue, une série de monographies assez gaies, mais quel-
que peu superficielles. Il fait défiler sous nos yeux une procession
de paillasses, de pierrots, d'escamoteurs, de musiciens ambulants,
d'hercules de foire, etc., toute la série des artistes en plein
vent qui arrêtent les badauds aux baraques des foires. Cela se lit
facilement, mais il y manque un peu d'accent et de relief.

Les Rondes enfantines servent de prétexte à une suite de
dessins parfois amusants et spirituels de M. Debat-Ponsan. Les
illustrations des Amuseurs de la rue sont du même artiste et ne
sont pas moins réussies. Les personnages sont bien compris et

1. L'entête de la page précédente représente une bande d'ornement tirée de l'encadrement d'un vitrail de l'appartement royal, par Jean Cousin. La lettre
ornée est une H royale d'Étienne de Laulnc. — Le cul-de-lampc est un vase en marbre blanc décoré de deltas et d'une (lèche sur un tombeau, qui sont Ici
emblèmes de Diane. Les deux rigoles du haut font supposer que c'était une mesure officielle pour les grains payés en redevance au château d'Anet.
 
Annotationen