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Bé, Félix: Le fondateur du Musée de New-York
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0091
78 L'ART.
augmenté la fortune en rendant son industrie l'une des plus solides des États-Unis. Désormais, quoique
très-jeune encore à la tète d'une fort grande situation, M. Blodgett n'appliqua point uniquement
son activité à faire fructifier ses vastes capitaux; il ne se contenta pas de devenir un puissant pro-
priétaire foncier tant à New-York môme qu'à Newport, dans l'État de Rhode Island, il eut constam-
ment à cœur l'intérêt public qui participa toujours largement à ses succès. Intelligence très-cultivée,
il se sentait attiré par toutes les questions d'art, et sa bonne fortune voulut que ses dispositions natu-
relles fussent développées par la compagne la plus digne de les comprendre. Il se trouva en effet
avoir associé à son existence une organisation d'élite comme il s'en rencontre peu en tout pays, et,
— principalement quand il s'agit de goût, — dans la race anglo-saxonne, qui n'a jamais prétendu être
exceptionnellement privilégiée en matière artistique et dont la plus belle moitié passe, non sans raison,
pour avoir un faible trop prononcé pour tout ce qui est shoivy. Femme d'infiniment de goût, détestant
;
M. W. T. Blodgett.
Fac-similé d'un dessin de Bichard.
tout ce qui est clinquant, voyant, criard et tapageur, Mm* Blodgett réalisait ce phénomène de ne
jamais s'inquiéter en premier lieu du sujet d'une œuvre d'art, de toujours lui faire céder le pas à la
question d'art en elle-même; aussi a-t-elle exercé la plus heureuse influence sur les passions artistiques
de son mari qui n'a vraiment fait qu'acquitter une dette de collectionneur reconnaissant en lui léguant
tous ses tableaux.
C'est dans les conditions que nous venons d'exposer que M. Blodgett commença ses premiers
achats par des toiles d'un mérite tel qu'elles l'avaient déjà posé comme un amateur des plus distingués
lorsque éclata la guerre civile, et les artistes, ses compatriotes, savaient par expérience qu'ils étaient
toujours certains de trouver en lui des encouragements qui se traduisaient autrement qu'en paroles.
Pendant la lutte contre le Sud, son temps et sa bourse furent mis avec empressement au service de la
cause nationale dont il fut un des défenseurs les plus ardents; membre d'une foule de comités, il pro-
digua l'argent pour soutenir, tant aux États-Unis qu'en Europe, toutes les publications en faveur de la
cause du Nord et de la suppression de la honteuse plaie de l'esclavage. On sait aujourd'hui que le bien
qu'il a fait en secret pendant cette terrible crise a dépassé, et de beaucoup, ses libéralités publiques, si
larges qu'elles aient cependant été.
11 n'y a qu'une voix à New-York pour déclarer que celui dont on y déplore la mort prématurée,
— M. Blodgett est mort le 4 novembre dernier, àl'àge de cinquante-deux ans, — a, dans ces quinze der-
augmenté la fortune en rendant son industrie l'une des plus solides des États-Unis. Désormais, quoique
très-jeune encore à la tète d'une fort grande situation, M. Blodgett n'appliqua point uniquement
son activité à faire fructifier ses vastes capitaux; il ne se contenta pas de devenir un puissant pro-
priétaire foncier tant à New-York môme qu'à Newport, dans l'État de Rhode Island, il eut constam-
ment à cœur l'intérêt public qui participa toujours largement à ses succès. Intelligence très-cultivée,
il se sentait attiré par toutes les questions d'art, et sa bonne fortune voulut que ses dispositions natu-
relles fussent développées par la compagne la plus digne de les comprendre. Il se trouva en effet
avoir associé à son existence une organisation d'élite comme il s'en rencontre peu en tout pays, et,
— principalement quand il s'agit de goût, — dans la race anglo-saxonne, qui n'a jamais prétendu être
exceptionnellement privilégiée en matière artistique et dont la plus belle moitié passe, non sans raison,
pour avoir un faible trop prononcé pour tout ce qui est shoivy. Femme d'infiniment de goût, détestant
;
M. W. T. Blodgett.
Fac-similé d'un dessin de Bichard.
tout ce qui est clinquant, voyant, criard et tapageur, Mm* Blodgett réalisait ce phénomène de ne
jamais s'inquiéter en premier lieu du sujet d'une œuvre d'art, de toujours lui faire céder le pas à la
question d'art en elle-même; aussi a-t-elle exercé la plus heureuse influence sur les passions artistiques
de son mari qui n'a vraiment fait qu'acquitter une dette de collectionneur reconnaissant en lui léguant
tous ses tableaux.
C'est dans les conditions que nous venons d'exposer que M. Blodgett commença ses premiers
achats par des toiles d'un mérite tel qu'elles l'avaient déjà posé comme un amateur des plus distingués
lorsque éclata la guerre civile, et les artistes, ses compatriotes, savaient par expérience qu'ils étaient
toujours certains de trouver en lui des encouragements qui se traduisaient autrement qu'en paroles.
Pendant la lutte contre le Sud, son temps et sa bourse furent mis avec empressement au service de la
cause nationale dont il fut un des défenseurs les plus ardents; membre d'une foule de comités, il pro-
digua l'argent pour soutenir, tant aux États-Unis qu'en Europe, toutes les publications en faveur de la
cause du Nord et de la suppression de la honteuse plaie de l'esclavage. On sait aujourd'hui que le bien
qu'il a fait en secret pendant cette terrible crise a dépassé, et de beaucoup, ses libéralités publiques, si
larges qu'elles aient cependant été.
11 n'y a qu'une voix à New-York pour déclarer que celui dont on y déplore la mort prématurée,
— M. Blodgett est mort le 4 novembre dernier, àl'àge de cinquante-deux ans, — a, dans ces quinze der-