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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Mancino, Léon: Notre bibliothèque
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Hoppin, William J.: L'avenir de l'art monumental en Amérique
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0159

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i44 L'J

a consacré vingt ans de patientes recherches à découvrir, sans le
concours de la photographie, un procédé de reproduction en fac-
similé des gravures, afin de mettre les pièces les plus rares à la
portée des artistes et des amateurs obligés de s'abstenir en pré-
sence des prix énormes qu'atteignent les anciennes estampes. Il
est non-seulement arrivé à une exactitude vraiment mathéma-
tique, mais à donner à très-bas prix des équivalents qui ont tout
le caractère, tout l'accent artistique des originaux, dont ils sont
les similaires accomplis. C'est au moyen d'un transport lithogra-
phique opéré dans des conditions de perfection toutes spéciales,
que procède M. van de W'eyer. Nous ne saurions trop appeler
l'attention sur les deux publications de l'éditeur hollandais, qui a
également fait paraître la Tête de Christ couronnée d'épines,
d'Albert Durer, et a littéralement produit un calque absolu
auquel les deux savants auteurs des Introductions ont, l'un et
l'autre, rendu pleine justice. M. Georges Duplessis constate
que les planches reproduites si parfaitement d'après des épreuves
de toute beauté, f montrent clairement que le procédé inventé
par M. P. W. van de Weyer est excellent et se prête admirable-

ment à l'usage auquel il est destiné. • Il ajoute que c'est seule-
ment « après plusieurs tentatives isolées, qui lui permettaient en
même temps de se rendre un compte exact des difficultés qu'il
avait à surmonter, et de discerner clairement les planches aux-
quelles son procédé pouvait le mieux s'approprier, i que M. van
de Weyer s'est décidé à s'attaquer à Albert Durer. Aussi l'a-t-il
fait avec le plus entier succès, et devons-nous désirer vivement
que le même travail d'intelligente vulgarisation artistique s'ap-
plique à de nouvelles séries de gravures anciennes.

Les beaux ouvrages publiés dans ces derniers temps en Hol-
lande, — à Leyde par M. SuythofF, et à Utrecht par MM. Ke-
mink, les éditeurs du Peintre-Graveur hollandais et flamand, de
M. van der Kellen, et par M. P. W. van de Weyer, inventeur à
l'esprit pratique et éditeur plein de goût, — annoncent un sé-
rieux réveil de l'antique passion néerlandaise pour les œuvres
d'art, et est du meilleur augure pour le progrès intellectuel du
pays.

Léon' M a k ci ko.

L'AVENIR DE L'ART MONUMENTAL EN AMÉRIQUE

Une des revues les plus importantes des États-Unis, The
Atlantic Monthly, a publié sous ce titre : a A Glimpse of Con-
temporary Art in Europe » (Coup d'oeil sur l'art contemporain en
Europe), une série d'articles de M. William J. Hoppin, secré-
taire du Metropolitan Muséum of Art, de New-York, et critique
éclairé, dont un de nos collaborateurs a récemment signalé les
rares mérites Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs la con-
clusion de cette remarquable étude. Elle sera lue avec intérêt
comme indice des aspirations artistiques des esprits les plus
cultivés dans la société américaine.

• Y a-t-il maintenant en Europe de grandes idées prédomi-
nantes qui soulèvent tous les cœurs et façonnent la vie d'un
peuple entier? Même l'orgueil de race et de patrie semble décliner,
en ce sens que l'art n'en offre plus d'expression grandiose. Le
superbe Arc de triomphe, à Paris, qui apparaît plus grand
chaque fois qu'on le revoit, paraît devoir être la dernière mani-
festation monumentale de ce sentiment. En religion, les hommes
sont ou des rationalistes froids ou bien des ritualistes bigots,
ou se passant d'églises, ou construisant des imitations serviles
d'anciens édifices dans lesquels ce qui est laid et incommode est
considéré comme favorable à l'édification spirituelle. Nous avions
eu l'heureuse fortune de voir l'été dernier quelques-unes des
créations les plus nobles de l'architecture au moyen âge : les
porches de Chartres, les sculptures ornementales de Rouen, la
nef d'Amiens, le vitrail ouest de Reims, la Lady Chapel (chapelle
de la Vierge) d'Ely, la colonnade majestueuse de Lincoln et la
perspective solennelle de Durham. Quelques vieilles femmes
étaient en prière dans les coins et recoins de ces admirables
intérieurs, qui semblaient des coquilles magnifiques aux noyaux
flétris. Quelle différence avec l'ancien temps, alors que ces nefs
étaient envahies par d'immenses et pittoresques foules, pénétrées
d'une profonde croyance en l'omnipotence de l'Église, inter-
prète de la volonté divine, et non pas d'une de ces croyances
qui inspirent l'argumentation des casuistes, ou qu'il faut démon-
trer par des pamphlets et des sermons, mais d'une foi pareille à
la croyance en la chaleur du soleil ou tout autre fait de la na-
ture ! Si nous avons à ériger maintenant des cathédrales pour
personnifier une foi générale quelconque, ce doit être pour expri-
mer l'idée darwinienne de la sélection naturelle, ou pour honorer
le grand Universum du Docteur Strauss.

« Dans la politique européenne, les anciennes traditions
n'inspirent plus une vénération qui suffise à en féconder l'expres-
sion artistique, et la foi en la République universelle n'est pas

i. Voir l'Art, tome IV, page 80.

encore assez puissante pour s'incarner dans les monuments. C'est
une époque de lutte, de trouble, de doute et d'incrédulité.
Aucune grande idée n'est prête à s'enchâsser dans les formes les
plus élevées de l'Art, et l'idée serait mûre que la nécessité et
l'occasion feraient défaut à sa manifestation. Les apôtres d'une
foi nouvelle trouveraient tous les matériaux sous la main. L'ar-
chitecture, la sculpture et la peinture en sont là. De même qu'à
son avènement l'empereur romain de la décadence décapitait les
statues de son prédécesseur et faisait sculpter sa propre tête sur
les anciennes épaules, de même les prosélytes zélés de l'idée qui
va venir, peuvent y adapter les monuments des anciennes tra-
ditions.

« Sommes-nous plus heureux en Amérique? Avons-nous à
exprimer des convictions grandes et profondes et avons-nous
l'occasion de pouvoir les exprimer? Il est agréable de pouvoir
répondre affirmativement à cette question. Voici nos occasions et
nos bonnes fortunes : la plupart de nos grands édifices monu-
mentaux sont encore à construire, et ceux que nous possédons en
petit nombre ont été si misérablement bâtis qu'ils s'écrouleront
d'eux-mêmes, ou bien ils sont si contraires à tous les principes du
bon goût, qu'ils seront démolis par nos descendants indignés.
C'est en Amérique qne nous pouvons raisonnablement prévoir
un nouveau type d'architecture, — le type qui sera engendré par
la nécessité de caser d'immenses foules sous le même toit, pour
les discussions politiques, le service religieux, les débats législatifs,
ou l'administration de la justice, un type plus majestueux que
celui de la Basilique romaine et susceptible de l'ornementation la
plus riche par la sculpture et la peinture.

Lorsque s'ouvrira cet avenir encore éloigné, lorsque l'Améri-
cain comprendra, comme l'ont compris les Grecs, que la vie
privée doit être modeste et sans ostentation et que toutes les
splendeurs de l'art doivent être mises en œuvre pour agrandir
la dignité de l'État; lorsque la beauté de l'à-propos et du goût
et les véritables affinités de l'art avec la vie sociale seront uni-
versellement reconnues, de façon que chaque chambre aura
sa décoration appropriée et que nos maisons ne seront plus des
bazars et des magasins de bric-à-brac, lorsque nos hommes
riches, qui dépensent pour une seule fête des milliers de dollars
en fleurs et en babioles, apprendront qu'il est plus sage de con-
sacrer ces sommes à doter un musée ; lorsque le peuple entier
reconnaîtra cette loi, que le beau doit être cultivé tout aussi
bien que le bon et le vrai, et que la mission à l'Etat est d'appli-
quer ses trésors à élever ses enfants dans la perception de ce prin-
 
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