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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Chronique française
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CHRONIQUE

FRANÇAISE

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E groupe de M. Mercié, Gloria Victis, a été posé,
le 2 février, sur son piédestal, au centre du square
Montholon.

L'exécution de ce groupe est fort soignée.
C'est un bronze presque sans alliage et non pa-
tiné, présentant l'œuvre de M. Mercié sur un socle circulaire
de om,5o de diamètre à peine.

Nous nous permettrons cependant une observation. Le pié-
destal sur lequel est posée la belle œuvre du jeune sculpteur est
d'une mesquinerie choquante. La municipalité ne pouvait-elle
donc mieux faire?

— On annonce que la souscription ouverte par le journal la
France pour la statue de Lamartine a dépassé maintenant la
somme de 30,000 francs.

— On sait le succès qu'a obtenu l'exposition qui a eu lieu l'an-
née dernière à Blois. La ville d'Orléans en organise une semblable.
Nous faisons les vœux plus sincères pour que cette entreprise
réussisse. C'est avec un vif plaisir, en effet, que nous voyons se
produire depuis quelque temps dans les villes de province cette
initiative artistique, et nous sommes persuadés que les expositions
locales, comme celles qui ont été faites à Lille, à Blois, à Nancy,
sont d'une utilité très-grande. Beaucoup de villes, comme Nan-
tes, Lyon, etc., feraient bien d'imiter ces exemples en exhibant
aussi les richesses d'art qu'elles renferment.

— Dans la séance tenue le 2 février par la Société de géogra-
phie, le vice-président de la Société de photographie a annoncé
qu'une exposition de photographie allait avoir lieu à Paris : il a
sollicité l'appui des Sociétés savantes.

— La section des Beaux-Arts s'est réunie pour nommer les
juges-adjoints qui feront partie de la Commission qui doit
rendre son jugement dans le concours d'architecture pour le
prix de Rome.

Ont été nommés jurés-adjoints :

MM. Huchard, Gadbœuf, Guillaume, Clerget.

— Quelques travaux de nettoyage et de restauration entrepris
récemment au palais de la Bourse, dans l'ancienne salle du tri-
bunal de commerce, aujourd'hui affectée au bureau de transmis-
sion des dépêches télégraphiques, ont mis à découvert une série
de peintures en grisailles exécutées de 1822 à 1826 par MM. Blon-
del, Desgeorges et Vinchon.

Ces grisailles, d'un dessin correct et froid, mais d'un assez
bel effet décoratif, étaient restées dans l'obscurité ; elles sont
aujourd'hui en pleine lumière, grâce à l'ouverture de cinq grandes
baies nouvellement pratiquées. Les trois artistes qui les ont
peintes sont aujourd'hui peu connus, sauf peut-être Blondel qui,
pour sa part, avait composé les six principales grisailles et avait
fait en outre la Justice protégeant le Commerce, pour la décora-
tion de la salle. C'est de ce dernier que Gustave Planche disait,
en 1840 : « C'est un peintre absolument nul, bien qu'il siège à
l'Institut. »

— On sait que le portique monumental du palais de l'In-
dustrie, aux Champs-Elysées, est flanqué de deux énormes
colonnes cannelées qui reposent sur de robustes socles de pierre,
ayant sur leur face, comme décoration, de grandes plaques de
marbre.

Des échafaudages viennent d'être posés contre ces colonnes
afin d'en détacher les plaques de marbre, tellement dégradées
qu'elles sont sur le point de tomber en morceaux.

Elles seront remplacées par des plaques neuves ; mais ce tra-
vail ne sera pas terminé avant la fin du mois prochain.

— M. le directeur des Beaux-Arts vient d'ordonner la res-
tauration des tombeaux de Molière et de La Fontaine, au Père-

Lachaise. On sait que ces deux tombeaux, qui étaient autrefois
au musée des Petits-Augustins, sont placés l'un à côté de
l'autre.

Celui de La Fontaine présente la forme d'une sorte de boîte,
soutenue par quatre blocs de marbre, et au-dessus de laquelle on
a placé un renard, l'animal que l'illustre fabuliste a si souvent
mis en scène. Celui de Molière, beaucoup plus élevé et d'une
simplicité extraordinaire, porte comme uniques ornements à ses
quatre coins les masques grimaçants de la Comédie.

On va se borner à gratter les pierres des deux monuments,
sans rien changer à leur forme actuelle, après quoi on passera
dessus un enduit, en vue d'éviter de nouvelles et trop promptes
dégradations.

Pour exécuter ce travail, il faudra enlever les bas-reliefs en
plomb du tombeau de La Fontaine, lesquels représentent les
scènes des deux fables : le Loup et l'Agneau et le Renard et la
Cigogne. Mais ces bas-reliefs, de même que les inscriptions et les
autres sujets décoratifs en métal des deux monuments funèbres,
seront replacés tels qu'ils existent aujourd'hui.

Des ordres sont donnés en vue de pousser ces travaux avec la
plus grande activité. Néanmoins on pense qu'on ne pourra les
terminer avant deux mois. Le crédit alloué pour cette restaura-
tion n'est que de 3,500 francs.

— Un jury d'expropriation spécial était convoqué, la semaine
dernière, pour fixer les indemnités afférentes à deux locataires
d'un immeuble sis à Paris, rue Saint-Louis-en-l'Ile, 1 et 3, et
quai de Béthune. Cette opération se rattache à l'ouverture du
boulevard Henri IV, qui part de la place de la Bastille pour
aboutir aux deux ponts en construction, destinés à mettre le fau-
bourg Saint-Antoine et les grands boulevards en communication
avec le boulevard Saint-Germain. La circulation est, depuis
quelque temps, interrompue à l'extrémité de l'île, et le quai a
été partiellement démoli pour être réédifié en harmonie avec les
deux ponts.

L'immeuble atteint était une dépendance d'une des demeures
les plus vastes et les plus belles de l'ancien Paris ; les historiens
nous en ont laissé une brillante description et se sont complu à
énumérer en détail les trésors de peinture, d'architecture, de
sculpture qu'elle renfermait. Le président à la cour des comptes,
Le Rogois de Bretonvilliers, qui avait dû sa fortune, aussi rapide
que considérable, aux emplois qu'il avait occupés dans la finance
sous le ministère du cardinal Mazarin, s'était fait construire, par
Du Cerceau, cet hôtel dans une des situations les plus heureuses
du Paris du xvne siècle, en face de l'emplacement sur lequel
devait s'élever l'hôtel Lambert. On estime que, pour les fonda-
tions de la maison et pour la construction du quai qui environne
la pointe de l'île, le président de Bretonvilliers n'avait pas dépensé
moins de 800,000 livres de la monnaie du temps.

Le quai est bâti tout en pierres de taille sur pilotis, et les
travaux pour l élever ont été d'autant plus longs, et pénibles que
c'était, à l'époque, l'endroit de Paris où la Seine était le plus
profonde et le plus rapide. Les jardins, entourés de murs,
s'étendaient jusqu'à l'extrémité de l'île, mais ils laissaient entre
eux et le quai un large espace qui permettait aux voitures et aux
piétons de circuler à l'aise; c'est la partie la plus rapprochée de
la voie publique que l'expropriation atteint aujourd'hui; mais,
depuis longtemps, la destination de l'hôtel avait été modifiée,
car, dès 1719, les bureaux des fermiers généraux en avaient pris
possession; ils cédèrent, en 1764, la place au bureau général des
privilégiés, en vertu d'un arrêt du Conseil du 2 octobre 1764.
M. de Montmirail était propriétaire de cet immeuble au moment
de son émigration. Devenu, par la confiscation, propriété natio-
 
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