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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Ballu, Roger: L' oeuvre de Pils, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0281

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2Ô0

L'ART.

fait partager au spectateur. Ici un soldat de la ligne, droit sur ses hanches, la jambe gauche en avant,
la tète droite etfière, tenant sur son épaule un fusil dans la baïonnette duquel est passée une couronne.
La silhouette se dessine franche sur le papier sans fond dégradé. Regardez la simplicité et la largeur
des touches d'ombre si justement mises à leur place, qui accusent les plis du pantalon et de la capote.
Nulle préoccupation de l'infiniment petit : ce n'est pas Pils qui se serait amusé à peindre un à un les
cordons de laine des épaulettes! — A côté une aquarelle plus importante de dimension : des artilleurs
tirent un canon embourbé, et se détachent en noir sur un ciel gris que viennent animer les trois couleurs
du drapeau français. — Et puis ce sont des perspectives jaune d'or se perdant dans un ciel bleu dont
l'éclat est tempéré de nuages blancs. Sur le premier plan sont groupés trois cuirassiers dont les poi-
trines et les casques reluisent. Les notes rouges des pantalons chantent dans cette lumière. —Nous
voilà sous le ciel de l'Afrique. Une femme kabyle drapée presque à l'antique porte une urne sur sa tète.

Des Arabes tout blancs écorchent sous la tente des moutons teints de sang près d'un feu qui flambe.
A l'ombre des palmiers, un marché kabyle étend son fourmillement pittoresque. Revenons en France,
arrêtons-nous devant cette aquarelle chaude de tons, baignée d'ombres représentant une rue de Chi-
non ; je ne sais pourquoi elle me fait penser à Fortuny. Comme ce grand portail d'église reçoit bien la
pleine lumière du soleil!

Que de scènes du siège de Paris se retrouvent ici! Les uniformes encombrent les rues. Le palais
de la Bourse est un campement : sous la haute colonnade des petits soldats montent la garde ; dans le
coin un bouquet d'arbres présente sa touffe de verdure : on sent l'espace et l'air dans cette pers-
pective.

Qui ne se souvient de l'horizon blanc des remparts pendant l'hiver de 1871 ? Regardez dans ce
désert de neige deux mobiles, couverts de peau de mouton, serrant leurs fusils contre eux et grelot-
tant de froid. — De son atelier Pils voyait la place Clichy. Il nous montre l'enfilade des boulevards
extérieurs hérissés de baraques en planches, les soldats lavant leur linge au bassin circulaire. —
Ne croyez pas que pendant la Commune il renonce à peindre ; la colonne de la place Vendôme
vient de tomber, il reproduit ce spectacle navrant. Comme un squelette dont les os sont épars, le haut
 
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