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Genevay, Antoine: Art dramatique - Frédérick Lemaitre, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0308
FREDERICK LEMAITRE. 28s
mérite réel, qui devait plus tard créer Charles-Quint dans Hernani, Michelot; au vingtième vers récité
par le jeune aspirant, l'examinateur l'arrêta, et, lui prédisant de brillantes destinées, il lui ouvrit l'école.
Frédérick entra dans la classe du tragédien. Lafont ; Manlius éleva Robert Macaire et Paillasse.
Lemaître travailla-t-il beaucoup au Conservatoire? Nous sommes porté à le penser, mais d'un travail
particulier, propre à lui ; il est plus que probable que ses professeurs durent souvent s'indigner
contre une intelligence rebelle à toutes les convenances de la tradition. Quoi qu'il en soit, ce fut cer-
tainement au Conservatoire qu'il apprit à poser, à dire le vers, talent dans lequel il excella et dont il a
Frederick Lemaître.
Fac-similé d'un dessin de E. Morin.
donné tant de preuves. En effet, si,-devenu grand acteur, il traita souvent la prose avec trop de
familiarité, les poètes n'eurent jamais qu'à le remercier de la manière dont il respectait et faisait
flamboyer leurs hémistiches; de sa bouche ils sortaient sonores comme l'airain de Corinthe.
Nous n'avons que très-peu de souvenirs sur le passage de Frédérick au Conservatoire ; les hommes
qui y étudièrent à ses côtés sont devenus rares et nous n'avons point la bonne fortune d'en connaître ;
ce que nous savons c'est que l'élève, entré par une si belle porte, sortit lauréat, et qu'en vertu de ce
succès, il se présenta pour être agréé à l'Odéon. Il fut repoussé à l'unanimité moins une voix, mais
cette voix était celle de Talma; le lion avait reconnu le lionceau. Le jeune homme possédait d'ailleurs
tous les dons que peut accorder la généreuse nature : une tète fière orgueilleusement posée sur un
beau corps, des yeux superbes, un front pensif, une lèvre chargée d'ironie, la voix retentissante
d'Achille raillant les Grecs, et une ampleur fastueuse du geste qui devait, nous l'avouons, singulière-
ment contrister le goût classique.
Tome IV. 38
mérite réel, qui devait plus tard créer Charles-Quint dans Hernani, Michelot; au vingtième vers récité
par le jeune aspirant, l'examinateur l'arrêta, et, lui prédisant de brillantes destinées, il lui ouvrit l'école.
Frédérick entra dans la classe du tragédien. Lafont ; Manlius éleva Robert Macaire et Paillasse.
Lemaître travailla-t-il beaucoup au Conservatoire? Nous sommes porté à le penser, mais d'un travail
particulier, propre à lui ; il est plus que probable que ses professeurs durent souvent s'indigner
contre une intelligence rebelle à toutes les convenances de la tradition. Quoi qu'il en soit, ce fut cer-
tainement au Conservatoire qu'il apprit à poser, à dire le vers, talent dans lequel il excella et dont il a
Frederick Lemaître.
Fac-similé d'un dessin de E. Morin.
donné tant de preuves. En effet, si,-devenu grand acteur, il traita souvent la prose avec trop de
familiarité, les poètes n'eurent jamais qu'à le remercier de la manière dont il respectait et faisait
flamboyer leurs hémistiches; de sa bouche ils sortaient sonores comme l'airain de Corinthe.
Nous n'avons que très-peu de souvenirs sur le passage de Frédérick au Conservatoire ; les hommes
qui y étudièrent à ses côtés sont devenus rares et nous n'avons point la bonne fortune d'en connaître ;
ce que nous savons c'est que l'élève, entré par une si belle porte, sortit lauréat, et qu'en vertu de ce
succès, il se présenta pour être agréé à l'Odéon. Il fut repoussé à l'unanimité moins une voix, mais
cette voix était celle de Talma; le lion avait reconnu le lionceau. Le jeune homme possédait d'ailleurs
tous les dons que peut accorder la généreuse nature : une tète fière orgueilleusement posée sur un
beau corps, des yeux superbes, un front pensif, une lèvre chargée d'ironie, la voix retentissante
d'Achille raillant les Grecs, et une ampleur fastueuse du geste qui devait, nous l'avouons, singulière-
ment contrister le goût classique.
Tome IV. 38