DOI Heft:
Chronique de l'hôtel Drouot
DOI Heft:Notre eau-forte
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0377
L'ART.
sur i m. 47 de large, donnée à Bartholomeus van der Helst à-
qui cela ne ressemble pas. M. Hainauer, qui n'a payé cette
réunion de portraits que 3,400 francs, a fait une fort bonne
acquisition ; il est devenu propriétaire d'un maître dont les
productions authentiques se rencontrent rarement, Nicolaas de
Helt Stockade qui a signé en toutes lettres et daté le tableau de
la collection Lissingen. C'est un peintre à qui ses contemporains
rendaient pleine justice et que les plus célèbres ont été heureux
d'avoir pour collaborateur ; Hobbema, par exemple, lui a plus
d'une fois demandé d'étoffer ses admirables paysages.
27. — Site aux environs de Scheveningen, par Philips Ko-
ninck. 2,020 francs, au Musée royal de Belgique.
37. —Le Sentier1, par Jacob van Ruysdaël. 29,100 francs, à
M. le prince Paul Demidoff de San Donato.
38. '— Effet de neige, par le même. 1,900 francs.
39. — Site hollandais, par Salomon van Ruysdaël. 5,080 fr.
à M. le duc de Bojano.
43. — Intérieur flamand -, par David Teniers le jeune (il a
fait partie des collections de Morny et Khalil-Bey). 21,300 fr.
à M. Annoot, de Londres.
44. — Tentation de saint Antoine3, donnée à David Teniers
le jeune, mais qui n'a jamais été de lui. C'est un David Teniers
le père, et 7,020 francs est un prix énorme pour un tableau du
précurseur du grand Teniers.
46. — La Route, par B. D. Veen. 800 francs. C'est un très-
intéressant paysage qui, d'après le Catalogue, est signé B. Veen
1648. Il y aurait grand intérêt à vérifier cette signature et à
s'assurer si ce B n'est pas un P. Il s'agirait alors du maure que
loue vivement Gérard Hbet à propos de son tableau n° 11 du
cabinet de M. Elias van der Hoeven dont la vente eut lieu à Rot-
terdam le 20 juillet 17684.
48.— Portrait d'un jeune garçon, par Johannes Verspronck.
1,550 francs, à MM. Fauret Lepage.
La quatrième catégorie comprend les tableaux médiocres,
repeints ou faux ; il n'y a pas lieu d'en excepter ce Willem
van de Velde,mou et terreux, qui, àlaventePereire (9mars 1872),
ne trouva pas acheteur et fut retiré à 28,50c fr.; cette fois il a
été adjugé à 34,500 francs contre le musée d'Anvers; fort
heureusement pour cette magnifique collection, son enchère n'a
pas été la dernière.
S'il fallait en croire ce qui a été publié sur les nos 8 et 9 de
cette vente, M. de Lissingen aurait possédé deux Broirwer, non-
seulement d'une indiscutable authenticité, mais tellement remar-
quables, que l'un d'eux tout au moins — le Joueur de violon, —
beaucoup plus serré 5, dans le genre d'Ostade, « pourrait passer
pour appartenir à ce maître et aller grossir le nombre des tableaux
qui circulent sous cette marque glorieuse •. En vérité, voilà qui
est merveilleusement dit ! Il n'y a à ce dithyrambe qu'un petit
inconvénient : le Joueur de violon n'est autre chose qu'un pauvre
Pieter Quast°.
Pour en finir avec la collection Lissingen et citer une der-
nière fois l'éminent critique auquel nous avons fait d'instructifs
emprunts, disons un mot de l'Izaak Van Ostade qui s'est vendu
11,500 francs.
« La Halte des Voyageurs, d'Isaac Ostade, est un des
meilleurs ouvrages de ce maître, qui n'a eu qu'un tort : celui
d'être le frère d'un grand homme ; il provient de la galerie du
baron de Brienen, et lors de la vente il a atteint le prix respec-
table de 32,000 fr. Ce beau tableau a une hauteur de 4"',63 sur
om,85 de large; proportions tout à fait insolites, car Isaac
Ostade aimait à enfermer ses œuvres dans des cadres plus res-
treints. «
Décidément il n'est rien de tel que de parler peinture comme
un aveugle juge des couleurs.
i° Izaak n'est pas moins un grand homme que son frère ;
il a toujours été considéré comme tel si ce n'est par les ignorants .
Smith, qui s'y connaissait quelque peu, place ses meilleurs
ouvrages sur le même rang que ceuxd'Adriaan,— their excellence
placing him in the saine rank ivith his brother, — et il ajoute
qu'il ne lui a manqué pour )ouir d'une renommée égale à celle de
ce dernier, que de vivre plus longtemps. Izaak est mort à trente-
six ans, et Adriaan à soixante-quinze.
2° De tout temps les connaisseurs ont été de l'avis de Smith
et les beaux tableaux d'Izaak se sont toujours vendus non moins
cher que ceux de son aîné; il suffit, pour s'en convaincre,
d'ouvrir le supplément de Smith, où la Halte des voyageurs
figure à la page 134, sous le n° 36; on pourra en même temps y
constater que sur les quarante-trois tableaux décrits, il n'y en a
que dix-neuf de dimensions plus grandes que ces» proportions tout
à fait insolites » signalées par le juge si compétent qui proclame
« un des meilleurs ouvrages de ce maître •, une vaste ruine
dont tout Paris connaît l'aventure. « Ce beau tableau 1, la
seule brebis galeuse de la fameuse Collection Van Brienen, fut
acheté à un prix, non pas respectable, mais colossal, par feu
M. Van Kuyck, un habile homme, pour le baron James de Roth-
schild, qui n'eut pas plutôt le tableau en sa possession qu'il s'a-
perçut avoir simplement acquis un amas de repeints et s'empressa
de se débarrasser d'un malade indignede figurer parmi les chefs-
d'œuvre de sa galerie. Nous raconterons peut-être un autre jour
la suite des aventures de cet Izaak Van Ostade.
NOTRE EAU-FORTE
Cette livraison est accompagnée d'une eau-forte, le Lion de
Nubie, gravée pour l'Art, par M. Auguste Lançon, dont nos
lecteurs ont pu déjà apprécier le talent à rendre l'attitude et la
physionomie des animaux.
1. Grave dans l'Art, tome IV, page 299.
a. Gravé dans l'Art, tome IV, page 247.
3. Gravé dans l'Art, tome IV, page 247.
4. « Een extra fraay en uitvoerg stukje, door P. Veen; van \y*ê beste tydt. »
5. Que le premier, — les Mangeurs de moules, — affreuse pochade indigne du talent de Brouwer qui était un très-grand artiste. Ceux qui en douteraiei.t
après avoir vu ces Mangeurs de moules, auxquels il Mt complètement étranger, feront sagement d'apprendre a le connaître au Musée de Harlem et dans la
galerie du baron van Steengracht à la Haye.
ci. Les Mangeurs de moules (n° 8) et le Joueur de violon ont trouvé acheteurs à 2,800 fr. et à 1,050 fr.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
FIN DU QUATRIEME VOLUME
sur i m. 47 de large, donnée à Bartholomeus van der Helst à-
qui cela ne ressemble pas. M. Hainauer, qui n'a payé cette
réunion de portraits que 3,400 francs, a fait une fort bonne
acquisition ; il est devenu propriétaire d'un maître dont les
productions authentiques se rencontrent rarement, Nicolaas de
Helt Stockade qui a signé en toutes lettres et daté le tableau de
la collection Lissingen. C'est un peintre à qui ses contemporains
rendaient pleine justice et que les plus célèbres ont été heureux
d'avoir pour collaborateur ; Hobbema, par exemple, lui a plus
d'une fois demandé d'étoffer ses admirables paysages.
27. — Site aux environs de Scheveningen, par Philips Ko-
ninck. 2,020 francs, au Musée royal de Belgique.
37. —Le Sentier1, par Jacob van Ruysdaël. 29,100 francs, à
M. le prince Paul Demidoff de San Donato.
38. '— Effet de neige, par le même. 1,900 francs.
39. — Site hollandais, par Salomon van Ruysdaël. 5,080 fr.
à M. le duc de Bojano.
43. — Intérieur flamand -, par David Teniers le jeune (il a
fait partie des collections de Morny et Khalil-Bey). 21,300 fr.
à M. Annoot, de Londres.
44. — Tentation de saint Antoine3, donnée à David Teniers
le jeune, mais qui n'a jamais été de lui. C'est un David Teniers
le père, et 7,020 francs est un prix énorme pour un tableau du
précurseur du grand Teniers.
46. — La Route, par B. D. Veen. 800 francs. C'est un très-
intéressant paysage qui, d'après le Catalogue, est signé B. Veen
1648. Il y aurait grand intérêt à vérifier cette signature et à
s'assurer si ce B n'est pas un P. Il s'agirait alors du maure que
loue vivement Gérard Hbet à propos de son tableau n° 11 du
cabinet de M. Elias van der Hoeven dont la vente eut lieu à Rot-
terdam le 20 juillet 17684.
48.— Portrait d'un jeune garçon, par Johannes Verspronck.
1,550 francs, à MM. Fauret Lepage.
La quatrième catégorie comprend les tableaux médiocres,
repeints ou faux ; il n'y a pas lieu d'en excepter ce Willem
van de Velde,mou et terreux, qui, àlaventePereire (9mars 1872),
ne trouva pas acheteur et fut retiré à 28,50c fr.; cette fois il a
été adjugé à 34,500 francs contre le musée d'Anvers; fort
heureusement pour cette magnifique collection, son enchère n'a
pas été la dernière.
S'il fallait en croire ce qui a été publié sur les nos 8 et 9 de
cette vente, M. de Lissingen aurait possédé deux Broirwer, non-
seulement d'une indiscutable authenticité, mais tellement remar-
quables, que l'un d'eux tout au moins — le Joueur de violon, —
beaucoup plus serré 5, dans le genre d'Ostade, « pourrait passer
pour appartenir à ce maître et aller grossir le nombre des tableaux
qui circulent sous cette marque glorieuse •. En vérité, voilà qui
est merveilleusement dit ! Il n'y a à ce dithyrambe qu'un petit
inconvénient : le Joueur de violon n'est autre chose qu'un pauvre
Pieter Quast°.
Pour en finir avec la collection Lissingen et citer une der-
nière fois l'éminent critique auquel nous avons fait d'instructifs
emprunts, disons un mot de l'Izaak Van Ostade qui s'est vendu
11,500 francs.
« La Halte des Voyageurs, d'Isaac Ostade, est un des
meilleurs ouvrages de ce maître, qui n'a eu qu'un tort : celui
d'être le frère d'un grand homme ; il provient de la galerie du
baron de Brienen, et lors de la vente il a atteint le prix respec-
table de 32,000 fr. Ce beau tableau a une hauteur de 4"',63 sur
om,85 de large; proportions tout à fait insolites, car Isaac
Ostade aimait à enfermer ses œuvres dans des cadres plus res-
treints. «
Décidément il n'est rien de tel que de parler peinture comme
un aveugle juge des couleurs.
i° Izaak n'est pas moins un grand homme que son frère ;
il a toujours été considéré comme tel si ce n'est par les ignorants .
Smith, qui s'y connaissait quelque peu, place ses meilleurs
ouvrages sur le même rang que ceuxd'Adriaan,— their excellence
placing him in the saine rank ivith his brother, — et il ajoute
qu'il ne lui a manqué pour )ouir d'une renommée égale à celle de
ce dernier, que de vivre plus longtemps. Izaak est mort à trente-
six ans, et Adriaan à soixante-quinze.
2° De tout temps les connaisseurs ont été de l'avis de Smith
et les beaux tableaux d'Izaak se sont toujours vendus non moins
cher que ceux de son aîné; il suffit, pour s'en convaincre,
d'ouvrir le supplément de Smith, où la Halte des voyageurs
figure à la page 134, sous le n° 36; on pourra en même temps y
constater que sur les quarante-trois tableaux décrits, il n'y en a
que dix-neuf de dimensions plus grandes que ces» proportions tout
à fait insolites » signalées par le juge si compétent qui proclame
« un des meilleurs ouvrages de ce maître •, une vaste ruine
dont tout Paris connaît l'aventure. « Ce beau tableau 1, la
seule brebis galeuse de la fameuse Collection Van Brienen, fut
acheté à un prix, non pas respectable, mais colossal, par feu
M. Van Kuyck, un habile homme, pour le baron James de Roth-
schild, qui n'eut pas plutôt le tableau en sa possession qu'il s'a-
perçut avoir simplement acquis un amas de repeints et s'empressa
de se débarrasser d'un malade indignede figurer parmi les chefs-
d'œuvre de sa galerie. Nous raconterons peut-être un autre jour
la suite des aventures de cet Izaak Van Ostade.
NOTRE EAU-FORTE
Cette livraison est accompagnée d'une eau-forte, le Lion de
Nubie, gravée pour l'Art, par M. Auguste Lançon, dont nos
lecteurs ont pu déjà apprécier le talent à rendre l'attitude et la
physionomie des animaux.
1. Grave dans l'Art, tome IV, page 299.
a. Gravé dans l'Art, tome IV, page 247.
3. Gravé dans l'Art, tome IV, page 247.
4. « Een extra fraay en uitvoerg stukje, door P. Veen; van \y*ê beste tydt. »
5. Que le premier, — les Mangeurs de moules, — affreuse pochade indigne du talent de Brouwer qui était un très-grand artiste. Ceux qui en douteraiei.t
après avoir vu ces Mangeurs de moules, auxquels il Mt complètement étranger, feront sagement d'apprendre a le connaître au Musée de Harlem et dans la
galerie du baron van Steengracht à la Haye.
ci. Les Mangeurs de moules (n° 8) et le Joueur de violon ont trouvé acheteurs à 2,800 fr. et à 1,050 fr.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
FIN DU QUATRIEME VOLUME