L' art: revue hebdomadaire illustrée (2.1876 (Teil 1))

286

L'ART.

Malgré ces avantages, pressé par les besoins matériels de la vie, Frédérick chercha un théâtre,
même de troisième ordre, qui voulût bien lui permettre de se produire aux feux de sa rampe. Il finit
par en trouver un : « les Variétés amusantes » l'engagèrent pour jouer le lion dans Pyrame et Thisbé.
Ce fut donc à quatre pattes que débuta le célèbre tragédien ; il commença comme beaucoup d'autres
finissent. La peau du roi du désert ne tarda point à le lasser, il passa aux « Funambules » où il créa

Frédéric Lemaitre dans le rôle de Robert-Macaire.
Fac-similé d'un dessin de Ad. Lalauze.

le Soldat laboureur, puis au « Cirque Franconi » où, moitié clown moitié écuyer, il fit admirer sa force
et sa souplesse, ce qui lui a toujours beaucoup plu; mais ayant été sifflé dans la Mort de Kléber, il
passa à l'Odéon, chargé de ces rôles de confident dont l'école dégénérée de Racine et de Voltaire a
tant abusé. Après une courte station en cette condition secondaire, il fut engagé et il débutait, le
2 juillet 1823, à « l'Ambigu » dans l'Auberge des Adrets.

On connaît la singulière fortune de cette pièce. Le premier soir, jouée au sérieux comme un gros
mélodrame qu'elle était, elle'tomba sous une volée de sifflets. Maintenant laissons la parole à la légende :
elle raconte qu'après cette chute, auteurs, acteurs, directeur déconfits se trouvaient réunis au café