s
L'ART.
Quant aux colonnes qui portent la coupole, quant à cette coupole elle-même, elles ont l'éclat
du verre sans en avoir la fragilité, et elles donnent l'idée de quelque architecture qui ne serait
pas précisément faite pour nos climats, mais qui rappelle ces constructions mythologiques, ces
demeures aériennes, ces temples sereins que les poètes donnaient pour demeures aux divinités
d'un ciel indulgent. Imaginez maintenant ce joli palais, d'une si délicieuse inutilité, s'élevant
dans quelque recoin souriant d'un beau parc, au milieu des verdures et des fleurs, illuminé,
comme a dit le poète,
Par les pâles clartés qui tombent des étoiles.
et vous aurez l'illusion d'un rêve, et vous vous surprendrez épiant le retour de la jeune et
radieuse déesse que l'on doit adorer dans ce petit sanctuaire... dont nous aurons chassé Mercure.
S'il fallait maintenant faire la part de la critique qui, assure-t-on, ne perd jamais ses droits,
même en face des choses les mieux réussies, nous reprocherions peut-être aux maîtres de Bac-
carat, dont le sens artistique est si fin et le goût si pur, certaines imitations, que nous croyons
malheureuses, de la porcelaine par le verre. .Les pièces auxquelles nous faisons illusion sont admi-
rablement montées sans doute, et décorées de bronzes magnifiques. Mais il y a pour les choses
une gamme naturelle dont il ne faut pas qu'elles sortent. La faïence est faite pour être opaque
et le verre pour être transparent. Il n'est pas bon d'intervertir les rôles.
Si Baccarat est intéressant à visiter le jour, il est bien plus curieux encore, le soir venu,
quand on voit étinceler, sous le feu des bougies, les mille facettes de ses lustres. Quelques-uns
d'entre eux, quand on les allume, sont d'un effet magique. On est frappé tout d'abord du beau
style et du grand aspect de leur forme générale. Les bras qui portent les lumières sont séparés
par des sortes de chapelets, dont les grains de cristal, gros comme des noisettes, doivent aux
réfractions de leurs prismes l'apparence d'une véritable rivière de diamants.
Baccarat suffirait à lui tout seul à la gloire industrielle d'une grande nation.
Louis Énault.
Coffret
kn cristal,
(Manufacture
style Renaissance.
de Baccarat.)
L'ART.
Quant aux colonnes qui portent la coupole, quant à cette coupole elle-même, elles ont l'éclat
du verre sans en avoir la fragilité, et elles donnent l'idée de quelque architecture qui ne serait
pas précisément faite pour nos climats, mais qui rappelle ces constructions mythologiques, ces
demeures aériennes, ces temples sereins que les poètes donnaient pour demeures aux divinités
d'un ciel indulgent. Imaginez maintenant ce joli palais, d'une si délicieuse inutilité, s'élevant
dans quelque recoin souriant d'un beau parc, au milieu des verdures et des fleurs, illuminé,
comme a dit le poète,
Par les pâles clartés qui tombent des étoiles.
et vous aurez l'illusion d'un rêve, et vous vous surprendrez épiant le retour de la jeune et
radieuse déesse que l'on doit adorer dans ce petit sanctuaire... dont nous aurons chassé Mercure.
S'il fallait maintenant faire la part de la critique qui, assure-t-on, ne perd jamais ses droits,
même en face des choses les mieux réussies, nous reprocherions peut-être aux maîtres de Bac-
carat, dont le sens artistique est si fin et le goût si pur, certaines imitations, que nous croyons
malheureuses, de la porcelaine par le verre. .Les pièces auxquelles nous faisons illusion sont admi-
rablement montées sans doute, et décorées de bronzes magnifiques. Mais il y a pour les choses
une gamme naturelle dont il ne faut pas qu'elles sortent. La faïence est faite pour être opaque
et le verre pour être transparent. Il n'est pas bon d'intervertir les rôles.
Si Baccarat est intéressant à visiter le jour, il est bien plus curieux encore, le soir venu,
quand on voit étinceler, sous le feu des bougies, les mille facettes de ses lustres. Quelques-uns
d'entre eux, quand on les allume, sont d'un effet magique. On est frappé tout d'abord du beau
style et du grand aspect de leur forme générale. Les bras qui portent les lumières sont séparés
par des sortes de chapelets, dont les grains de cristal, gros comme des noisettes, doivent aux
réfractions de leurs prismes l'apparence d'une véritable rivière de diamants.
Baccarat suffirait à lui tout seul à la gloire industrielle d'une grande nation.
Louis Énault.
Coffret
kn cristal,
(Manufacture
style Renaissance.
de Baccarat.)