L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 2))

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

LIVRES NOUVEAUX ET ÉDITIONS NOUVELLES

XXVIII

181. — L'Année artistique, par Victor Champier, secré-
taire du Musée des arts décoratifs, troisième année. 1880-1881.
Paris, A. Quantin, imprimeur-éditeur, 7, rue Saint-Benoît,
1881. Un volume in-8" de 656 pages.

182. — Les Chefs-d'œuvre d'art du Luxembourg, publiés
sous la direction de M. Eugène Montrosier. Ludovic Baschet,
éditeur, 125, boulevard Saint-Germain. Paris, 1881. Un volume
in-40, grand Colombier, de 196 pages.

185. — Esquisses jurassiennes : Max Claudet, statuaire
salinois, par Emmanuel Vingtrinier. Besançon, Ch. Marion,
Morel et Cle, libraires, 2 et 4, place Saint-Pierre. 1880. In-8°
de 18 pages.

184. — Souvenirs de la vie intime de Henri Heine, recueillis
par sa mère, princesse Délia Racca, née Embden-Heine. Paris,

Calmann Lévy, éditeur, 1881. Un volume in-18 de 125 pages.

185. — Andréa Sansovino und seine Schule, fur Kunstler
und Kunstfreunde, von Dr Paul Schœnfeld. Mit 30 Abbil-
dungen in lichtdruck. Stuttgart, Verlag der J. B. Metzler'schen,
Buchhandlung. 1881.

186. — Mémoires inédits de Charles-Nicolas Cochin sur le
comte de Caylus, Bouchardon, les Slodtf. Publiés d'après le
manuscrit autographe; avec instructions, notes et appendice,
par M. Charles Henry. Paris, Baur, 11, rue des Saints-
Pères, 1880.

187. — Quelques Preuves sur Jean Cousin, peintre, sculpteur,
géomètre et graveur, par J. Lobet. Avec 31 gravures, lettres
ornées, autographes, dessin et trois portraits de Jean Cousin.
Paris, Henri Loones et Ci0, 6, rue de Tournon. 1881.

COURRIER DES MUSEES
LXVII

France.— Le Louvre vient d'acheter un des bustes prove-
nant du château de Montai, celui de Dordet, le second fils de
Jeanne de Balsac. Nous en félicitons vivement l'administration.
Ce buste est une très belle chose. Nous le préférons môme h
celui du frère aîné, qui est plus élégant et plus spirituel, mais
moins sincère et moins vrai. Il y a dans le buste de Dordet un
accent de nature qui manque à l'autre. Nous sommes ici en face
d'un véritable portrait, où l'on sent revivre le modèle; tandis que
dans le buste du frère aîné, on découvre sans peine un effort
d'idéalisation qui n'est pas dans les habitudes de nos vieux
imagiers du xv° siècle, et qui marque évidemment que
l'artiste a été forcé de le faire de mémoire. C'est ce qui explique
également la draperie par laquelle il a remplacé le vêtement
véritable.

Nous avons, d'ailleurs, d'autres raisons de croire que le
frère aîné était mort lorsque fut exécutée la série des bustes qui
ornaient le château de Montai. Dordet, suivant l'usage des
cadets, était d'abord entré dans les ordres, et il devrait en porter
le costume. Son buste nous le montre sous le costume civil.
Cela signifie évidemment qu'il est rentré dans la famille pour y
prendre la place du frère aîné, et que, par conséquent, celui-ci
était mort lorsque son buste fut exécuté.

Voilà pourquoi le buste de Dordet est plus vivant que
l'autre, et c'est pour cela que nous le préférons.

Il est vrai que Dordet a le nez cassé. Mais c'est à peu près
l'habitude des figures du Moyen Age et de la Renaissance, et
l'accoutumance a rendu le Louvre indulgent pour cette infirmité.

Cependant comme, même en matière d'art, la conservation
est à considérer, l'administration avait donné mission à M. Cou-
rajod de tâcher avant tout d'acquérir le buste intact et de ne se
rabattre sur le buste au nez cassé que si les enchères ne permet-
taient pas au représentant de notre Musée national de soutenir
la lutte jusqu'au bout. C'est précisément ce qui est arrivé cette
fois-ci, comme la plupart du temps.

Quelques mauvais plaisants ont prétendu que la mutilation

du buste de Dordet aurait échappé à l'attention de l'acheteur.
On a raconté à ce sujet toutes sortes d'histoires qui n'ont pas le
moindre fondement ; on a même fait intervenir des personnes
honorables, qui ont répondu par des démentis. Nous raconterons
peut-être un jour cette histoire, que nous avons pu suivre de
près et où le beau rôle n'appartient pas à ceux qui ont ouvert le
feu. Nous pourrions y joindre le récit de la campagne entreprise
naguère à propos de la magnifique terre-cuite polychrome, dont
on ne reprochait l'achat au Louvre que pour se consoler de
n'avoir pu la lui enlever.

Le gros public ne se doute pas de toutes les intrigues, sou-
vent fort laides, qui s'agitent autour des choses d'art, dans ces
sphères soi-disant éthérées que les vaudevillistes aiment à repré-
senter comme le domaine propre du désintéressement, de la
poésie et de l'enthousiasme.

— On trouvera dans notre Guide raisonné' le prix auxquel
M. Edmond Turquet, sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts,
vient de faire acheter à Londres, pour le Louvre, le Portrait
de Lord Whitworth, par Sir Thomas Lawrence.

— Le Musée du Luxembourg s'est récemment enrichi de-
deux aquarelles de Jacquemart représentant : l'une, la place du
Carrousel; l'autre, le Pont-Neuf; elles faisaient partie de la
Collection de M. Barbet de Jouy, l'éminent administrateur des
musées nationaux, qui en a fait don au Luxembourg.

— Le Musée des Arts décoratifs, dont la réouverture a eu
lieu le 1" mai dernier, vient de s'enrichir de collections et
d'objets nouveaux d'une très grande importance.

Citons, parmi les plus importants, un moulage de la porte
Est du grand temple bouddhique de Sanchi (Inde centrale),
dont la hauteur totale ne mesure pas moins de onze mètres. Ce
curieux spécimen de l'architecture hindoue, qui remonte environ
à cinq cents ans avant Jésus-Christ, vient d'être installé dans
la cage même du grand escalier conduisant au Musée, par les
soins du gouvernement anglais, qui en a fait don à la France.
Il n'existe que trois exemplaires de ce moulage : l'un au Musée

1. Voir l'Art, 7' année, tome II, page 194.