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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 2)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [5]: Théatre du Gymnase: Monte-Carlo
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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.18878#0137

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118

L'ART.

f orme de la come'die et en prennent le nom. Ils ressemblent
beaucoup moins à une come'die que Trente ans ou la Vie d'un
joueur ne ressemblent à un drame. Il est plus facile, en effet, de
bâtir une intrigue sombre avec les effets criminels du jeu. que
de construire un scénario mondain avec les épisodes comiques
de la roulette ou du baccarat. MM. Belotet Nus se sont, jusqu'à
un certain point, rendu compte de la difficulté, et ils ont cru la
trancher en se plaçant à califourchon sur les deux genres.
L'événement leur a prouvé qu'ils s'étaient trompes. Barrière
avait tenté l'aventure avant eux dans le Démon du jeu, et avec
toute la supériorité de son esprit incisif et délibéré ; le vieux
Regnard, dans le Joueur, n'a effleuré qu'un petit côté de la
question; il a senti ce qu'elle avait de pénible et son joueur
n'est en réalité qu'un amoureux, un amoureux qui joue, mais
enfin un amoureux qui fait des infidélités à sa passion. J'ai beau
chercher, je ne rencontre pas d'auteur qui ait spéculé avec
agrément sur cette aberration mentale qu'on appelle le jeu de
hasard, et je pense que vous ne m'objecterez pas la Conscience
d'Alexandre Dumas, qui amène une réhabilitation complète du
coupable à travers des péripéties étrangères à la passion du jeu.
Nous sommes donc en présence de deux pièces qui empruntent
à cet exercice insalubre le principal mobile dramatique: celle de
Ducange et Dinaux et celle de MM. Belot et Nus.

La meilleure, et il s'en faut qu'elle soit bonne, tant le style
a vieilli, c'est encore Trente ans ou la Vie d'un joueur. Là, nous
assistons à un drame grossièrement mais solidement charpenté,
bourré de situations larmoyantes et aboutissant finalement à une
expiation terrifiante. Là, c'est-à-dire dans Monte-Carlo, nous
voyons une succession de dialogues médiocrement coordonnés,
qui ne se rattachent à aucun genre connu et qui ont le capital
défaut de soulever contre les auteurs je ne sais quel soupçon de
réclame industrielle. Car il n'y a qu'une ombre de pièce dans
Monte-Carlo ; à proprement parler, il n'y en a pas du tout. Les
auteurs ont combiné l'action dans le but unique de nous
montrer, au second acte, le décor de Monte-Carlo, reproduit
avec une vérité saisissante, j'en conviens, mais saisissante pour
qui? Pour les rares Parisiens qui, pouvant impunément prélever
le mois de janvier ou de février sur leur vie d'affaires ou de
plaisirs, s'en vont flirter autour du tapis vert de Monaco, en
compagnie d'une belle petite quelconque. Mais soyez sûr que le
brave bourgeois, qui remplit de sa personne et de sa famille la
majeure partie du Gymnase, professe le plus profond dédain
pour les vicissitudes du trente-et-quarante. Vous ne l'intéresserez
jamais que par des sujets ou des caractères à sa portée. Montrez-
lui des avares, il en connaît; des orgueilleux, il en connaît; des
distraits, il en connaît; des maris trompés, il en connaît et de
ces derniers plus peut-être qu'il ne voudrait. Soumettez-lui des
folies-vaudevilles à la façon d'Hennequin, dans lesquels il voit
des beaux-pères faire leur entrée en scène par la cheminée, des
fiancées prises entre deux portes, des gendres qui sautent par les

fenêtres, des belles-mères qui disparaissent par des trappes,
vous l'amuserez sans doute par la violence de la pantomime ou
par le heurt des quiproquos. Que si vous le transportez pure-
ment et simplement dans les salons de Monte-Carlo pour lui
apprendre ce que c'est qu'un croupier, un râteau d'ébène et la
sonnerie des louis d'or jetés sur une table, il vous répondra
qu'une bonne gravure du Tour du monde lui causera une
impression analogue avec une perte.de temps moindre.

J'avoue que ce panorama de jeu est réglé avec infiniment
d'art dans la nouvelle pièce du Gymnase, et que des types sin-
gulièrement observés ont été groupés autour de la partie. C'est
vraiment une gaie caricature de joueuse endurcie, que celle
vieille dame de Saint-Fétiche qui fait pour un million de tapage
en engageant modestement cent sous sur la rouge ou la noire.
On a ri de bonne rate lorsqu'elle glisse dans sa poche les
dix francs que lui tend le croupier pour la faire taire, encore
qu'elle ait perdu, et, au moment de sa querelle avec la dame à
l'ombrelle, toute la salle s'est esclaflée. M"'c Prioleau prête ses
traits à cette charge et avec une belle humeur extraordinaire
qui lui a valu des applaudissements sans fin. Mais quoi! C'est là
un épisode noyé dans une fastidieuse histoire, une pochade de
Carie Vernet égarée dans un album de lourds dessins d'école.
Si je vous contais l'action banale de Monte-Carlo, je perdrais à
la fois mon temps et le vôtre; j'y renonce, puisque vous n'y
gagneriez rien. A quoi vous servirait-il de savoir que M. de
Servans est un gentilhomme mal conseillé qui risque au jeu la
fortune de sa famille et l'honneur de son nom, et qu'il y com-
promet sérieusement l'avenir de ses filles? Mérite-t-il l'heureux
dévouement par lequel sa faute est réparée grâce aux caprices
du jeu lui-même? J'y vois comme une prime d'encouragement
accordée aux décavés, et comme un gage d'espérance à l'adresse
des ponteurs abandonnés du sort. Il y a dans cette conclusion
une facilité de morale qui laisse derrière elle un souvenir
fâcheux, et le public a marqué par son attitude qu'il tenait
encore par de fortes racines à l'antique méthode des pièces
honnêtes et logiques.

L'ouvrage de MM. Belot et Nus est convenablement inter-
prète. J'ai dit à quel point Mme Prioleau s'y est distinguée.
M"* Mary Jullien a rendu avec beaucoup d'énergie et de vérité
les ravages et les surprises du jeu, lorsque après avoir gagné une
somme énorme pour son père, elle s'affaisse vaincue par l'émo-
tion. Cette création me confirme dans l'idée que M"0 Jullien est
vouée au drame plutôt qu'à la comédie. Landrol a de l'autorité
dans le personnage peu sympathique de M. Servans, et Magnier
joue non sans esprit une dame qui s'imagine que son ombrelle
ouverte lui porte chance. J'ai connu des barytons qui n'avaient
point la même opinion sur leur chapeau; j'en ai vu se refuser
de chanter le chef couvert, sous le prétexte que leur chapeau
absorbait le son.

Artiiun Hkui.hari».

COURRIER DES MUSÉES
LXV

France. — L'administration des travaux publics a reconnu
— enfin ! mieux vaut tard que jamais — la nécessité d'entre-
prendre cette année, dans le palais du Louvre, des travaux
dont l'administration des beaux-arts réclame avec instance
l'exécution, et qui présentent, en effet, un caractère d'extrême
urgence.

Les bâtiments du vieux Louvre n'ayant pas été construits
sur caves, il en résulte que l'humidité occasionne de grands
dégâts dans les rez-de-chaussée, pénètre les maçonneries et
envahit peu à peu les parties les plus élevées du monument.

Des caves, pratiquées sous la galerie des Antiques et sous
les deux salles à la suite, ont donné les résultats les plus satis-
faisants, et cette portion du Louvre se trouve aujourd'hui com-
plètement assainie. Il est indispensable, dans l'intérêt de la
conservation de l'édifice et des riches collections qu'il renferme,
d'établir des caves semblables sous les galeries des Cariatides,
de Melpomène et de la Vénus de Milo, dans lesquelles l'humidité
fait particulièrement sentir son influence destructive. L'instal-
lation de ces caves coûterait 400,000 fr.

D'autre part, il y aurait un grand intérêt à restituer au
 
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