NOTRE BIBLIOTHÈQ.U E
CCXLII
Nouvelle théorie simplifiée d? la perspective, approuvée par
l'Académie des Beaux-Arts. Un volume grand in-40 de
52 pages, avec 56 planches, par David Sutter. Paris,
VA. Morel, 13, rue Bonaparte. —• Esthétique générale et
appliquée, contenant les règles de la composition dans les arts
plastiques. Un volume grand in-40 de iv-292 pages et 85 plan-
ches, par David Sutter. Paris, H. Loones, éditeur, 6, rue de
Tournon.
M. David Sutter n'est pas un inconnu pour les lecteurs de
l'Art. Nous avons publié de lui une suite d'aphorismes où se
trouvaient condensés, stus une forme précise, \î résultat de ses
études artistiques. Il a professé pendant plusieurs an lées à
l'École nationale des beaux-arts, et les artistes qui ont suivi
ses cours y ont trouvé un enseignement plein de faits et d'ob-
servations personnelles.
Il a résumé lui-même dans un de ses aphorismes la pensée
qui a dirigé ses recherches : « L'esthétique spéculative enseigne
les moyens d'analyser les beautés de la nature; l'esthétique
élémentaire et appliquée donne les moyens de les reproduire. »
Parmi ces moyens, un des plus importants est la connais-
sance des lois de la perspective; aussi leur a-t-il accordé une
attention toute particulière. Le volume qu'il leur a consacré
contient une introduction historique sur l'application de ces lois
dans toutes les écoles de peinture, depuis l'antiquité jusqu'aux
temps modernes, les principes de géométrie appliquée au dessin,
le tracé des tableaux d'histoire, d'intérieur, de paysage, de ma-
rine, la théorie des ombres, la décoration des plafonds, et des
notions sur la perspective appliquée aux décors de théâtre.
Cet important ouvrage, dédié au général Dufour, ancien
professeur de géométrie descriptive de l'auteur, a été approuvé
par l'Académie des beaux-arts. La commission, composée de
MM. Abel de Pujol, Alaux, Picot, Le Bas, Le Sueur et Hittorf,
Son système, basé sur la géométrie descriptive, n'a pas be-
soin de longues démonstations. Il consiste simplement a diriger
un rayon visuel sur un point A, par exemple, et à tracer la pro-
jection de ce rayon. Cette projection rencontre la base du ta-
bleau en un point quelconque; de ce point de rencontre on élève
une perpendiculaire qui vient couper le rayon visuel et déter-
miner la situation du point A dans le tableau, c'est-à-dire la
perspective de ce point. Or, comme la science de la perspective
consiste à trouver les points par lesquels passent les objets, on
répète l'opération autant de fois qu'il y a de points à déterminer.
Le tracé des ombres est déterminé de la même manière. On
mène un rayon lumineux par le point dans l'espace qui porte
ombre, et la projection de ce rayon donne à son intersection
avec le rayon lumineux la limite de l'ombre portée.
On trouvera dans le livre de M. Sutter la démonstration
théorique de ce procédé, et un grand nombre de figures qui en
rendent l'application sensible aux yeux.
La méthode de M'. Sutter n'est pas seulement utile aux ar-
tistes. Son livre a été acheté par le ministre de la guerre pour
l'École d'application d'état-major et pour le Dépôt des fortifica-
tions.
Venons maintenant à son Esthétique générale et appliquée.
M. Sutter s'est peu occupé d'esthétique spéculative. Il s'en
réfère aux théories platoniciennes et académiques; il n'est pas
loin d'admettre que le dernier mot a été dit sur cette science
par M Charles Lévéque C'est du moins lui qu'il cite le plus
souvent et le plus volontiers. Nous ne nous en étonnons pas,
du reste, outre mesure. M. Sutter est aussi un métaphysicien.
Il croit au Beau et considère cette entité comme le principe et
la règle des arts. Il n'hésite pas à déclarer que les beaux-arts
sont gouvernés par des lois a priori.
Nous laisserons donc de côté toute cette partie de son livre,
où nous ne trouvons que des affirmations qui n'ont rien de nou-
veau et que nous considérons comme des erreurs dangereuses.
Elles n'ont du reste aucun lien nécessaire avec l'objet nettemen t
a fait sur ce livre un rapport favorable dont nous extrayons les j déterminé du livre, qui est proprement un traité de composition
lignes suivantes : picturale. On peut même dire que, s'il y a un rapport entre ces
« M. Sutter démontre les principes de la perspective d'une
manière facile à comprendre ; les procédés sont exposés avec sim-
plicité et clarté, et peuvent, avec l'Etude des Eléments de géomé-
trie qu'il y a joints, donner aux élèves peintres des notions
suffisantes sur l'utile science de la perspective.
« Les planches qui accompagnent le texte offrent une réu-
deux parties, c'est surtout un rapport d'opposition. Il est assez
difficile de concevoir pourquoi cet esprit imbu de métaphysique
a pu se trouver porté à des recherches de pure application, com-
ment il a pu concilier cette facilité à se satisfaire, en théorie, de
solutions purement fantaisistes et aussi indémontrées qu'indé-
montrables, avec cet effort constant vers l'étude des réalités
nion assez complète d'exemples d'un choix et d'un goût remar- j tangibles, des observations pratiques. Il y a là un de ces phéno-
quables, pris parmi les édifices et les sites les plus intéressants. I mènes trop fréquents aux époques de transition comme la
Enfin, à la suite des exposés sur les théories des ombres au soleil
et au flambeau et de la réflexion dans l'eau, M. Sutter a ajouté
plusieurs exemples pour tracer la perspective des plafonds.
« En résumé, le traité de perspective de M. Sutter est un
travail qui mérite d'être encouragé, sa publicité ne pouvant
être qu'avantageuse et utile au complément des études des
jeunes artistes. »
Tous les traités de perspective publiés jusqu'alors exigeaient
en effet, de la part des jeunes artistes, des connaissances géomé-
triques qui leur manquent le plus souvent. Ceux qui osaient
aborder cette étude, pourtant si nécessaire, étaient bientôt re-
butés; les autres, le plus grand nombre, ne l'essayaient même
pas. M. Sutter, en la simplifiant de manière à la rendre facile-
ment intelligible pour tous, leur a donc rendu un véritable
service.
nôtre, qui ne s'expliquent que par la contradiction des ensei-
gnements imposés à l'enfance avec les développements person-
nels de l'intelligence aux prises avec les choses mêmes. Les
hommes qui naissent au seuil des époques d'émancipation intel-
lectuelle appartiennent par leur éducation aux générations an-
térieures. Le plus grand nombre y restent plongés toute leur
vie; mais ceux qui ont plus de ressort s'en dégagent dans la me-
sure même de la puissance de réaction qui est en eux et selon
qu'ils ont été plus ou moins bien servis par les circonstances.
M. Sutter, demeuré métaphysicien en théorie, s'est rallié dans la
pratique à la méthode scientifique, et a apporté ce qu'il possédait
de force d'observation à l'examen et à la classification des faits.
C'est là ce qui fait l'originalité de son esthétique.
Il part d'une observation bien simple. Il a constaté :
i" Que dans le regard que nous portons sur un objet, le
1. M. Charles Lévèque ne cannait que la sculpture grecque. C'est là-dessus qu'il a êchlfaaié sa conception de l'art. Il y a adapti tant bien que mal tout le
reste. Et encore n'a-t-il vu la statuaire antique qu'à travers Ici déclamations et les radotages de la vieille métaphysique universitaire.
CCXLII
Nouvelle théorie simplifiée d? la perspective, approuvée par
l'Académie des Beaux-Arts. Un volume grand in-40 de
52 pages, avec 56 planches, par David Sutter. Paris,
VA. Morel, 13, rue Bonaparte. —• Esthétique générale et
appliquée, contenant les règles de la composition dans les arts
plastiques. Un volume grand in-40 de iv-292 pages et 85 plan-
ches, par David Sutter. Paris, H. Loones, éditeur, 6, rue de
Tournon.
M. David Sutter n'est pas un inconnu pour les lecteurs de
l'Art. Nous avons publié de lui une suite d'aphorismes où se
trouvaient condensés, stus une forme précise, \î résultat de ses
études artistiques. Il a professé pendant plusieurs an lées à
l'École nationale des beaux-arts, et les artistes qui ont suivi
ses cours y ont trouvé un enseignement plein de faits et d'ob-
servations personnelles.
Il a résumé lui-même dans un de ses aphorismes la pensée
qui a dirigé ses recherches : « L'esthétique spéculative enseigne
les moyens d'analyser les beautés de la nature; l'esthétique
élémentaire et appliquée donne les moyens de les reproduire. »
Parmi ces moyens, un des plus importants est la connais-
sance des lois de la perspective; aussi leur a-t-il accordé une
attention toute particulière. Le volume qu'il leur a consacré
contient une introduction historique sur l'application de ces lois
dans toutes les écoles de peinture, depuis l'antiquité jusqu'aux
temps modernes, les principes de géométrie appliquée au dessin,
le tracé des tableaux d'histoire, d'intérieur, de paysage, de ma-
rine, la théorie des ombres, la décoration des plafonds, et des
notions sur la perspective appliquée aux décors de théâtre.
Cet important ouvrage, dédié au général Dufour, ancien
professeur de géométrie descriptive de l'auteur, a été approuvé
par l'Académie des beaux-arts. La commission, composée de
MM. Abel de Pujol, Alaux, Picot, Le Bas, Le Sueur et Hittorf,
Son système, basé sur la géométrie descriptive, n'a pas be-
soin de longues démonstations. Il consiste simplement a diriger
un rayon visuel sur un point A, par exemple, et à tracer la pro-
jection de ce rayon. Cette projection rencontre la base du ta-
bleau en un point quelconque; de ce point de rencontre on élève
une perpendiculaire qui vient couper le rayon visuel et déter-
miner la situation du point A dans le tableau, c'est-à-dire la
perspective de ce point. Or, comme la science de la perspective
consiste à trouver les points par lesquels passent les objets, on
répète l'opération autant de fois qu'il y a de points à déterminer.
Le tracé des ombres est déterminé de la même manière. On
mène un rayon lumineux par le point dans l'espace qui porte
ombre, et la projection de ce rayon donne à son intersection
avec le rayon lumineux la limite de l'ombre portée.
On trouvera dans le livre de M. Sutter la démonstration
théorique de ce procédé, et un grand nombre de figures qui en
rendent l'application sensible aux yeux.
La méthode de M'. Sutter n'est pas seulement utile aux ar-
tistes. Son livre a été acheté par le ministre de la guerre pour
l'École d'application d'état-major et pour le Dépôt des fortifica-
tions.
Venons maintenant à son Esthétique générale et appliquée.
M. Sutter s'est peu occupé d'esthétique spéculative. Il s'en
réfère aux théories platoniciennes et académiques; il n'est pas
loin d'admettre que le dernier mot a été dit sur cette science
par M Charles Lévéque C'est du moins lui qu'il cite le plus
souvent et le plus volontiers. Nous ne nous en étonnons pas,
du reste, outre mesure. M. Sutter est aussi un métaphysicien.
Il croit au Beau et considère cette entité comme le principe et
la règle des arts. Il n'hésite pas à déclarer que les beaux-arts
sont gouvernés par des lois a priori.
Nous laisserons donc de côté toute cette partie de son livre,
où nous ne trouvons que des affirmations qui n'ont rien de nou-
veau et que nous considérons comme des erreurs dangereuses.
Elles n'ont du reste aucun lien nécessaire avec l'objet nettemen t
a fait sur ce livre un rapport favorable dont nous extrayons les j déterminé du livre, qui est proprement un traité de composition
lignes suivantes : picturale. On peut même dire que, s'il y a un rapport entre ces
« M. Sutter démontre les principes de la perspective d'une
manière facile à comprendre ; les procédés sont exposés avec sim-
plicité et clarté, et peuvent, avec l'Etude des Eléments de géomé-
trie qu'il y a joints, donner aux élèves peintres des notions
suffisantes sur l'utile science de la perspective.
« Les planches qui accompagnent le texte offrent une réu-
deux parties, c'est surtout un rapport d'opposition. Il est assez
difficile de concevoir pourquoi cet esprit imbu de métaphysique
a pu se trouver porté à des recherches de pure application, com-
ment il a pu concilier cette facilité à se satisfaire, en théorie, de
solutions purement fantaisistes et aussi indémontrées qu'indé-
montrables, avec cet effort constant vers l'étude des réalités
nion assez complète d'exemples d'un choix et d'un goût remar- j tangibles, des observations pratiques. Il y a là un de ces phéno-
quables, pris parmi les édifices et les sites les plus intéressants. I mènes trop fréquents aux époques de transition comme la
Enfin, à la suite des exposés sur les théories des ombres au soleil
et au flambeau et de la réflexion dans l'eau, M. Sutter a ajouté
plusieurs exemples pour tracer la perspective des plafonds.
« En résumé, le traité de perspective de M. Sutter est un
travail qui mérite d'être encouragé, sa publicité ne pouvant
être qu'avantageuse et utile au complément des études des
jeunes artistes. »
Tous les traités de perspective publiés jusqu'alors exigeaient
en effet, de la part des jeunes artistes, des connaissances géomé-
triques qui leur manquent le plus souvent. Ceux qui osaient
aborder cette étude, pourtant si nécessaire, étaient bientôt re-
butés; les autres, le plus grand nombre, ne l'essayaient même
pas. M. Sutter, en la simplifiant de manière à la rendre facile-
ment intelligible pour tous, leur a donc rendu un véritable
service.
nôtre, qui ne s'expliquent que par la contradiction des ensei-
gnements imposés à l'enfance avec les développements person-
nels de l'intelligence aux prises avec les choses mêmes. Les
hommes qui naissent au seuil des époques d'émancipation intel-
lectuelle appartiennent par leur éducation aux générations an-
térieures. Le plus grand nombre y restent plongés toute leur
vie; mais ceux qui ont plus de ressort s'en dégagent dans la me-
sure même de la puissance de réaction qui est en eux et selon
qu'ils ont été plus ou moins bien servis par les circonstances.
M. Sutter, demeuré métaphysicien en théorie, s'est rallié dans la
pratique à la méthode scientifique, et a apporté ce qu'il possédait
de force d'observation à l'examen et à la classification des faits.
C'est là ce qui fait l'originalité de son esthétique.
Il part d'une observation bien simple. Il a constaté :
i" Que dans le regard que nous portons sur un objet, le
1. M. Charles Lévèque ne cannait que la sculpture grecque. C'est là-dessus qu'il a êchlfaaié sa conception de l'art. Il y a adapti tant bien que mal tout le
reste. Et encore n'a-t-il vu la statuaire antique qu'à travers Ici déclamations et les radotages de la vieille métaphysique universitaire.