EXPOSITIONS.
— Le Musée des Arts décoratifs, fermé depuis quelques
semaines pour cause de modifications, est rouvert depuis le
dimanche icr mai. (Palais de l'Industrie, porte 7.)
Comme l'an dernier, une communication est, cette année,
établie entre le Musée et le Salon.
Belgique. — Le Conservateur du Cabinet des estampes à
la Bibliothèque royale de Bruxelles, notre savant collaborateur,
M. Henri Hymans, s'aperçut il y a quelques mois de la dispa-
rition d'un certain nombre d'estampes de grande valeur. Grâce
aux soins qu'on apporte à tenir note des visites faites à la Biblio-
thèque et des demandes de communications, on parvint h
restreindre le cercle des soupçons et, peu après, à acquérir la
preuve de la culpabilité d'un jeune Allemand.
Ce dernier fut arrêté et a comparu récemment devant la
6° chambre du tribunal correctionnel, du chef de vol des
estampes disparues.
Klonné — tel est son nom — est né à Cologne, il est
âgé de dix-huit ans et architecte de profession.
Le seul témoin entendu est M. Henri Hymans.
Il déclare que le prévenu a visité en cinq mois (du 15 juillet
au 2 décembre 1880) 49 fois la salle des estampes et demandé
92 communications. Pendant ses six premières visites, le pré-
venu ne demanda que des estampes de valeur secondaire. Profi-
tant de l'absence de M. Hymans dans le courant du mois d'août
et abusant de la confiance qu'il avait inspirée aux employés,
par son assiduité et son ardeur— tout au moins apparente — au
travail, le prévenu emporta plusieurs estampes de valeur. Il
avait soin d'enlever aussi les cartons dans lesquels elles étaient
renfermées, de façon qu'aucun vide ne pouvait y être constaté.
M. Hymans estime que le prévenu a dû emporter des estampes à
chaque visite, sauf les quatre ou cinq premières. Il en a emporté
deux cents, représentant une valeur de 20,000 francs. Pour
détourner les soupçons, le prévenu avait eu soin de gratter sur
chaque estampe le timbre humide de B. R., de la Bibliothèque
royale, d'y mettre son timbre à lui et une inscription allemande
portant la date de 1852.
Enfin, le prévenu affectait vis-à-vis des étrangers une réserve
extrême et ne parlait à personne, comme quelqu'un qui veut
travailler, puis partir sans s'inquiéter du reste.
Klonné, interrogé par le président, répond avec une humi-
lité très grande. Il est haut de taille, ne paraît pas plus que son
âge (dix-huit ans) et a l'air distingué. Il est vêtu avec élégance.
Il reconnaît avoir emporté toutes les estampes disparues,
mais en quatre ou cinq fois. Il les pliait en quatre ou seize, sui-
vant leur format. Son intention, au moment du vol, n'était
dit-il, autre que d'agrandir sa propre collection. Les cartons
qu'il fit faire pour mettre les estampes soustraites le prouvent.
Ce n'est que plus tard, en apprenant par un journal anglais le
prix élevé payé pour des estampes semblables à celles qu'il pos-
sédait, que Klonné songea à vendre les siennes. Il craignait aussi
que son vol ne fût découvert et écrivit à la maison Wilkinson,
de Londres. Il reçut pour l'ensemble des objets volés 100 livres
sterling et acheta avec cet argent des bijoux à sa maîtresse et des
antiquités pour meubler son appartement.
L'État s'était constitué partie civile et concluait à la con-
damnation par corps du prévenu à la somme de 2,880 fr. 75 c.
payée pour rentrer en possession des estampes, aux intérêts
judiciaires et aux dépens.
Le ministère public se rallie à ces conclusions et demande
une condamnation sévère, le prévenu n'ayant avoué le vol que
parce qu'il ne pouvait faire autrement et ayant d'ailleurs déjà
subi une condamnation à six semaines de prison en Allemagne.
Le tribunal condamne le prévenu à deux ans de prison et 5o fr.
d'amende et au payement par corps à l'État de la somme de
2,880 fr. 75 c, avec intérêts judiciaires et aux dépens ou, à défaut
de payement, à trois mois de prison.
Italie. — La Galerie des Offices, à Florence, s'est enrichie
d'un très important tableau de Gentile da Fabriano.
EXPOSITIONS
France. — Une exposition intéressante va s'ouvrir le
12 mai au cercle artistique de la rue Volney. C'est l'exposition
des oeuvres offertes par les artistes à la première vente de
bienfaisance annuelle, organisée par l'Association des artistes,
peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs, pré-
sidée par M. du Sommerard.
Jusqu'à présent, dès qu'une infortune venait frapper un
artiste de valeur ou l'enlever à ceux qu'il soutenait de son
travail, ses amis organisaient une vente, faisant à tous leurs
camarades un appel toujours entendu. Malheureusement, ce
cas se présentait fréquemment et l'on a compté jusqu'à cinq
ventes la même année.
C'était vraiment abuser de la générosité des artistes, si
grande qu'elle soit.
L'Association l'a compris; mais n'étant pas encore en mesure
d'assister toutes ces infortunes avec ses ressources ordinaires,
elle a décidé de faire annuellement une grande vente de bien-
faisance, dont le produit formerait un fonds spécial.
Avec les revenus de ce fonds, l'Association pourrait, au bout
d'un certain temps, secourir toutes celles des infortunes qui
auraient pu motiver un appel spécial aux artistes, les dispensant
ainsi, par un don annuel, de trop lourds et trop fréquents
sacrifices.
L'idée était bonne et devait faire son chemin. Aussi trois
ventes étant cet hiver en voie d'organisation au profit des
familles Hcrpin, Hue et Rougeron, décédés, les organisateurs
de ces ventes ont accepté la proposition qui leur a été faite par
l'Association de réunir leurs efforts en une vente unique.
Aux termes des accords intervenus, les trois quarts du
produit de la vente sont destinés à ces trois bénéficiaires ; le
dernier quart formera aux mains de l'Association une réserve
spéciale pour les infortunes qui pourraient se produire d'ici à la
fin de l'année.
Si, comme tout le fait prévoir, l'initiative prise par l'Asso-
ciation aboutit à un succès, les artistes pourront se féliciter de
son intervention.
N'ayant plus à donner qu'une fois l'an, ils pourront donner
une œuvre faite, et le public, de son côté, étant moins sollicité,
apportera à cette vente unique un concours plus efficace; les
tableaux s'y vendront mieux, et les artistes ne seront pas les
victimes de leur bon cœur.
La vente aura lieu à l'hôtel Drouot les 23 et 24 mai. L'expo-
sition au Cercle artistique durera du 12 au 20 mai.
Parmi les membres du comité qui patronne cette bonne
œuvre et cette bonne idée, nous voyons figurer :
MM. Bonnat, Bouguereau, Boulanger, Brillouin, Béraud,
Busson, Duez, Firmin Girard, Français, Frère, Gérome,
Lavieille, Laurens, Lefebvre, E. Lévy, Maignan, Plass-an.
T. Robert-Fleury, J. Thomas, Toulmouche, Ulmann, Vey-
rassat, de Vuillefroy, Ziem.
Avec de tels parrains, le succès est assuré.
A l'occasion de cette très intelligente et très digne initiative,
— Le Musée des Arts décoratifs, fermé depuis quelques
semaines pour cause de modifications, est rouvert depuis le
dimanche icr mai. (Palais de l'Industrie, porte 7.)
Comme l'an dernier, une communication est, cette année,
établie entre le Musée et le Salon.
Belgique. — Le Conservateur du Cabinet des estampes à
la Bibliothèque royale de Bruxelles, notre savant collaborateur,
M. Henri Hymans, s'aperçut il y a quelques mois de la dispa-
rition d'un certain nombre d'estampes de grande valeur. Grâce
aux soins qu'on apporte à tenir note des visites faites à la Biblio-
thèque et des demandes de communications, on parvint h
restreindre le cercle des soupçons et, peu après, à acquérir la
preuve de la culpabilité d'un jeune Allemand.
Ce dernier fut arrêté et a comparu récemment devant la
6° chambre du tribunal correctionnel, du chef de vol des
estampes disparues.
Klonné — tel est son nom — est né à Cologne, il est
âgé de dix-huit ans et architecte de profession.
Le seul témoin entendu est M. Henri Hymans.
Il déclare que le prévenu a visité en cinq mois (du 15 juillet
au 2 décembre 1880) 49 fois la salle des estampes et demandé
92 communications. Pendant ses six premières visites, le pré-
venu ne demanda que des estampes de valeur secondaire. Profi-
tant de l'absence de M. Hymans dans le courant du mois d'août
et abusant de la confiance qu'il avait inspirée aux employés,
par son assiduité et son ardeur— tout au moins apparente — au
travail, le prévenu emporta plusieurs estampes de valeur. Il
avait soin d'enlever aussi les cartons dans lesquels elles étaient
renfermées, de façon qu'aucun vide ne pouvait y être constaté.
M. Hymans estime que le prévenu a dû emporter des estampes à
chaque visite, sauf les quatre ou cinq premières. Il en a emporté
deux cents, représentant une valeur de 20,000 francs. Pour
détourner les soupçons, le prévenu avait eu soin de gratter sur
chaque estampe le timbre humide de B. R., de la Bibliothèque
royale, d'y mettre son timbre à lui et une inscription allemande
portant la date de 1852.
Enfin, le prévenu affectait vis-à-vis des étrangers une réserve
extrême et ne parlait à personne, comme quelqu'un qui veut
travailler, puis partir sans s'inquiéter du reste.
Klonné, interrogé par le président, répond avec une humi-
lité très grande. Il est haut de taille, ne paraît pas plus que son
âge (dix-huit ans) et a l'air distingué. Il est vêtu avec élégance.
Il reconnaît avoir emporté toutes les estampes disparues,
mais en quatre ou cinq fois. Il les pliait en quatre ou seize, sui-
vant leur format. Son intention, au moment du vol, n'était
dit-il, autre que d'agrandir sa propre collection. Les cartons
qu'il fit faire pour mettre les estampes soustraites le prouvent.
Ce n'est que plus tard, en apprenant par un journal anglais le
prix élevé payé pour des estampes semblables à celles qu'il pos-
sédait, que Klonné songea à vendre les siennes. Il craignait aussi
que son vol ne fût découvert et écrivit à la maison Wilkinson,
de Londres. Il reçut pour l'ensemble des objets volés 100 livres
sterling et acheta avec cet argent des bijoux à sa maîtresse et des
antiquités pour meubler son appartement.
L'État s'était constitué partie civile et concluait à la con-
damnation par corps du prévenu à la somme de 2,880 fr. 75 c.
payée pour rentrer en possession des estampes, aux intérêts
judiciaires et aux dépens.
Le ministère public se rallie à ces conclusions et demande
une condamnation sévère, le prévenu n'ayant avoué le vol que
parce qu'il ne pouvait faire autrement et ayant d'ailleurs déjà
subi une condamnation à six semaines de prison en Allemagne.
Le tribunal condamne le prévenu à deux ans de prison et 5o fr.
d'amende et au payement par corps à l'État de la somme de
2,880 fr. 75 c, avec intérêts judiciaires et aux dépens ou, à défaut
de payement, à trois mois de prison.
Italie. — La Galerie des Offices, à Florence, s'est enrichie
d'un très important tableau de Gentile da Fabriano.
EXPOSITIONS
France. — Une exposition intéressante va s'ouvrir le
12 mai au cercle artistique de la rue Volney. C'est l'exposition
des oeuvres offertes par les artistes à la première vente de
bienfaisance annuelle, organisée par l'Association des artistes,
peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs, pré-
sidée par M. du Sommerard.
Jusqu'à présent, dès qu'une infortune venait frapper un
artiste de valeur ou l'enlever à ceux qu'il soutenait de son
travail, ses amis organisaient une vente, faisant à tous leurs
camarades un appel toujours entendu. Malheureusement, ce
cas se présentait fréquemment et l'on a compté jusqu'à cinq
ventes la même année.
C'était vraiment abuser de la générosité des artistes, si
grande qu'elle soit.
L'Association l'a compris; mais n'étant pas encore en mesure
d'assister toutes ces infortunes avec ses ressources ordinaires,
elle a décidé de faire annuellement une grande vente de bien-
faisance, dont le produit formerait un fonds spécial.
Avec les revenus de ce fonds, l'Association pourrait, au bout
d'un certain temps, secourir toutes celles des infortunes qui
auraient pu motiver un appel spécial aux artistes, les dispensant
ainsi, par un don annuel, de trop lourds et trop fréquents
sacrifices.
L'idée était bonne et devait faire son chemin. Aussi trois
ventes étant cet hiver en voie d'organisation au profit des
familles Hcrpin, Hue et Rougeron, décédés, les organisateurs
de ces ventes ont accepté la proposition qui leur a été faite par
l'Association de réunir leurs efforts en une vente unique.
Aux termes des accords intervenus, les trois quarts du
produit de la vente sont destinés à ces trois bénéficiaires ; le
dernier quart formera aux mains de l'Association une réserve
spéciale pour les infortunes qui pourraient se produire d'ici à la
fin de l'année.
Si, comme tout le fait prévoir, l'initiative prise par l'Asso-
ciation aboutit à un succès, les artistes pourront se féliciter de
son intervention.
N'ayant plus à donner qu'une fois l'an, ils pourront donner
une œuvre faite, et le public, de son côté, étant moins sollicité,
apportera à cette vente unique un concours plus efficace; les
tableaux s'y vendront mieux, et les artistes ne seront pas les
victimes de leur bon cœur.
La vente aura lieu à l'hôtel Drouot les 23 et 24 mai. L'expo-
sition au Cercle artistique durera du 12 au 20 mai.
Parmi les membres du comité qui patronne cette bonne
œuvre et cette bonne idée, nous voyons figurer :
MM. Bonnat, Bouguereau, Boulanger, Brillouin, Béraud,
Busson, Duez, Firmin Girard, Français, Frère, Gérome,
Lavieille, Laurens, Lefebvre, E. Lévy, Maignan, Plass-an.
T. Robert-Fleury, J. Thomas, Toulmouche, Ulmann, Vey-
rassat, de Vuillefroy, Ziem.
Avec de tels parrains, le succès est assuré.
A l'occasion de cette très intelligente et très digne initiative,