GUIDE RAISONNE DE L'AMATEUR ET DU CURIEUX
XXXI
VENTE APRÈS DÉCÈS DE M. FRANÇOIS NIEUWENHOYS
(28 avril 1881. — Mc Charles Pillet, Commissaire-Priseur.)
Cette vente restera à jamais mémorable par la préface de
son catalogue, une des joyeusetés de ce temps. Elle se termine
en effet bel et bien par la signature d'un expert que l'on croyait
avoir de trop excellentes raisons, d'innombrables raisons, pour
se considérer comme infiniment plus brouillé que cela avec toute
espèce de littérature. Aussi les méchantes langues, bien qu'il
tienne parmi elles un rang indiscutable, s'en sont-elles donné
à cœur joie. Le ciel nous préserve de les imiter! Nous nous
bornerons à constater avec tous les connaisseurs qu'il eût été
difficile de nuire davantage à un client qu'en nous montrant
M. François Nieuwenhuys « employant les loisirs de sa vieil-
lesse à augmenter sa collection ».
S'il « avait conservé quelques-uns des tableaux qui, pen-
dant le cours de sa longue carrière, avaient passé par ses
mains », c'est, à d'infimes exceptions près, qu'il n'était point
parvenu à les vendre ; sinon le défunt qui a fait sérieusement
le commerce des tableaux, et qui savait, se serait bien gardé
de laisser, à titre de collection personnelle, la piètre et plus
que disparate réunion de cadres que Me Pillet a dispersée en
faisant plus d'une fois — in petto — la grimace. Il est évident
que, pour un raffiné tel que lui, le nom de M. François Nieu-
wenhuys annonçait tout autre fête.
La Collection Nieuwenhuys, pour nous exprimer comme
le catalogue, se composait de trente et un tableaux anciens et
de trente modernes ultra-vieillots et mauvais, à deux exceptions
près : n° 32, Campement aux environs du Caire, par Léon
Belly, adjugé à 3,75o fr. à M. Vavasseur, et n° 35, Bohémiens
faisant danser des petits cochons devant Louis XI malade, toile
qui a figuré au Salon de 1869 et qui est l'une des meilleures
de M. Charles Comte ; elle s'est vendue 7,65o fr.
Quatre Backhuysen, objet des éloges dithyrambiques de
la préface, ont eu le sort que mérite cette peinture de calli-
graphie en rupture de ban :
N° 1. Mer houleuse. —■ 1,000 fr.
N° 2. Le Naufrage. — i,58o fr.
Nu 3. Marine, 2,100 fr., et n° 4, le Chantier d'Amsterdam,
1,120 fr., tous deux à M. Maurice Kann.
N° 6. Un soi-disant Paris Bordone — Portrait d'homme.
— 800 fr.
N° 9. Vase de fleurs, — un très beau Van Huysum, de
1732, — 8,000 fr., à M. le vicomte A. F. de Boulogne. C'est
de beaucoup le meilleur tableau de la vente.
N" 10. Un autre Vase de fleurs du même, mais bien infé-
rieur. — 5,6oo fr.
N" 11. Portrait de jeune femme et Portrait d'homme, for-
mant pendant, par Michel van Musscher. 2o5 fr. les deux! —
Nous sommes très surpris que M. John Nieuwenhuys, le frère
du défunt, ne se soit pas empressé d'acheter ces deux croûtes
et d'en faire cadeau au Musée de Bruxelles, à cette seule fin
de mieux démontrer à ses collègues de la Commission dudit
musée combien il s'était moqué d'eux en osant attribuer à ce
Van Musscher l'excellent petit Portrait d'un ciseleur dont l'au-
teur est inconnu, mais qui est une des perles de la collection
bruxelloise.
N" i3. Soleil couchant, par Aart van der Neer. — 8,520 fr.,
à M. Malinet.
N° i5. La Vierge et l'Enfant Jésus, un Pérugin malade. —
1 i,5oo fr.
N° 17. Soleil couchant, par Pynacker, très dur. —2,000 fr.
N° 18. Portrait déjeune homme, un Rubens qui a cruelle-
ment souffert. — 9,5oo fr.
N° 19. Vulcain remettant à Thétis des armes pour Achille,
esquisse plus qu'audacicusement « attribuée à Rubens ». —
400 fr. C'est tout simplement exécrable. On ne se moque pas
du monde de la sorte.
N° 20. Paysage, par Jacob van Ruisdael, fort belle toile
qui, malheureusement, a souffert. — 11,000 fr.
N° 22. Les Lions, grande toile donnée à Frans Snyders
qui n'en veut pas. — i,g5o fr.
N0 23. La Prédication de saint Jean, un impossible Jan
Steen biblique, en dépit de son authenticité qui est indiscu-
table, Jan Steen s'adonnant à la peinture religieuse ! — Résultat :
3,ioo fr., et ce n'est pas donné.
N° 25. Les Danseurs, unTeniers bien peu brillant. — 8,000 fr.
N° 26. Combat naval, un Willem van de Velde de la
période anglaise. Très sec, très dur. — 4,000 fr.
N° 28. Chevaux à l'abreuvoir, un bien faible Philip Wo i-
werman. — 14,000 fr. .
Total : 136,445 francs, y compris quelques bons livres :
N3 62. Galerie du Palais-Royal. — 490 fr.
N° 63. Liber veritatis. — 355 fr., à M. le marquis de
Charley.
N° 64. Cabinet du duc de Choiseul. — 210 fr.
N° 65. Galerie de Lucien Bonaparte. — io5 fr., à M. le
marquis de Charley.
N» 66. Molière illustré par François Boucher, 6 volumes.
— 5oo fr.
XXXII
SUCCESSION DE M. LE COMTE DE VAUDREUIL
(20 mai 1881. — Mc Charles Pillet, Commissaire-Priseur.)
Cette vente ne se composait que d'un tableau et de deux
pastels, remarquables tous les trois. Le premier, — Portrait du
comte de Rigaud de Vaudreuil, surnommé le beau Vaudreuil,
qui fut grand fauconnier de France et mourut, en 1819, gou-
verneur du Louvre, — est une des œuvres les plus distinguées
de François-Hubert Drouais. Peinte en 1758, cette belle toile,
qui mesure 2"',20 de haut sur im,6o de large, a figuré au Salon
de 1759, sous le n" 84 du Catalogue. Elle vient d'être vendue
41,000 francs, et eût sans aucun doute atteint un prix bien
plus élevé si elle n'avait sérieusement souffert; les restaurations
et les repeints y sont très visibles.
Les deux pastels sont de Mmc Vigée Le Brun; l'un, celui
d'Aglaé de Polignac, duchesse de Guiche et de Gramont, née
en ij68, morte en i8o3, a été adjugé à i5,ooo francs'. L'ar-
tiste en parle à la page 318 du tome II de ses Mémoires. L'autre,
Portrait de Lady Parceval, est de 1804, et, malgré son rare
mérite, il n'a pas trouvé amateur à 2,600 fr.
XXXIII
COLLECTION DE FEU M. CHRISTOPHE VAN LOO
(25 mai j88j. — M' Charles Pillet, Commissaire-Priseur.
MM. Victor Le Roy, Charles George et Charles Mannheim, Experts.)
Cette petite collection gantoise, — 69 numéros dont 42
pour les tableaux, — n'a pas produit moins de 226,616 francs.
I. Ce très beau pastel est signé et date : 1784.
XXXI
VENTE APRÈS DÉCÈS DE M. FRANÇOIS NIEUWENHOYS
(28 avril 1881. — Mc Charles Pillet, Commissaire-Priseur.)
Cette vente restera à jamais mémorable par la préface de
son catalogue, une des joyeusetés de ce temps. Elle se termine
en effet bel et bien par la signature d'un expert que l'on croyait
avoir de trop excellentes raisons, d'innombrables raisons, pour
se considérer comme infiniment plus brouillé que cela avec toute
espèce de littérature. Aussi les méchantes langues, bien qu'il
tienne parmi elles un rang indiscutable, s'en sont-elles donné
à cœur joie. Le ciel nous préserve de les imiter! Nous nous
bornerons à constater avec tous les connaisseurs qu'il eût été
difficile de nuire davantage à un client qu'en nous montrant
M. François Nieuwenhuys « employant les loisirs de sa vieil-
lesse à augmenter sa collection ».
S'il « avait conservé quelques-uns des tableaux qui, pen-
dant le cours de sa longue carrière, avaient passé par ses
mains », c'est, à d'infimes exceptions près, qu'il n'était point
parvenu à les vendre ; sinon le défunt qui a fait sérieusement
le commerce des tableaux, et qui savait, se serait bien gardé
de laisser, à titre de collection personnelle, la piètre et plus
que disparate réunion de cadres que Me Pillet a dispersée en
faisant plus d'une fois — in petto — la grimace. Il est évident
que, pour un raffiné tel que lui, le nom de M. François Nieu-
wenhuys annonçait tout autre fête.
La Collection Nieuwenhuys, pour nous exprimer comme
le catalogue, se composait de trente et un tableaux anciens et
de trente modernes ultra-vieillots et mauvais, à deux exceptions
près : n° 32, Campement aux environs du Caire, par Léon
Belly, adjugé à 3,75o fr. à M. Vavasseur, et n° 35, Bohémiens
faisant danser des petits cochons devant Louis XI malade, toile
qui a figuré au Salon de 1869 et qui est l'une des meilleures
de M. Charles Comte ; elle s'est vendue 7,65o fr.
Quatre Backhuysen, objet des éloges dithyrambiques de
la préface, ont eu le sort que mérite cette peinture de calli-
graphie en rupture de ban :
N° 1. Mer houleuse. —■ 1,000 fr.
N° 2. Le Naufrage. — i,58o fr.
Nu 3. Marine, 2,100 fr., et n° 4, le Chantier d'Amsterdam,
1,120 fr., tous deux à M. Maurice Kann.
N° 6. Un soi-disant Paris Bordone — Portrait d'homme.
— 800 fr.
N° 9. Vase de fleurs, — un très beau Van Huysum, de
1732, — 8,000 fr., à M. le vicomte A. F. de Boulogne. C'est
de beaucoup le meilleur tableau de la vente.
N" 10. Un autre Vase de fleurs du même, mais bien infé-
rieur. — 5,6oo fr.
N" 11. Portrait de jeune femme et Portrait d'homme, for-
mant pendant, par Michel van Musscher. 2o5 fr. les deux! —
Nous sommes très surpris que M. John Nieuwenhuys, le frère
du défunt, ne se soit pas empressé d'acheter ces deux croûtes
et d'en faire cadeau au Musée de Bruxelles, à cette seule fin
de mieux démontrer à ses collègues de la Commission dudit
musée combien il s'était moqué d'eux en osant attribuer à ce
Van Musscher l'excellent petit Portrait d'un ciseleur dont l'au-
teur est inconnu, mais qui est une des perles de la collection
bruxelloise.
N" i3. Soleil couchant, par Aart van der Neer. — 8,520 fr.,
à M. Malinet.
N° i5. La Vierge et l'Enfant Jésus, un Pérugin malade. —
1 i,5oo fr.
N° 17. Soleil couchant, par Pynacker, très dur. —2,000 fr.
N° 18. Portrait déjeune homme, un Rubens qui a cruelle-
ment souffert. — 9,5oo fr.
N° 19. Vulcain remettant à Thétis des armes pour Achille,
esquisse plus qu'audacicusement « attribuée à Rubens ». —
400 fr. C'est tout simplement exécrable. On ne se moque pas
du monde de la sorte.
N° 20. Paysage, par Jacob van Ruisdael, fort belle toile
qui, malheureusement, a souffert. — 11,000 fr.
N° 22. Les Lions, grande toile donnée à Frans Snyders
qui n'en veut pas. — i,g5o fr.
N0 23. La Prédication de saint Jean, un impossible Jan
Steen biblique, en dépit de son authenticité qui est indiscu-
table, Jan Steen s'adonnant à la peinture religieuse ! — Résultat :
3,ioo fr., et ce n'est pas donné.
N° 25. Les Danseurs, unTeniers bien peu brillant. — 8,000 fr.
N° 26. Combat naval, un Willem van de Velde de la
période anglaise. Très sec, très dur. — 4,000 fr.
N° 28. Chevaux à l'abreuvoir, un bien faible Philip Wo i-
werman. — 14,000 fr. .
Total : 136,445 francs, y compris quelques bons livres :
N3 62. Galerie du Palais-Royal. — 490 fr.
N° 63. Liber veritatis. — 355 fr., à M. le marquis de
Charley.
N° 64. Cabinet du duc de Choiseul. — 210 fr.
N° 65. Galerie de Lucien Bonaparte. — io5 fr., à M. le
marquis de Charley.
N» 66. Molière illustré par François Boucher, 6 volumes.
— 5oo fr.
XXXII
SUCCESSION DE M. LE COMTE DE VAUDREUIL
(20 mai 1881. — Mc Charles Pillet, Commissaire-Priseur.)
Cette vente ne se composait que d'un tableau et de deux
pastels, remarquables tous les trois. Le premier, — Portrait du
comte de Rigaud de Vaudreuil, surnommé le beau Vaudreuil,
qui fut grand fauconnier de France et mourut, en 1819, gou-
verneur du Louvre, — est une des œuvres les plus distinguées
de François-Hubert Drouais. Peinte en 1758, cette belle toile,
qui mesure 2"',20 de haut sur im,6o de large, a figuré au Salon
de 1759, sous le n" 84 du Catalogue. Elle vient d'être vendue
41,000 francs, et eût sans aucun doute atteint un prix bien
plus élevé si elle n'avait sérieusement souffert; les restaurations
et les repeints y sont très visibles.
Les deux pastels sont de Mmc Vigée Le Brun; l'un, celui
d'Aglaé de Polignac, duchesse de Guiche et de Gramont, née
en ij68, morte en i8o3, a été adjugé à i5,ooo francs'. L'ar-
tiste en parle à la page 318 du tome II de ses Mémoires. L'autre,
Portrait de Lady Parceval, est de 1804, et, malgré son rare
mérite, il n'a pas trouvé amateur à 2,600 fr.
XXXIII
COLLECTION DE FEU M. CHRISTOPHE VAN LOO
(25 mai j88j. — M' Charles Pillet, Commissaire-Priseur.
MM. Victor Le Roy, Charles George et Charles Mannheim, Experts.)
Cette petite collection gantoise, — 69 numéros dont 42
pour les tableaux, — n'a pas produit moins de 226,616 francs.
I. Ce très beau pastel est signé et date : 1784.