Saint Sébastien blessé.
Dessin de Louis Tydgadt, d';iprès son tableau.
(Salon de 18S1.)
LE SALON DE 1881
'impatience avec laquelle le public attend toujours l'ouverture du
Salon était augmentée cette année d'un vif attrait de curiosité, par
suite de l'organisation nouvellement adoptée : le mécanisme habi-
tuel de nos expositions avait été complètement transformé. Mais
pour en bien comprendre l'organisation il est nécessaire de jeter
un petit coup d'oeil en arrière.
Le problème qui se pose à chaque exposition consiste à mettre
d'accord deux intérêts qui sont toujours distincts et souvent
contradictoires : l'intérêt de l'art et l'intérêt des artistes. Si l'intérêt
de l'art était seul consulté, le nombre des ouvrages admis serait
extrêmement restreint, et l'admission au Salon serait considérée comme un honneur. Le public,
devant des oeuvres de valeurs diverses, mais toutes méritantes, pourrait montrer ses sympathies
pour une tendance, mais ne se heurterait pas'à des insanités, qui attirent ses regards par leurs
allures tapageuses, et captivent malgré lui son attention, au grand détriment de l'art. Les expo-
sitions, ainsi épurées, deviendraient pour les visiteurs un véritable enseignement et répondraient
au but et à l'origine de l'institution. Lorsqu'en 1648, un groupe d'artistes, sous l'impulsion de
Le Brun, se sépara de l'ancienne maîtrise pour se constituer en académie, on décida que les
travaux des élèves qui concourraient pour les prix seraient exposés publiquement; les académi-
ciens résolurent d'y joindre leurs propres ouvrages, afin d'exciter l'émulation des jeunes gens
et de « tenir en même temps table ouverte d'admiration pour le public », selon l'expression
d'un ancien livret. Le terme n'est pas modeste, mais il traduit nettement le but que se propo-
saient les organisateurs de nos premières expositions.
Cependant, entre les élèves et les hommes arrivés aux sommités de l'art et de la réputation,
il y avait, comme il y a encore aujourd'hui, la classe très nombreuse des peintres et des
Dessin de Louis Tydgadt, d';iprès son tableau.
(Salon de 18S1.)
LE SALON DE 1881
'impatience avec laquelle le public attend toujours l'ouverture du
Salon était augmentée cette année d'un vif attrait de curiosité, par
suite de l'organisation nouvellement adoptée : le mécanisme habi-
tuel de nos expositions avait été complètement transformé. Mais
pour en bien comprendre l'organisation il est nécessaire de jeter
un petit coup d'oeil en arrière.
Le problème qui se pose à chaque exposition consiste à mettre
d'accord deux intérêts qui sont toujours distincts et souvent
contradictoires : l'intérêt de l'art et l'intérêt des artistes. Si l'intérêt
de l'art était seul consulté, le nombre des ouvrages admis serait
extrêmement restreint, et l'admission au Salon serait considérée comme un honneur. Le public,
devant des oeuvres de valeurs diverses, mais toutes méritantes, pourrait montrer ses sympathies
pour une tendance, mais ne se heurterait pas'à des insanités, qui attirent ses regards par leurs
allures tapageuses, et captivent malgré lui son attention, au grand détriment de l'art. Les expo-
sitions, ainsi épurées, deviendraient pour les visiteurs un véritable enseignement et répondraient
au but et à l'origine de l'institution. Lorsqu'en 1648, un groupe d'artistes, sous l'impulsion de
Le Brun, se sépara de l'ancienne maîtrise pour se constituer en académie, on décida que les
travaux des élèves qui concourraient pour les prix seraient exposés publiquement; les académi-
ciens résolurent d'y joindre leurs propres ouvrages, afin d'exciter l'émulation des jeunes gens
et de « tenir en même temps table ouverte d'admiration pour le public », selon l'expression
d'un ancien livret. Le terme n'est pas modeste, mais il traduit nettement le but que se propo-
saient les organisateurs de nos premières expositions.
Cependant, entre les élèves et les hommes arrivés aux sommités de l'art et de la réputation,
il y avait, comme il y a encore aujourd'hui, la classe très nombreuse des peintres et des