CHRONIQUE
FRANÇAISE
— Sur le monument de Carpeaux qui vient d'être inauguré
à Valenciennes, ville natale du grand statuaire, on a rappelé à
la partie postérieure de la stèle les principales étapes de la vie
du statuaire et ses plus remarquables œuvres.
Parmi ces dernières on a désigné :
La Soumission d'Abd-el-Kader, le Pêcheur napolitain à la
coquille, Ugolin et ses enfants, la décoration de la façade sud du
pavillon de Flore, au palais des Tuileries, à Paris; le groupe de
la Danse à la façade principale de l'Opéra, à Paris; Valenciennes
repoussant l'invasion, statue décorant le fronton de l'hôtel de
ville de Valenciennes ; Les quatre parties du Monde soutenant
la sphère, groupe décoratif de la fontaine de l'Observatoire, au
jardin du Luxembourg, à Paris.
L'ensemble du monument de Carpeaux est d'un bel et grand
effet. Il est l'œuvre de M. Ernest Thibeau pour l'architecture et
de M. Hiolle pour la sculpture.
— M. A. Cartault a consacré, dans le Temps du 20 avril,
une très intéressante étude à la précieuse collection de terres
cuites de Tanagra formée par M. Camille Lécuyer.
« Il ne faut pas songer, dit notre savant collaborateur, à
énumérer toutes les pièces importantes de la collection : elle est
pour les artistes et pour les archéologues un sujet inépuisable
d'études. Les artistes y verront avec étonneraient des œuvres
toutes différentes par le caractère de ces grands marbres et de
ces beaux bronzes, qui étaient pour nous l'expression presque
unique du génie grec. Ici point de majesté, mais un abandon et
une liberté extraordinaires. Ces produits d'un art familier, desti-
nés au commerce et vendus aux particuliers; ces bibelots, pour
emprunter le mot à la mode, n'ont rien de commun avec les
statues sévères qui décoraient l'intérieur des temples, les en-
ceintes sacrées et les places publiques. C'est de l'argile rapide-
ment pétrie et sans prétention par des doigts exercés ; les négli-
gences dues à la promptitude du travail abondent, et pourtant
deux choses frappent à première vue : la pureté du style et
l'intensité saisissante de la vie. On voit ici combien les plus
obscurs ouvriers étaient habitués aux belles formes et aux lignes
harmonieuses ; ils les reproduisaient naturellement et sans y
songer. Leur idéal ne provenait point de théories philosophiques
C'était le n° 44, à droite en montant, entre la rue Bréda et
la rue La Rochefoucauld.
Une grille, un pavillon de chaque côté du corps de logis
principal, que précédait une cour bitumée de trois ou quatre
mètres; au milieu de la façade une porte par laquelle on entrait
après avoir franchi un perron de trois marches; tel était l'aspect
de la maison qui semblait s'être retirée du contact direct de la
rue, comme pour se recueillir.
L'hôtel disparu avait pour hôte, il y a six ou sept ans,
Charles Daubigny. Il est mort là, au n° 44 de la rue Notre-
Dame-de-Lorette.
Son prédécesseur avait été Eugène Delacroix.
— Le perron du château de Chantilly va s'enrichir de deux
belles œuvres sculpturales auxquelles M. Tony Noël travaille
activement en ce moment.
Ces deux œuvres personnifieront, l'une Molière, l'autre Le
Nôtre, le célèbre dessinateur de jardins.
— Les compatriotes du général de Lafayette se proposent
de lui élever une statue au Puy.
On sait qu'un monument en l'honneur de l'Assemblée
Constituante a été voté par les Chambres, et qu'à cette occasion
les quatre statues de Mirabeau, Lafayette, Sieyès et Bailly, ont
été mises au concours.
La municipalité du Puy se proposerait d'acheter la statue
classée 3e; elle représente le général de Lafayette, drapé
dans un drapeau tricolore, et sort de l'atelier du sculpteur
Falguières.
— On a placé ces jours-ci, à la bibliothèque de Provins
(Seine-et-Marne), un médaillon d'Hégésippe Moreau, l'auteur
du Myosotis.
Modelés en argile et terre de Provins, d'après une esquisse
du masque moulé à l'hospice de la Charité, le 19 décembre 1838,
quelques heures après le décès du poète, les traits reproduits
sur le médaillon ont été complétés par des renseignements
recueillis près de plusieurs habitants de Provins, contemporains
et amis d'Hégésippe Moreau.
— Parmi les papiers laissés par Félicien David, 011 vient de
retrouver une partition posthume en un acte, le Bon Fermier
et du travail intérieur de leur esprit ; ils l'avaient devant eux, | de Franconville, lever de rideau à trois personnages : Marcel,
dans tous ces beaux corps qu'ils étudiaient sans cesse ; ils le
réalisaient sans effort et sans arrière-pensée. En même temps,
ils portaient dans leurs œuvres les plus fugitives le sens inné de
la vie; toutes ces petites figurines sont en action et comme
tendues vers un but unique; la disposition et l'équilibre des
membres, l'arrangement des draperies, les airs de tète et la
direction même du regard concourent avec une exactitude par-
faite; le mouvement est toujours juste et précis ; s'il y a souvent
des indications un peu rapides, il n'y a guère de fautes; toutes
ces statuettes sont conçues d'un seul jet et exécutées avec une
sûreté de main merveilleuse. »
— On vient d'ériger dans le petit square du Collège de
France, rue des Écoles, une statue représentant le grand poète
italien Dante Alighieri, œuvre remarquable de M. Jean-Paul
Aubé, achetée par la Ville de Paris au Salon de 1880.
La statue est en bronze et nous montre l'auteur delà Divine
Comédie dans la houppelande traditionnelle où on se le représente
généralement; des bribes de laurier émergent de sa coiffure.
Une statue de Dante a d'ailleurs sa raison d'être dans le quar-
tier de la rue des Écoles, car c'est exactement sur ce point de la
rive gauche de la Seine que le grand exilé de l'Italie se fixa pen-
dant un certain temps, en l'an 1302, lors de la lutte mémorable
des Guelfes et des Gibelins.
— On a démoli, rue Notre-Dame-de-Lorette, un petit hôtel
qui n'avait peut-être pas une bien grande valeur, mais qui ne
laissait pas d'avoir un intérêt aux yeux du passant.
Mm0 Gervais et Rose.
Le manuscrit de Félicien David, tout orchestré, porte et
contient les cinq numéros que voici :
i° Mmo Gervais (mezzo-soprano), romance en la mineur
(J'étais à la fleur de mon âge).
20 Marcel (ténor), chanson paysanne en sol mineur (Un
beau fermier de Franconville).
30 Rose (soprano), romance en la majeur (Hirondelles si
fidèles).
40 Premier trio en ré majeur, Rose, Mmo Gervais et Marcel.
(O bonheur! Quel moment plus charmant !)
5° Deuxième trio en la majeur : répétition des Hirondelles,
chantées par Rose, en trio final.
La seule chose oubliée sur le manuscrit par Félicien David
est le nom de son librettiste.
— Dans la dernière assemblée générale annuelle de la
Société des auteurs et compositeurs dramatiques, il a été procédé
à la nomination de cinq nouveaux commissaires en remplace-
ment de MM. Ed. Cadol, Camille Doucet, Lud. Halévy, Émilc
de Najac et Léo Delibes, dont le mandat était expiré.
Voici le résultat du scrutin :
Ont été élus : MM. Jules Claretie, 91 voix; Édouard Pail-
leron, 76; Paul Ferrier, 70; Abraham Dreyfus, 70; Ernest
Guiraud (musicien), 59.
— M. Begule, peintre-verrier à Lyon, a été nommé Officier
d'académie.
FRANÇAISE
— Sur le monument de Carpeaux qui vient d'être inauguré
à Valenciennes, ville natale du grand statuaire, on a rappelé à
la partie postérieure de la stèle les principales étapes de la vie
du statuaire et ses plus remarquables œuvres.
Parmi ces dernières on a désigné :
La Soumission d'Abd-el-Kader, le Pêcheur napolitain à la
coquille, Ugolin et ses enfants, la décoration de la façade sud du
pavillon de Flore, au palais des Tuileries, à Paris; le groupe de
la Danse à la façade principale de l'Opéra, à Paris; Valenciennes
repoussant l'invasion, statue décorant le fronton de l'hôtel de
ville de Valenciennes ; Les quatre parties du Monde soutenant
la sphère, groupe décoratif de la fontaine de l'Observatoire, au
jardin du Luxembourg, à Paris.
L'ensemble du monument de Carpeaux est d'un bel et grand
effet. Il est l'œuvre de M. Ernest Thibeau pour l'architecture et
de M. Hiolle pour la sculpture.
— M. A. Cartault a consacré, dans le Temps du 20 avril,
une très intéressante étude à la précieuse collection de terres
cuites de Tanagra formée par M. Camille Lécuyer.
« Il ne faut pas songer, dit notre savant collaborateur, à
énumérer toutes les pièces importantes de la collection : elle est
pour les artistes et pour les archéologues un sujet inépuisable
d'études. Les artistes y verront avec étonneraient des œuvres
toutes différentes par le caractère de ces grands marbres et de
ces beaux bronzes, qui étaient pour nous l'expression presque
unique du génie grec. Ici point de majesté, mais un abandon et
une liberté extraordinaires. Ces produits d'un art familier, desti-
nés au commerce et vendus aux particuliers; ces bibelots, pour
emprunter le mot à la mode, n'ont rien de commun avec les
statues sévères qui décoraient l'intérieur des temples, les en-
ceintes sacrées et les places publiques. C'est de l'argile rapide-
ment pétrie et sans prétention par des doigts exercés ; les négli-
gences dues à la promptitude du travail abondent, et pourtant
deux choses frappent à première vue : la pureté du style et
l'intensité saisissante de la vie. On voit ici combien les plus
obscurs ouvriers étaient habitués aux belles formes et aux lignes
harmonieuses ; ils les reproduisaient naturellement et sans y
songer. Leur idéal ne provenait point de théories philosophiques
C'était le n° 44, à droite en montant, entre la rue Bréda et
la rue La Rochefoucauld.
Une grille, un pavillon de chaque côté du corps de logis
principal, que précédait une cour bitumée de trois ou quatre
mètres; au milieu de la façade une porte par laquelle on entrait
après avoir franchi un perron de trois marches; tel était l'aspect
de la maison qui semblait s'être retirée du contact direct de la
rue, comme pour se recueillir.
L'hôtel disparu avait pour hôte, il y a six ou sept ans,
Charles Daubigny. Il est mort là, au n° 44 de la rue Notre-
Dame-de-Lorette.
Son prédécesseur avait été Eugène Delacroix.
— Le perron du château de Chantilly va s'enrichir de deux
belles œuvres sculpturales auxquelles M. Tony Noël travaille
activement en ce moment.
Ces deux œuvres personnifieront, l'une Molière, l'autre Le
Nôtre, le célèbre dessinateur de jardins.
— Les compatriotes du général de Lafayette se proposent
de lui élever une statue au Puy.
On sait qu'un monument en l'honneur de l'Assemblée
Constituante a été voté par les Chambres, et qu'à cette occasion
les quatre statues de Mirabeau, Lafayette, Sieyès et Bailly, ont
été mises au concours.
La municipalité du Puy se proposerait d'acheter la statue
classée 3e; elle représente le général de Lafayette, drapé
dans un drapeau tricolore, et sort de l'atelier du sculpteur
Falguières.
— On a placé ces jours-ci, à la bibliothèque de Provins
(Seine-et-Marne), un médaillon d'Hégésippe Moreau, l'auteur
du Myosotis.
Modelés en argile et terre de Provins, d'après une esquisse
du masque moulé à l'hospice de la Charité, le 19 décembre 1838,
quelques heures après le décès du poète, les traits reproduits
sur le médaillon ont été complétés par des renseignements
recueillis près de plusieurs habitants de Provins, contemporains
et amis d'Hégésippe Moreau.
— Parmi les papiers laissés par Félicien David, 011 vient de
retrouver une partition posthume en un acte, le Bon Fermier
et du travail intérieur de leur esprit ; ils l'avaient devant eux, | de Franconville, lever de rideau à trois personnages : Marcel,
dans tous ces beaux corps qu'ils étudiaient sans cesse ; ils le
réalisaient sans effort et sans arrière-pensée. En même temps,
ils portaient dans leurs œuvres les plus fugitives le sens inné de
la vie; toutes ces petites figurines sont en action et comme
tendues vers un but unique; la disposition et l'équilibre des
membres, l'arrangement des draperies, les airs de tète et la
direction même du regard concourent avec une exactitude par-
faite; le mouvement est toujours juste et précis ; s'il y a souvent
des indications un peu rapides, il n'y a guère de fautes; toutes
ces statuettes sont conçues d'un seul jet et exécutées avec une
sûreté de main merveilleuse. »
— On vient d'ériger dans le petit square du Collège de
France, rue des Écoles, une statue représentant le grand poète
italien Dante Alighieri, œuvre remarquable de M. Jean-Paul
Aubé, achetée par la Ville de Paris au Salon de 1880.
La statue est en bronze et nous montre l'auteur delà Divine
Comédie dans la houppelande traditionnelle où on se le représente
généralement; des bribes de laurier émergent de sa coiffure.
Une statue de Dante a d'ailleurs sa raison d'être dans le quar-
tier de la rue des Écoles, car c'est exactement sur ce point de la
rive gauche de la Seine que le grand exilé de l'Italie se fixa pen-
dant un certain temps, en l'an 1302, lors de la lutte mémorable
des Guelfes et des Gibelins.
— On a démoli, rue Notre-Dame-de-Lorette, un petit hôtel
qui n'avait peut-être pas une bien grande valeur, mais qui ne
laissait pas d'avoir un intérêt aux yeux du passant.
Mm0 Gervais et Rose.
Le manuscrit de Félicien David, tout orchestré, porte et
contient les cinq numéros que voici :
i° Mmo Gervais (mezzo-soprano), romance en la mineur
(J'étais à la fleur de mon âge).
20 Marcel (ténor), chanson paysanne en sol mineur (Un
beau fermier de Franconville).
30 Rose (soprano), romance en la majeur (Hirondelles si
fidèles).
40 Premier trio en ré majeur, Rose, Mmo Gervais et Marcel.
(O bonheur! Quel moment plus charmant !)
5° Deuxième trio en la majeur : répétition des Hirondelles,
chantées par Rose, en trio final.
La seule chose oubliée sur le manuscrit par Félicien David
est le nom de son librettiste.
— Dans la dernière assemblée générale annuelle de la
Société des auteurs et compositeurs dramatiques, il a été procédé
à la nomination de cinq nouveaux commissaires en remplace-
ment de MM. Ed. Cadol, Camille Doucet, Lud. Halévy, Émilc
de Najac et Léo Delibes, dont le mandat était expiré.
Voici le résultat du scrutin :
Ont été élus : MM. Jules Claretie, 91 voix; Édouard Pail-
leron, 76; Paul Ferrier, 70; Abraham Dreyfus, 70; Ernest
Guiraud (musicien), 59.
— M. Begule, peintre-verrier à Lyon, a été nommé Officier
d'académie.