GUIDE RAISONNÉ DE L'AMATEUR ET DU CURIEUX
XXXV
ERRATUM
L'espace nous est aujourd'hui très mesuré. Nous ne pou-
vons le consacrer qu'à des rectifications indispensables.
Page 263, — à propos de la vente Van Loo, — on a imprime
su et, pour sujet;— page 264, on a transformé le prix du n° 34
en 1,000 fr. au lieu de 10,000, montant réel de la dernière
enchère de cet Adriaan van de Velde ; — puis on a supprimé
le paragraphe relatif à la Grange (n° 27), très bon spécimen de
Herman Saft Leven, daté de 1654 et adjugé au prix de
4,o5o fr. au Musée royal de Belgique qui est également l'ac-
quéreur d'un Adriaan van Ostade de belle qualité — le Trio
flamand, titre sous lequel ce tableau 1 a été gravé. Il provient
des collections Kalkbrenner, Étienne Le Roy, Tardieu et Pié-
rard. Acquisition à louer ainsi que la précédente, mais qui ne
fera pas oublier l'impardonnable faute commise par la Com-
mission du Musée bruxellois, — faute dont s'indignait si juste-
ment Etienne Le Roy, — lorsqu'elle repoussa le Jubilé, une de
ces merveilles qu'on n'a pas deux fois l'occasion de conquérir en
une existence, chef d'oeuvre daté de 1675 et que Smith a si
bien jugé en ces quelques mots: This capital picture is remar-
kable for ils powerful colouring and effect; and although it
was painted in the sixty-fifth year of the artist's âge, yet the
saine care/ul finishing pervades cvery part, as any of his ear-
lier works possess.
Dernière rectification : page 266, on a indiqué Y Indienne
modelée par Jules Lafrance comme ayant figuré à la vente
faite au profit de la famille du malheureux artiste. Il n'en est
rien. Ainsi que nous avons eu soin de le dire, — page 267, —
le modèle de Lafrance lui a été commandé par les habiles
orfèvres de la rue de la Paix, MM. Début et Coulon, qui l'ont
exécuté en argent.
XXXVI
première vente annuelle de bienfaisance organisee par
l'association des artistes peintres, sculpteurs,
graveurs et dessinateurs
(23 et 24. mai 1881. — Commissaire-Priscur : M" Léon Tual.
Expert : M. Georges Petit.)
Nos félicitations les plus vives au nouveau Président de
l'Association et à ses collègues qui se sont empressés d'adopter
la féconde proposition de M. du Sommerard.
Cette vente à laquelle M. Boussaton, délégué de l'Associa-
tion, a prêté son actif et influent concours, est du plus heu-
reux augure pour l'avenir; elle n'a pas produit moins de
109,280 fr. 5o.
ART MUSICAL
OPÉRA : Débuts de M,1c Griswold et de M,no Lacombe-Duprez.
C'est désormais un fait accompli : M"0 Daram a quitté
l'Opéra. Cette artiste intelligente et bien douée, après avoir
débuté dans les rôles secondaires, avait eu de la peine à gravir
les degrés qui devaient la mener au rang de premier sujet. Fina-
lement acceptée comme première chanteuse légère, elle s'était si
bien installée dans la place, qu'au moment où elle s'est retirée on
a paru embarrassé de son départ. Mllc de Vère, que la direction
fit débuter l'an dernier dans un des rôles de l'emploi, n'avait
réussi qu'à moitié; il fallait trouver une autre remplaçante à
l'étoile qui filait de notre ciel lyrique. Deux chanteuses légères
ont été présentées cette semaine au public de l'Opéra : l'une,
jeune, à peine sortie des bancs de l'école, a paru dans le rôle
difficile d'Ophélie d'Hamlet; l'autre, déjà connue et en pleine
carrière, dans le rôle de la reine des Huguenots.
Mlle Griswold, la nouvelle Ophélie, a séduit le public par
la distinction de sa personne. Bien costumée et grimée sous sa
perruque blonde, sa physionomie exprime bien, dès la première
entrée, les angoisses de la jeune fille qui cherche une assu-
rance dans les yeux d'Hamlet au moment où celui-ci lui dit :
Doute de la lumière, etc.
La voix de M"c Griswold est pure, d'une remarquable
douceur dans le haut, un peu éteinte dans le médium. Elle a
du goût, et on peut louer chez elle une parfaite rectitude de
mesure. Parfois ses nuances sont empreintes de quelque exagé-
ration, et le pianissimo est tellement doux qu'on devine la
phrase plutôt qu'on ne l'entend. C'est la seule critique qu'on
ait pu adresser à M"e Griswold dans l'air délicieux du second
acte, qu'elle a dit avec un sens musical très juste et une ardeur
entraînante.
Le troisième acte est, comme on le sait, le plus dramatique
de la pièce; l'action, très mouvementée et très puissante, n'y
laisse au chant pur que la seconde place. La débutante a paru
mal à l'aise entre la folie surexcitée d'Hamlet et les sentiments
troublés de la reine. Le fameux trio exige de la part de chacun
des interprètes une force de passion et une expérience de la
scène que l'on ne peut pas exiger d'une débutante. MI|C Gris-
wold devait reparaître, dans la grande scène qui suit la Fête du
printemps, vocaliste séduisante, chanteuse de style. Sa voix
montant facilement jusqu'aux dernières limites de l'échelle du
soprano, elle a pu rétablir le texte tel que le compositeur
l'avait écrit en vue de la créatrice du rôle, M"0 Nilsson. La
grâce maniérée, mais originale de miss Griswold, son air de
naïve préciosité ont fait une excellente impression sur le public
un peu blasé de l'Opéra.
M"c Griswold vient tout droit du Conservatoire; Mmc La-
combe-Duprez, qui débutait mercredi dans les Huguenots,
nous arrive précédée d'une réputation dès longtemps acquise
en province. Une courte apparition à l'Opéra-Comique, il y a
deux ou trois ans, n'avait pas laissé aux habitués de ce théâtre
le temps de l'apprécier. Je doute que le nouvel essai tenté sur
la scène de l'Opéra fasse de Mm0 Lacombe une artiste pari-
i. N* 24 de la vente Van Loo. — Adjuge 17,700 francs.
Tome XXV.
3?
XXXV
ERRATUM
L'espace nous est aujourd'hui très mesuré. Nous ne pou-
vons le consacrer qu'à des rectifications indispensables.
Page 263, — à propos de la vente Van Loo, — on a imprime
su et, pour sujet;— page 264, on a transformé le prix du n° 34
en 1,000 fr. au lieu de 10,000, montant réel de la dernière
enchère de cet Adriaan van de Velde ; — puis on a supprimé
le paragraphe relatif à la Grange (n° 27), très bon spécimen de
Herman Saft Leven, daté de 1654 et adjugé au prix de
4,o5o fr. au Musée royal de Belgique qui est également l'ac-
quéreur d'un Adriaan van Ostade de belle qualité — le Trio
flamand, titre sous lequel ce tableau 1 a été gravé. Il provient
des collections Kalkbrenner, Étienne Le Roy, Tardieu et Pié-
rard. Acquisition à louer ainsi que la précédente, mais qui ne
fera pas oublier l'impardonnable faute commise par la Com-
mission du Musée bruxellois, — faute dont s'indignait si juste-
ment Etienne Le Roy, — lorsqu'elle repoussa le Jubilé, une de
ces merveilles qu'on n'a pas deux fois l'occasion de conquérir en
une existence, chef d'oeuvre daté de 1675 et que Smith a si
bien jugé en ces quelques mots: This capital picture is remar-
kable for ils powerful colouring and effect; and although it
was painted in the sixty-fifth year of the artist's âge, yet the
saine care/ul finishing pervades cvery part, as any of his ear-
lier works possess.
Dernière rectification : page 266, on a indiqué Y Indienne
modelée par Jules Lafrance comme ayant figuré à la vente
faite au profit de la famille du malheureux artiste. Il n'en est
rien. Ainsi que nous avons eu soin de le dire, — page 267, —
le modèle de Lafrance lui a été commandé par les habiles
orfèvres de la rue de la Paix, MM. Début et Coulon, qui l'ont
exécuté en argent.
XXXVI
première vente annuelle de bienfaisance organisee par
l'association des artistes peintres, sculpteurs,
graveurs et dessinateurs
(23 et 24. mai 1881. — Commissaire-Priscur : M" Léon Tual.
Expert : M. Georges Petit.)
Nos félicitations les plus vives au nouveau Président de
l'Association et à ses collègues qui se sont empressés d'adopter
la féconde proposition de M. du Sommerard.
Cette vente à laquelle M. Boussaton, délégué de l'Associa-
tion, a prêté son actif et influent concours, est du plus heu-
reux augure pour l'avenir; elle n'a pas produit moins de
109,280 fr. 5o.
ART MUSICAL
OPÉRA : Débuts de M,1c Griswold et de M,no Lacombe-Duprez.
C'est désormais un fait accompli : M"0 Daram a quitté
l'Opéra. Cette artiste intelligente et bien douée, après avoir
débuté dans les rôles secondaires, avait eu de la peine à gravir
les degrés qui devaient la mener au rang de premier sujet. Fina-
lement acceptée comme première chanteuse légère, elle s'était si
bien installée dans la place, qu'au moment où elle s'est retirée on
a paru embarrassé de son départ. Mllc de Vère, que la direction
fit débuter l'an dernier dans un des rôles de l'emploi, n'avait
réussi qu'à moitié; il fallait trouver une autre remplaçante à
l'étoile qui filait de notre ciel lyrique. Deux chanteuses légères
ont été présentées cette semaine au public de l'Opéra : l'une,
jeune, à peine sortie des bancs de l'école, a paru dans le rôle
difficile d'Ophélie d'Hamlet; l'autre, déjà connue et en pleine
carrière, dans le rôle de la reine des Huguenots.
Mlle Griswold, la nouvelle Ophélie, a séduit le public par
la distinction de sa personne. Bien costumée et grimée sous sa
perruque blonde, sa physionomie exprime bien, dès la première
entrée, les angoisses de la jeune fille qui cherche une assu-
rance dans les yeux d'Hamlet au moment où celui-ci lui dit :
Doute de la lumière, etc.
La voix de M"c Griswold est pure, d'une remarquable
douceur dans le haut, un peu éteinte dans le médium. Elle a
du goût, et on peut louer chez elle une parfaite rectitude de
mesure. Parfois ses nuances sont empreintes de quelque exagé-
ration, et le pianissimo est tellement doux qu'on devine la
phrase plutôt qu'on ne l'entend. C'est la seule critique qu'on
ait pu adresser à M"e Griswold dans l'air délicieux du second
acte, qu'elle a dit avec un sens musical très juste et une ardeur
entraînante.
Le troisième acte est, comme on le sait, le plus dramatique
de la pièce; l'action, très mouvementée et très puissante, n'y
laisse au chant pur que la seconde place. La débutante a paru
mal à l'aise entre la folie surexcitée d'Hamlet et les sentiments
troublés de la reine. Le fameux trio exige de la part de chacun
des interprètes une force de passion et une expérience de la
scène que l'on ne peut pas exiger d'une débutante. MI|C Gris-
wold devait reparaître, dans la grande scène qui suit la Fête du
printemps, vocaliste séduisante, chanteuse de style. Sa voix
montant facilement jusqu'aux dernières limites de l'échelle du
soprano, elle a pu rétablir le texte tel que le compositeur
l'avait écrit en vue de la créatrice du rôle, M"0 Nilsson. La
grâce maniérée, mais originale de miss Griswold, son air de
naïve préciosité ont fait une excellente impression sur le public
un peu blasé de l'Opéra.
M"c Griswold vient tout droit du Conservatoire; Mmc La-
combe-Duprez, qui débutait mercredi dans les Huguenots,
nous arrive précédée d'une réputation dès longtemps acquise
en province. Une courte apparition à l'Opéra-Comique, il y a
deux ou trois ans, n'avait pas laissé aux habitués de ce théâtre
le temps de l'apprécier. Je doute que le nouvel essai tenté sur
la scène de l'Opéra fasse de Mm0 Lacombe une artiste pari-
i. N* 24 de la vente Van Loo. — Adjuge 17,700 francs.
Tome XXV.
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